Égypte : les pro-Morsi ne plient pas devant les menaces d’intervention policière

Les Frères musulmans, qui demandent la libération du président déchu Mohamed Morsi, ont appelé à de nouvelles manifestations, lundi 12 août. La police menace toujours de disperser les sit-in organisés par les militants islamistes sur deux places du Caire.

Des soldats égyptiens surveillent une manifestation pro-Morsi, au Caire le 11 août 2013. © AFP

Des soldats égyptiens surveillent une manifestation pro-Morsi, au Caire le 11 août 2013. © AFP

Publié le 12 août 2013 Lecture : 2 minutes.

Lundi 12 août à l’aube, à l’issue des quatre jours décrétés fériés à l’occasion de l’Aïd el-Fitr, la fête de fin du ramadan, des milliers de partisans du président islamiste Mohamed Morsi étaient toujours barricadés sur deux places du Caire, places Rabaa al-Adawiya et Nahda.

La police a évoqué une dispersion imminente mais "graduelle" de leurs sit-in à l’expiration d’un ultimatum fixé à la fin du ramadan. Mais, dimanche, aucune décision n’avait encore été prise quant au début de cette opération. Des hauts responsables de la police et du ministère de l’Intérieur ont toutefois affirmé à l’AFP que les policiers allaient d’abord encercler les sit-in des places Rabaa al-Adawiya et Nahda avant de les disperser en "plusieurs jours et après "plusieurs sommations". Une fois le siège entamé, la police attendra "deux ou trois jours avant de se mettre en mouvement pour disperser les manifestants", selon l’un d’eux.

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"Nous aurons des martyrs"

Sur la place Rabaa, aucune présence policière n’était visible, a constaté un journaliste de l’AFP, alors que des milliers de partisans du président déchu achevaient à l’aube les prières nocturnes, derrière des remparts de fortune, faits de sacs de sable et de briques empilés, et gardés par des volontaires. L’un d’eux a dit s’attendre à ce que la police finisse par intervenir par la force. "Nous aurons des martyrs. Le prix à payer sera élevé mais la victoire nous attendra au bout du chemin", a-t-il assuré à l’AFP.

Plus tôt dans la journée, les Frères musulmans ont de nouveau appelé leurs partisans à se mobiliser, faisant redouter une escalade du bras de fer qui oppose les islamistes et les nouvelles autorités installées par l’armée suite à la destitution et l’arrestation de Mohamed Morsi le 3 juillet. Farid Ismaïl, haut responsable des Frères musulmans, la confrérie du présdient déchu, a assuré que "le peuple égyptien poursuivrait sa révolution" pour exiger le retour du premier président élu démocratiquement du pays.

S’adressant aux "dirigeants du coup d’État" lors d’une conférence de presse sur la place Rabaa dans la nuit, il avait appelé les Égyptiens à occuper "toutes les places" du pays, tandis que son mouvement annonçait de nouvelles manifestations "massives" pour lundi et mardi.

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Dans la journée, plusieurs milliers de pro-Morsi ont ainsi manifesté pour réclamer le retour du président "légitime" renversé par "un coup d’État militaire sanglant", conspuant le nouvel homme fort du pays, le chef de la toute-puissante armée, le général Abdel Fattah al-Sissi.

Ahmed al-Tayyeb, grand imam d’Al-Azhar, principale institution sunnite du pays, a appelé dimanche à la réconciliation nationale et assuré qu’il avait invité toutes les parties à venir négocier un compromis. Il y a peu de chances que les Frères musulmans acceptent, l’imam al-Tayyeb ayant ouvertement pris fait et cause pour le général Sissi le 3 juillet.

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Pour l’organisation de défense des droits de l’Homme International Crisis Group (ICG), "en l’absence d’un accord politique, le résultat le plus probable est une impasse prolongée, des heurts à répétition". Mais, "personne ne doit sous-estimer le risque que certains islamistes, convaincus qu’ils n’auront pas de place dans le processus démocratique, se tournent vers la violence".

(Avec AFP)

 

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