Début de championnat reporté, inquiétude et crispation en Tunisie

À l’heure qu’il est, personne ne peut réellement avancer une date avec certitude. "Je ne pense pas que le championnat reprenne dimanche", suppose Nabil Maâloul, le sélectionneur national. Le huis clos imposé pour les premières journées de championnat a déclenché la colère des présidents de clubs, qui demandent une compensation financière. Pendant que les discussions continuent, Jeune Afrique s’est penché sur les incidences de ce report.

Maâloul compose

Le sélectionneur des Aigles de Carthage, qui puise massivement dans le championnat local, n’est pas franchement emballé par cette situation, à un peu plus de deux semaines d’un match capital face au Cap-Vert (le 7 septembre à Radès), en qualifications pour la Coupe du monde 2014. "Même si la plupart des joueurs concernés par la sélection évolue dans des clubs (Espérance de Tunis, Sfax, Bizerte, Étoile du Sahel) qui disputent les Coupes d’Afrique, j’aurais aimé en voir d’autres lors des premières journées de championnat. Et puis, cette situation est ennuyeuse pour les internationaux du Club Africain, qui n’est pas qualifié pour une compétition continentale, et qui risquent de manquer de compétition d’ici au 7 septembre", note Maâloul. "Si le championnat ne devait pas reprendre avant mi-septembre, comme je l’ai entendu, cela pourrait m’inciter à retenir plus de joueurs évoluant à l’étranger pour affronter les Capverdiens." Et une autre question travaille ouvertement le technicien, obligé de se projeter sur une éventuelle qualification pour la Coupe du monde brésilienne. "La Fifa impose que les championnats se terminent le 17 mai 2014. Si le nôtre prend du retard, il va falloir modifier le calendrier pour respecter cette règle."

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Lavagne s’inquiète pour le football tunisien

Ce report ne traumatise pas vraiment l’entraîneur français de l’Étoile de Sahel de Sousse, toujours qualifiée en Coupe de la CAF. "Comme nous jouons tous les quinze jours, que les voyages sont parfois longs, ce n’est pas trop problématique. À condition que cela ne perdure pas", estime Denis Lavagne. L’ancien sélectionneur du Cameroun, en poste depuis six mois en Tunisie, ne cache pas son inquiétude face à une situation qui pénalise sportivement et financièrement l’ensemble du football du pays. "Depuis plus de deux ans, presque tous les matchs se jouent sans public, ce qui prive les clubs de rentrées d’argent importantes. Et les sponsors, évidemment, ont tendance à moins investir dans le foot. Ces problèmes financiers et de calendrier, qui sont fréquents, pourraient inciter non seulement des joueurs à quitter la Tunisie, mais faire hésiter d’autres à y venir."

Buscher : "C’est aussi pour cela que je suis parti"

Des Emirats Arabes Unis, où il entraîne depuis le mois de juillet Ittihad Kalba (Division 2), le Français Gérard Buscher, qui a dirigé le centre de formation de l’Espérance de Tunis, mais également les équipes d’Hammam-Lif, Bizerte et La Marsa, a souvent été confronté à ces reports incessants. "Depuis deux ans, c’est le bordel en Tunisie. J’en avais marre des matches sans public, des mauvais terrains, des reports, des mauvais terrains. C’est aussi pour cela que je suis parti", explique-t-il. L’impact financier de ce report est selon Buscher moindre, "si ce n’est que pour une semaine ou deux. Sinon, étant donné qu’en Tunisie beaucoup de clubs sont dans le rouge, je ne sais pas combien de temps cela va tenir…"