Syrie : Ban Ki-Moon promet « de graves conséquences » si les attaques chimiques sont avérées

Si elle était avérée, l’utilisation d’armes chimiques près de Damas mercredi, constituerait un « crime contre l’humanité » qui aurait « de graves conséquences », a déclaré le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, vendredi 23 août à Séoul.

Ban Ki-moon, à Séoul le 23 août 2013. © AFP

Ban Ki-moon, à Séoul le 23 août 2013. © AFP

Publié le 23 août 2013 Lecture : 3 minutes.

"Toute utilisation d’armes chimiques, où que ce soit, par qui que ce soit, et quelles que soient les circonstances, violerait le droit international. Un tel crime contre l’humanité devrait avoir de graves conséquences pour celui qui l’a perpétré". En visite à Séoul vendredi, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a haussé le ton contre le régime syrien .

"C’est un défi grave pour la communauté internationale dans son ensemble, et l’humanité que nous avons en commun, d’autant que cela s’est passé alors que la mission d’experts de l’ONU se trouvait dans le pays", a ajouté le secrétaire général.

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Ban Ki-moon, à l’instar de nombreux dirigeants, ONG ou instances internationaux, a une nouvelle fois réclamé que l’équipe d’inspection de l’ONU puisse enquêter sur ces attaques chimiques présumées. "Je ne peux penser à aucune bonne raison pour qu’une partie quelconque –le gouvernement ou les forces d’opposition– refuse l’occasion de chercher la vérité dans cette affaire", a-t-il dit.

Experts

"Il n’y a pas de temps à perdre", a souligné le secrétaire général, qui a demandé à sa Haute représentante pour le désarmement, Angela Kane, de se rendre à Damas immédiatement. Les experts de l’ONU sont arrivés dimanche en Syrie. Leur mandat se limitait à déterminer si des armes chimiques ont été utilisées dans le passé à Khan al-Assal (nord), Ataybé (près de Damas), et à Homs (centre). Mais l’ONU a annoncé que le chef de l’équipe, Aake Sellström, avait entamé des négociations avec le régime pour pouvoir enquêter sur l’attaque de mercredi.

Un haut responsable de la sécurité à Damas a de nouveau démenti l’utilisation d’armes chimiques.

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L’attaque en question aurait eu lieu lors d’une offensive, mercredi dans la Ghouta orientale et à Mouadamiyat al-Cham, des secteurs de la banlieue sud-ouest de Damas aux mains des rebelles.

L’opposition a fait état de plus de 1 300 morts, mais l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui s’appuie sur un large réseau de militants et médecins, a comptabilisé 170 morts et n’a pu confirmer l’utilisation d’armes chimiques. Cette ONG a fait état de nouveaux bombardements de l’armée jeudi sur la même région.

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À l’appui des accusations sur ce massacre présumé, des photos de cadavres de jeunes enfants et des vidéos ont été diffusées par les militants anti-régime. Elles montrent des enfants inanimés étendus sur le sol près de corps d’hommes qui ne portent aucune trace de sang, ou des médecins essayant de ranimer des enfants qui semblent inconscients.

L’AFP a analysé avec un logiciel spécialisé l’une des images les plus marquantes de l’attaque dans la Ghouta sur laquelle on voit des corps d’enfants alignés. L’analyse confirme qu’il n’y a pas eu de manipulation de cette image et que la prise de vue date bien du 21 août, selon les métadonnées de l’image.

Jeudi, des militants ont raconté à l’AFP via internet que les victimes avaient été enterrées la nuit, la fosse commune se trouvant près d’une position de l’armée syrienne. Les corps étaient "bleus. Ils sont morts par suffocation", a raconté Abou Ahmad.

"Escalade flagrante"

Lors d’une réunion urgente mercredi soir, le Conseil de sécurité a dit vouloir "faire la lumière sur ce qui s’est passé". "A ce moment précis, nous sommes incapables de déterminer de manière définitive que des armes chimiques ont été utilisées", a déclaré jeudi la porte-parole de la diplomatie américaine Jennifer Psaki.

Si les États-Unis concluaient que le régime syrien avait eu effectivement recours à ce type d’armes, ce serait alors "une escalade flagrante", a encore dit Jennifer Psaki. Cependant, le plus haut gradé américain, Martin Dempsey, a estimé qu’une intervention militaire américaine en Syrie ne déboucherait pas sur une situation favorable aux États-Unis, les rebelles selon lui ne soutenant pas les intérêts de Washington.

Le président français, François Hollande, a évoqué "l’usage probable d’armes chimiques" dans un entretien téléphonique avec Ban Ki-moon, selon l’Élysée. Et son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius a plaidé pour une "réaction de force" en Syrie.

La Russie et l’Iran, qui soutiennent le régime du président Bachar al-Assad, ont de nouveau pris la défense de leur allié.Pour Moscou, il s’agit d’une "provocation" montée par l’opposition.

(Avec AFP)
 

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