Dans un climat tendu, les Frères musulmans appellent à manifester et Obama condamne les violences

Les violences semblaient reprendre jeudi 15 août en Egypte, au lendemain du bain de sang qui a suivi l’assaut des forces de sécurité égyptiennes contre les partisans de l’ancien président Mohamed Morsi. Le président Barack Obama a condamné les violences et annulé des opérations militaires conjointes prévues le mois prochain avec Le Caire.

Des cadavres de personnes tuées dans l’assaut des campements de partisans de Mohamed Morsi, au Cair © Khaled Desouki/AFP

Des cadavres de personnes tuées dans l’assaut des campements de partisans de Mohamed Morsi, au Cair © Khaled Desouki/AFP

Publié le 15 août 2013 Lecture : 3 minutes.

Un bâtiment a été incendié à Guizeh, ce jeudi 15 août, et deux policiers ont trouvé la mort dans le nord et le centre de l’Égypte. La tension restait vive dans la capitale égyptienne au lendemain de l’assaut extrêmement sanglant lancé par la police et l’armée contre les partisans du président islamiste déchu Mohamed Morsi.

La dispersion de deux rassemblements des pro-Morsi au Caire, qui ont répliqué parfois au fusil d’assaut et aux cocktails Molotov, ainsi que les violences qui se sont propagées dans tout le pays ont fait officiellement 525 morts dont 482 civils et plus de 3 500 blessés. Selon le chef des services d’urgence, 202 personnes ont péri sur la seule place Rabaa al-Adawiya. Le bilan pourrait s’alourdir encore, tandis que les Frères musulmans, eux, évoquent 2 200 morts et plus de 10 000 blessés.
Le gouvernement intérimaire mis en place par l’armée quand elle a destitué et arrêté le président Morsi le 3 juillet, a décrété le couvre-feu au Caire et dans la moitié du pays ainsi que l’état d’urgence, dont la levée avait été un des acquis de la révolte populaire de 2011 ayant conduit à la chute de Hosni Moubarak.

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Le pays est resté relativement calme à la levée du couvre-feu ce matin, mais l’appel des Frères musulmans à des manifestations dans l’après-midi fait craindre une nouvelle flambée de violences.

Jeudi matin, de la fumée s’échappait encore du campement réduit à néant où quelques personnes tentaient de sauver les derniers objets épargnés par les flammes. La mosquée Rabaa al-Adawiya, épicentre de la contestation, avait brûlé, a constaté un photographe de l’AFP.

Une centaine de cadavres dans des linceuls blancs étaient alignés au sol dans la mosquée voisine d’al-Imane tandis que des volontaires tentaient d’établir la liste des noms des victimes. Des dizaines de personnes, le visage couvert pour se protéger des odeurs, sont venus identifier leurs proches. C’est de là que doit partir le défilé auquel appellent les Frères musulmans.

À la mi-journée, des "islamistes" ont incendié le siège de la province de Guizeh dans la banlieue du Caire et deux policiers ont été tués par des "pro-Morsi" dans le nord et le centre selon les autorités.

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Barack Obama condamne et annule une opération commune avec Le Caire

L’intervention des forces de l’ordre et le bain de sang qu’elle a déclenché ont suscité l’indignation à travers le monde. Le vice-président Mohamed el-Baradei, prix Nobel de la paix qui avait apporté sa caution au coup de force des militaires, a démissionné, disant refuser "d’assumer les conséquences de décisions avec lesquelles il n’était pas d’accord".

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Barack Obama a dénoncé, lors d’une allocution, le 15 août, depuis son lieu de vacances, à Martha’s Vineyard (Massachussets), la répression engagée selon lui "sur un chemin dangereux". Il a annoncé l’annulation de manoeuvres militaires conjointes avec le Caire prévues le mois prochain.

"Si nous souhaitons maintenir notre relation avec l’Egypte, notre coopération habituelle ne peut pas continuer comme si de rien n’était lorsque des civils sont tués dans les rues et que les droits régressent", a expliqué le président. "Par conséquent, ce matin nous avons annoncé au gouvernement égyptien que nous annulions nos manoeuvres militaires biennales, qui devaient avoir lieu le mois prochain", a-t-il révélé.

Il faisait ainsi allusion à l’exercice "Bright Star", qui se déroule tous les deux ans entre l’Egypte et les Etats-Unis depuis 1981 et rassemble plusieurs milliers d’hommes pour plusieurs semaines de manoeuvres. Ces manoeuvres, qui avaient déjà été suspendues en 2011 en raison du Printemps arabe, avaient mobilisé lors de leur dernière édition en 2009, plus de 1 300 soldats américains ainsi que des contingents venus notamment du Pakistan, du Koweït, et d’Allemagne.

Obama n’est toutefois pas allé jusqu’à annoncer la suspension de l’aide militaire des Etats-Unis à l’Egypte, qui représente 1,3 milliard de dollars par an. "La relation entre les Etats-Unis et l’Égypte remonte à des décennies. Elle est enracinée dans notre respect de l’Égypte en tant que pays, qu’ancien centre de civilisation, et de pierre angulaire de la paix au Moyen-Orient", a affirmé le président.

(Avec AFP)

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