Au Bénin, les mercredis rouges de la contestation

Depuis le 17 juillet, des opposants béninois se parent, chaque mercredi, d’un signe distinctif rouge. T-shirt, pantalon, foulard, casquette… Qu’ils soient fonctionnaires, commerçants ou salariés du secteur privé, ils ont décidé de protester en couleur contre la réforme constitutionnelle prévue par le chef de l’État, Boni Yayi, et ont lancé le mouvement des « mercredis rouges ».

Illustrations des mercredis rouges sur le compte Facebook du mouvement. © DR

Illustrations des mercredis rouges sur le compte Facebook du mouvement. © DR

Fiacre Vidjingninou

Publié le 6 août 2013 Lecture : 2 minutes.

« Les Béninois ont faim et crient leur désespoir face à la corruption érigée en mode de gestion. À deux ans et demi de la fin de son mandat, le président Boni Yayi s’entête à vouloir réviser la Loi fondamentale pour s’accrocher au pouvoir », s’indigne Urbain Amégbédji, militant du mouvement Alternative citoyenne (AC), lancé en mars pour s’opposer à la révision constitutionnelle.

Pour dénoncer un projet qu’ils jugent dangereux et rassembler les mécontents de la politique du chef de l’État, Boni Yayi, les protestataires ont initié les « mercredis rouges ». Née sur Facebook, l’initiative de porter un vêtement rouge, chaque mercredi, tant que le projet de loi n’aura pas été retiré, a commencé à faire des émules à Cotonou. « Le rouge est l’une des couleurs présentes sur le drapeau du Bénin. Mais c’est aussi celle du courage et de la colère », explique Joseph Djogbénou, président d’AC et également avocat de Patrice Talon dans l’affaire de la tentative d’empoisonnement du chef de l’État.

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La semaine dernière, le 1er août, jour de la fête de l’indépendance, des groupes de mécontents vêtus de rouge ont même manifesté dans les rues de la capitale économique. Le même jour, Gaston Zossou, ancien ministre de la Communication, virulent opposant et soutien du mouvement des « mercredis rouges », expliquait, sur son compte Facebook, que sa maison avait été encerclée par des policiers pour l’empêcher d’aller rejoindre les manifestants.
 
Du rouge au blanc

Pour contrer les « mercredis rouges », les partisans de Boni Yayi répondent dorénavant sur le même principe avec les « vendredis blancs ». « Les accusations contre le président ne sont pas fondés, explique Benoît Degla, le ministre de l’Intérieur. Le mouvement qui mène la fronde est manipulé. »

Au cœur de la discorde, la révision de la Constitution déposée à nouveau en avril 2013, prévoit, entre autres, la création d’une Cour des comptes, l’initiation populaire des lois, l’institutionnalisation de la Commission électorale nationale autonome (CENA) ou encore l’imprescriptibilité des crimes économiques.

Boni Yayi avait déjà essayé de faire passer une loi référendaire en 2009 pour amender la Constitution mais le projet avait été rétorqué par le Conseil constitutionnel. Bien que les autorités s’en défendent, les membres d’AC estiment qu’ils ont pour projet de permettre au président sortant de se représenter pour un troisième mandant en 2016.

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Par Fiacre Vidgingninou, à Cotonou

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