Le zoo d’Abidjan fait doucement peau neuve

Avec ses 165 animaux, le zoo d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, est aujourd’hui mal en point. Mais depuis janvier, les choses commencent à changer. Peu à peu, les cages sont réhabilitées, des animaux réintroduits et les visiteurs s’y rendent avec plaisir.

Can, l’éléphante du zoo d’Abidjan. © Aurélie Fontaine

Can, l’éléphante du zoo d’Abidjan. © Aurélie Fontaine

Publié le 9 août 2013 Lecture : 4 minutes.

Dans l’allée qui mène aux animaux, quelques cages viennent d’être repeintes en beige. Il y a quelques semaines, elles étaient grises et pas très ragoutantes.

À l’entrée, l’espace à ciel ouvert des chimpanzés, sale et avec peu de verdure, vient d’être réhabilité. Plus de vert et un enclos rénové pour que ces singes puissent s’abriter décemment. Une dizaine d’autres primates va rejoindre cette semaine les quatre déjà présents.

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Un peu plus haut, des employés du zoo tapissent de feuilles de palmiers l’enclos où vivent quelques singes. Histoire de mettre un peu de nature sur un sol bétonné. Plus loin, d’autres retapent l’enceinte où gisait le lion, mort affamé pendant la crise postélectorale de 2010-2011. Il va désormais servir au léopard, qui, pour le moment, reste dans une petite cage.

« Nous sommes en train de changer les barres en fer car certaines sont pourries, puis nous mettrons des grands troncs de bois pour qu’il puisse y grimper », indique Mamadou Berthé, un des soigneurs.

Depuis janvier dernier et l’arrivée de Richard Champion, un zoologiste anglais, le zoo d’Abidjan change petit à petit d’apparence. Et il en a bien besoin. « Avant la crise de 2010, les animaux étaient amaigris, on arrivait pas à les nourrir ni à les soigner. Pendant la crise la situation s’est aggravée. Aussitôt après, l’objectif était de trouver de la nourriture et d’envoyer les animaux chez le vétérinaire », explique Simone Dagui Ban, chercheuse en primatologie et habituée du zoo depuis 2006.

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16 chimpanzés, un léopard et une éléphante

Le zoo d’Abidjan, au meilleur de sa forme, a accueilli environ 500 animaux. Aujourd’hui, il en compte 165, de 25 espèces différentes. On peut y voir notamment un éléphant, un léopard, deux hyènes, deux buffles, 16 chimpanzés, 37 faux-gavials (espèce en danger) et un hippopotame pygmée (il n’en reste que 3 000 à l’état sauvage dans le monde).

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Richard Champion a deux ans pour redonner envie aux Abidjanais de visiter ce lieu. Et beaucoup d’espoirs reposent sur sa personne, car c’est à lui qu’on doit la récente rénovation du zoo de Bamako devenu, depuis, une référence en Afrique de l’ouest. « On a carrément rebâti un nouveau zoo car les animaux y vivaient dans de très mauvaises conditions. Au début j’ai même préconisé qu’on le ferme », se souvient le zoologiste. Plus d’un millier de visiteurs s’y rendent désormais chaque jour pour y découvrir une volière, l’aquarium et le vivarium qui sont autant de sites uniques dans la région.

Contrairement à la rénovation du zoo malien, financé par le Trust Aga Khan pour la culture, à hauteur de six millions d’euros, il y a moins d’argent pour celui de la capitale économique ivoirienne. Selon Richard Champion, 500 000 dollars seraient nécessaires pour le réhabiliter.  La moitié a pour l’instant été trouvée.

En attendant, une chaîne de solidarité s’est mise en place. Des supermarchés abidjanais fournissent tous les jours des fruits aux animaux, tandis que les zoos de San Diego, en Californie, et d’Amnéville, en France, ont lancé des partenariats avec leur homologue ivoirien.

 Les visiteurs, eux, répondent déjà présents et se pressent dans les allées. On peut y voires enfants prennent plaisir à donner de l’herbe à Can, l’éléphante de forêt âgée de 21 ans, née au zoo et pas très farouche.

Le pachyderme qui pour le moment n’a pas beaucoup d’espace sera transférée prochainement dans une plus vaste. Et elle ne sera pas la seule à bénéficier d’un tel privilège. Sur les vingt hectares d’espace disponible, le zoo n’en n’occupe que quatre pour le moment.

Éduquer les visiteurs

Pata Ganbembo, mère de famille, y a emmené ses enfants, à l’occasion de vacances en Côte d’Ivoire. « Ils ont l’habitude des zoos d’Europe alors j’ai voulu qu’il se fassent une idée de ce que peu être un zoo en Afrique. Malgré la crise de 2010, le lieu semble quand même bien entretenu, même s’il reste à améliorer. Il faut faire quelque chose pour les cages, qui sont dans un mauvais état ».

Il reste, en effet, beaucoup à faire. « Nous allons nous débarrasser de ces vieilles cages, donner plus d’espaces aux animaux, leur mettre des branches, des arbres, des balançoires. Nous allons aussi mettre en place un programme éducatif pour les visiteurs », rapporte Richard Champion. « Pas mal de chimpanzés sont devenus trop excités car le public et certains employés leur font faire des tours, ce qui n’est pas bon pour eux. Bien qu’on ait interdit ces pratiques, il n’est jamais facile de changer les comportements », raconte Basile Djako, le seul soigneur du zoo capable de les approcher.

En attendant l’installation de panneaux explicatifs pour sensibiliser le public aux questions environnementales, deux autruches sont arrivées au zoo. Prochaine étape : réintroduire des lions.

 

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