Tunisie : entre Amina et les Femen, le divorce est consommé

La militante féministe tunisienne Amina Sbouï, libérée début août après deux mois et demi de détention, a annoncé, mardi 20 août, qu’elle quittait les Femen. Elle accuse le groupe féministe d’islamophobie et dénonce son système de financement opaque.

La militante tunisienne Amina Sboui à sa sortie de prison, le 1er août 2013 à Sousse. © AFP

La militante tunisienne Amina Sboui à sa sortie de prison, le 1er août 2013 à Sousse. © AFP

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Publié le 20 août 2013 Lecture : 2 minutes.

Au mois d’avril dernier, Amina Sbouï, alors réfugiée dans sa famille après la publication des photos seins nus qui l’ont rendu célèbre, avait déjà exprimé une divergence de vue avec les Femen. "Elles ont brûlé le drapeau de l’islam devant une mosquée à Paris. Je suis contre", avait-elle alors dénoncé dans un documentaire diffusé sur Canal +, ajoutant craindre des représailles des islamistes en raison de cette action.

Mardi, dans une interview à l’édition maghrébine du site d’information Huffington Post, Amina annonce avoir définitivement rompu avec le mouvement féministe radical originaire d’Ukraine et désormais basé à Paris. Outre son départ des Femen, elle accuse cette organisation d’islamophobie tout en ayant un système de financement opaque.

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"Je ne veux pas que mon nom soit associé à une organisation islamophobe. Je n’ai pas apprécié l’action où les filles criaient ‘Amina Akbar, Femen Akbar’ (une parodie de prière, ndlr) devant l’ambassade de Tunisie en France, ou quand elles ont brûlé le drapeau du Tawhid (dogme fondamental de l’islam) devant la mosquée de Paris, déclare-t-elle dans cet entretien réalisé à Tunis. Cela a touché beaucoup de musulmans et beaucoup de mes proches. Il faut respecter la religion de chacun".

"Amina joue le jeu des islamistes"

La jeune fille de 18 ans critique aussi l’opacité du financement de Femen, connue pour ses actions seins nus en soutien aux droits des femmes et contre les dictatures. "Je ne connais pas les sources de financement du mouvement. Je l’ai demandé à plusieurs reprises à Inna (Shevchenko, leader des Femen, NDLR) mais je n’ai pas eu de réponses claires. Je ne veux pas être dans un mouvement où il y a de l’argent douteux. Et si c’était Israël qui finançait ? Je veux savoir", explique Amina, qui se dit désormais "anarchiste".

À Paris, c’est peu dire que la porte-voix des Femen, l’Ukrainienne Inna Shevchenko, a goûté les déclarations d’Amina. En juillet 2013, celle-ci avait fait polémique en postant, avant de rapidement l’effacer, le tweet suivant : "Qu’est-ce qui peut être plus stupide que le Ramadan ? Qu’est-ce qui est plus moche que cette religion ?"

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Selon elle, Amina, "en qualifiant les actions Femen de contre-productives", a "trahit les milliers de femmes qui se sont déshabillées à travers le monde pour la soutenir". Et d’ajouter, amère : "Avec cette décision, Amina joue le jeu des islamistes, qui présenteront cette décision comme une repentance de ses actions et l’utiliseront contre d’autres femmes dans d’autres pays".

Libérée début août après deux mois et demi de détention provisoire, Amina a refait parler d’elle la semaine dernière en publiant sur internet un nouveau cliché seins nus où on la voit allumant un cocktail Molotov avec une cigarette.

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(Avec AFP)

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