Zéphirin Diabré : »Le projet de création du Sénat a pour seul but de modifier la Constitution »

Lundi 12 août, le président burkinabè, Blaise Compaoré, a décidé de suspendre le projet de création du Sénat. Une annonce accueillie avec un certain scepticisme par le chef de fil de l’opposition et président de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), Zéphirin Diabré. Interview.

Zéphirin Diabré, président de l’Union pour le progrès et le changement (UPC). © Hippolite Sama pour J.A.

Zéphirin Diabré, président de l’Union pour le progrès et le changement (UPC). © Hippolite Sama pour J.A.

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Publié le 15 août 2013 Lecture : 2 minutes.

JEUNE AFRIQUE : Comment interprétez-vous la décision du président Blaise Compaoré, de suspendre le processus de création du Sénat ?

Zéphirin Diabré : Le chef de l’État a simplement commandé un rapport d’étape sur un travail qui est en cours. C’est une décision interne au processus et au pouvoir, un dialogue entre Blaise Compaoré et son comité de suivi des réformes politiques. En quoi est-ce un signe d’inflexion ou de suspension du projet ? Nous sommes surpris que beaucoup de commentateurs aient compris cela.

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N’est-ce pas un signe que la contestation a été entendue et que le pouvoir est prêt à un compromis ?

Cela montre que notre mobilisation ne laisse pas le chef de l’État indifférent. Mais ce n’est qu’au moment de la remise du rapport d’étape, le 31 août, que l’on pourra dire si elle a véritablement entraîné une inflexion du pouvoir. Il faut attendre de voir les propositions qui seront faites et la position du président.

Qu’attendez-vous de Blaise Compaoré ?

Sa décision ne répond en rien à nos inquiétudes. Nous pensons que le Sénat n’apportera aucune valeur ajoutée démocratique. Sa composition sera à l’image de l’Assemblée nationale.  Ensuite, multiplier les chambres du Parlement est un luxe qu’un pays comme le Burkina ne peut pas se permettre. Il y a tellement d’autres priorités auxquelles on pourrait allouer ces 3 milliards de FCFA [La mise en place du Sénat est estimée entre 3 et 5 milliards de F CFA – entre 4,5 et 7,6 millions d’euros – par an pendant les premières années, ndlr]. Enfin, beaucoup de gens ont le sentiment que cette chambre est un instrument pour pouvoir, le moment venu, procéder à la modification de l’article 37 de la Constitution.

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Le chef de l’État a pourtant assuré qu’il ne se servira pas du nouveau Sénat pour la modifier. Pourquoi êtes-vous persuadé du contraire ?

Parce que la modification de la Constitution est la seule chose qui justifie ce projet de création du Sénat. Blaise Compaoré ne bénéficie pas de la majorité qualifiée à l’Assemblée nationale qui lui permettrait de faire cette modification. En revanche, au regard de la configuration de la future chambre haute, ce sera le cas dans ce qui deviendra le Congrès [Assemblée nationale et Sénat réunis, ndlr]. En politique, dès lors que l’adversaire a une possibilité de faire quelque chose qui peut l’arranger, il faut être vigilant.

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Vous comptez donc poursuivre votre mobilisation ?

Notre travail d’opposant, permanent et quotidien, continue. Une réunion de l’ensemble de l’opposition décidera bientôt de quelle manière nous allons poursuivre la mobilisation.

Vous êtes le chef de fil de l’opposition. Et certains estiment que votre capacité à fédérer un grand nombre de partis fait de vous un candidat sérieux à la présidentielle de 2015. Êtes-vous flatté ?

Je n’en pense rien. Pour le moment, je suis porte-parole de l’opposition car mon parti [L’Union pour le progrès et le changement, UPC] s’est retrouvé être le plus important. Pour le moment, je joue mon rôle et continue à faire en sorte que l’opposition parle de nouveau d’une voix unie. La présidentielle de 2015 est une échéance importante pour toute formation politique, mais je ne fais aucune projection personnelle.
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Propos recueillis par Vincent Duhem

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