Chine : ouverture du médiatique procès de l’ancien dirigeant Bo Xilai

Le dirigeant déchu Bo Xilai, au coeur du plus retentissant scandale ayant ébranlé le Parti communiste chinois depuis des décennies, comparait jeudi 22 août devant ses juges. Ce procès très suivi est étroitement contrôlé par les autorités.

Le tribunal où doit être jugé pour corruption le dirigeant déchu Bo Xilai, à Jinan. © AFP

Le tribunal où doit être jugé pour corruption le dirigeant déchu Bo Xilai, à Jinan. © AFP

Publié le 22 août 2013 Lecture : 3 minutes.

Bo Xilai a démenti dès l’ouverture de son procès avoir reçu des pots-de-vin d’un homme d’affaires comptant parmi ses proches. Âgé de 64 ans, l’ancien dirigeant chinois est poursuivi pour corruption, détournement de fonds et abus de pouvoir. Il a pris place sous très haute sécurité dans le box des accusés du tribunal populaire de Jinan, dans l’est de la Chine.

Le compte-rendu des débats n’était accessible que par des microblogs diffusés par la cour pénale. Trois heures après le début de l’audience, c’est par ce canal qu’a été publiée une photographie de l’ex-membre du puissant Bureau politique du comité central du PC chinois.

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Encadré par deux policiers, habillé d’une chemise blanche et d’un pantalon noir, M. Bo est apparu avec un visage plus émacié qu’auparavant, les tempes poivre et sel et légèrement voûté. Placé en détention en mars 2012, le charismatique "prince rouge" n’avait pas été vu en public depuis 17 mois. "J’espère que je vais être jugé avec raison et équité, en conformité avec la procédure judiciaire chinoise", a déclaré Bo Xilai, selon le tribunal.

Il s’agit d’un dossier "extrêmement compliqué", avait prévenu le juge en chef, Wang Xuguang. Le procureur a, de son côté, détaillé les accusations à l’encontre de Bo, qui encourt la peine de mort. Ces faits reprochés couvrent une douzaine d’années, de 1999 à début 2012.

Pots-de-vin et détournement de fonds

L’ancien ministre du Commerce et ex-grand patron des métropoles de Dalian (nord-est) et de Chongqing (sud-ouest) est officiellement accusé d’avoir reçu en pots-de-vin, avec son épouse Gu Kailai et leur fils Bo Guagua, 21,79 millions de yuans (2,67 millions d’euros) de deux hommes d’affaires, Tang Xiaolin et Xu Ming.

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Accusé de corruption et détenu depuis plus d’un an, M. Xu dirigeait le groupe Shide et était propriétaire notamment d’une équipe de football, qui avaient leur siège à Dalian, où Bo Xilai avait entamé son ascension politique, comme maire et chef du Parti communiste.

Bo Xilai devait également répondre du détournement de 5 millions de yuans (612 000 euros) de fonds publics d’une agence gouvernementale, en les faisant transiter par des comptes bancaires de son épouse, ancienne avocate d’affaires.

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L’ancien dirigeant n’a soulevé "aucune objection" après qu’on lui a présenté les éléments d’accusation avancés par le parquet, qu’il a estimé "objectifs". Il a toutefois contesté avoir reçu certains pots-de-vin. On lui reproche enfin toute une série d’abus de pouvoir commis alors qu’il régnait en maître absolu à Chongqing. Ces infractions avaient pour but d’entraver l’enquête criminelle visant son épouse, reconnue coupable en août 2012 de l’assassinat d’un Britannique qui était proche du couple.

Dans le prétoire équipé de caméras et de deux écrans vidéo, plusieurs rangées de sièges accueillaient les 110 membres de l’assistance, triés sur le volet. On y comptait, selon le tribunal, cinq membres de la famille de Bo Xilai, deux autres personnes de son entourage, 19 journalistes et 84 citoyens censés représenter la société chinoise. La durée du procès n’a pas été précisée officiellement, mais les observateurs s’attendaient à ce qu’il soit court, d’un jour ou deux. La presse étrangère n’a pas été admise dans la salle d’audience.

Nombreux partisans de Bo Xilai

En Chine, les tribunaux opèrent sous le contrôle direct des autorités communistes et les analystes estiment que de longues tractations au sommet du pouvoir ont déjà permis de décider du verdict qui sera annoncé.

De très nombreux policiers en uniforme ainsi que des centaines de badauds se trouvaient à l’extérieur du tribunal, selon une journaliste de l’AFP sur place. Parmi le public massé figuraient de nombreux partisans de Bo, qui a présidé à l’ébouriffant essor de Chongqing, une cité-laboratoire de 33 millions d’habitants devenue un pôle économique majeur.

"Je te rends hommage", a ainsi lancé à plusieurs reprises M. He, un employé travaillant une partie de l’année à Chongqing. Ce quinquagénaire a confié à l’AFP avoir pris un avion durant la nuit pour venir apporter son soutien à Bo Xilai, sans en avoir parlé à sa famille étant donné la sensibilité extrême de ce procès.

La révélation du meurtre commis par Gu Kailai avait précipité la chute de Bo, qui a elle-même suscité une onde de choc dans toute la nomenklatura communiste, mettant au jour des fractures dans le parti unique pourtant désireux d’afficher son unité.

L’affaire Bo Xilai a surtout lourdement pesé pendant toute l’année 2012 sur l’organisation du 18e congrès du PC chinois qui a renouvelé l’équipe dirigeante de la deuxième puissance économique mondiale.

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