Des smartphones pour sauver des vies en Afrique

Face à des systèmes de santé défaillants, les nouvelles technologies sont devenues une alternative pour former les médecins africains et leur permettre d’interagir avec les patients isolés des zones rurales. D’internet à la téléphonie mobile, l’e-santé, qui désigne l’intégration des technologies de l’information et de la communication (TIC) au secteur de la santé, est porteuse d’espoir pour les progrès médicaux du continent.

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Publié le 21 août 2013 Lecture : 3 minutes.

Il y a dix ans, à l’hôpital de Bamako, la petite Fanta n’a pas eu peur lorsqu’elle a vu son médecin suisse lui sourire, à travers un écran d’ordinateur. Quelques semaines plus tôt, la jeune Malienne, atteinte d’hydrocéphalie, avait confié sa vie au neurochirurgien, à Genève, avant de repartir dans son pays natal. Puis, les équipes médicales malienne et suisse l’ont suivie, l’une physiquement, l’autre virtuellement, à 4 000 kilomètres de distance, pendant plusieurs années. "Fanta est la mascotte de la télémédecine au Mali", affirme le docteur Ousmane Ly, directeur de l’Agence nationale de télésanté et d’informatique médicale du pays.

"Télémédecine", "e-santé", "e-health", "cybersanté", les termes sont nombreux pour désigner les pratiques médicales utilisant les nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC). Depuis les années 2000, de nombreux praticiens du Mali, du Burkina Faso, du Cameroun ou encore du Sénégal, ont pris la mesure du poids du numérique dans le développement de leur système sanitaire. En interagissant avec leurs homologues européens, américains ou canadiens, ils en ont fait un outil de formation en multipliant les consultations virtuelles, le télé-enseignement et le suivi à distance de patients.

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Aujourd’hui, c’est désormais sur un autre support que l’e-santé se joue. "Nous allons bientôt pouvoir nous passer de l’ordinateur puisqu’internet est désormais sur nos téléphones portables", explique Line Kleinbreil, vice-présidente de l’Université numérique francophone mondiale (UNFM), engagée dans les projets de télémédecine depuis l’Hexagone, en partenariat avec le Réseau en Afrique francophone pour la télémédecine (RAFT). Grâce à une couverture réseau étendue dans les régions rurales reculées, le médecin se trouve désormais dans la poche du patient. "Les smartphones vont devenir des terminaux de télémédecine", affirme le docteur Ousmane Ly.

Des informations médicales en temps réel

Dans un continent où le taux de mortalité infantile et maternelle est très élevé, compte tenu de l’accès difficile aux soins médicaux, la santé mobile apparaît comme une voie alternative pour combler le retard sanitaire du continent. Si le système de prévention des épidémies par SMS est déjà en place dans de nombreux pays, la multiplication des applications permet de diffuser des informations médicales en temps réel. Opérationnelle en Zambie et au Malawi, l’application Mwana permet d’accélérer la délivrance de résultats pour les bébés séropositifs, par le biais d’un message texte.

Grâce au téléphone portable, les populations rurales isolées ont plus facilement accès aux informations puisqu’elles n’ont plus besoin de se rendre au centre urbain médicalisé le plus proche, ni de se connecter à un cybercafé pour obtenir des conseils. Par le biais de la plateforme Motech, les femmes enceintes, au Ghana, reçoivent ainsi des informations sur les différents stades de leur grossesse. Au Kenya, les personnes malades peuvent directement comprendre à quoi correspondent leurs symptômes, par le biais de l’application MedAfrica, ou tenter d’endiguer les épidémies grâce à EpiSurveyor.

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De leur côté, les grandes organisations internationales ont compris que la téléphonie mobile allait devenir le nouveau support de la cybersanté. Ainsi, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en partenariat avec l’Union internationale des télécommunications, veut lancer un vaste programme pour lutter contre les maladies non transmissibles, telles que le diabète, grâce au téléphone portable. Certaines infections de la peau pourraient bientôt être diagnostiquées grâce à l’envoi d’une photographie de la plaie par MMS.

Du 12 au 15 septembre, les professionnels de l’e-santé se retrouveront à Abidjan, en Côte d’Ivoire, afin de faire le bilan de dix années d’intervention. Face aux progrès technologiques liés à la santé, tels que LifeWatch V, le premier téléphone portable capable de relever la température corporelle, la pression artérielle et le taux de glucose dans le sang, les médecins de tous les continents pourront réfléchir aux priorités de la prochaine décennie. Pour le docteur Ousmane Ly, la mutation d’internet au portable est porteuse d’espoir pour le continent. "L’Afrique va surprendre par le biais de la téléphonie mobile", assure-il. Et peut-être donner des idées à ses homologues du Nord.

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Emeline Wuilbercq 

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