Le blocage politique se poursuit en Tunisie

Les détracteurs du gouvernement tunisien, dominé par les islamistes d’Ennahdha, continuaient de manifester, lundi 5 août, à Tunis. Aucune issue négociée à cette profonde crise politique n’est en vue pour le moment, six mois jour pour jour après l’assassinat de l’opposant Chokri Belaïd.

Des opposants au gouvernement tunisien manifestent, le 4 août 2013 devant le siège de l’ANC. © AFP

Des opposants au gouvernement tunisien manifestent, le 4 août 2013 devant le siège de l’ANC. © AFP

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Publié le 6 août 2013 Lecture : 2 minutes.

Une coalition hétéroclite d’opposition a organisé lundi un nouveau rassemblement nocturne à Tunis, comme tous les soirs depuis le meurtre, le 25 juillet, de l’opposant Mohamed Brahmi. Ils n’étaient toutefois que quelques centaines à se réunir, contre des milliers la semaine dernière.

Le même jour, à Sidi Bouzid, dans le centre-ouest du pays, la police a dispersé sans ménagement quelques dizaines de manifestants qui ont tenté de pénétrer dans la préfecture régionale. Cette ville est le berceau de la révolution de janvier 2011. Le député Mohamed Brahmi, dont l’assassinat – attribué à la mouvance jihadiste – a déclenché l’actuelle crise politique, en était originaire.

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Les opposants préparent surtout une grande manifestation, mardi 6 août, pour réclamer la démission du gouvernement dirigé par les islamistes d’Ennahdha et la dissolution de l’Assemblée nationale constituante (ANC), deux revendications rejetées par le pouvoir en place.

Ce rassemblement se tiendra symboliquement six mois jour pour jour après l’assassinat de l’opposant Chokri Belaïd, le 6 février dernier. Il répond aussi à une manifestation de dizaines de milliers de partisans pro-pouvoir samedi dernier. La puissante centrale syndicale UGTT, favorable à la démission du gouvernement, a apporté son soutien à la manifestation de l’opposition, qui devrait être la dernière grande action du ramadan. Le mois de jeûne s’achève demain, le 7 août, date suivie de quatre jours chômés.

Poursuite des opérations militaires

Ennahdha, qui propose un gouvernement de coalition élargi et des élections en décembre, a pour sa part indiqué lundi renoncer à ses manifestations quotidiennes devant l’ANC. « Les deux camps ne peuvent plus continuer à faire appel à la rue », a déclaré, dans un entretien au quotidien belge Le Soir, le chef du parti islamiste, Rached Ghannouchi.

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Comme le Premier ministre Ali Larayedh la semaine dernière, il a évoqué la possibilité d’organiser un référendum pour sortir de la crise. « Les Tunisiens se prononceraient à savoir s’ils veulent ou non poursuivre le processus enclenché », a-t-il dit. Si des consultations organisées par le pouvoir ont lieu régulièrement, aucune négociation pour définir un plan consensuel de sortie de crise n’a eu lieu.

Sur le plan sécuritaire, l’armée poursuivait lundi ses opérations dans l’ouest du pays, au mont Chaambi, pour tenter d’y neutraliser un groupe terroriste actif depuis décembre, présenté comme lié à Al-Qaïda. L’armée a déclenché cette vaste opération après que huit soldats eurent été sauvagement tués dans une embuscade le 29 juillet. Deux autres militaires ont été tués dimanche dernier par un engin explosif au passage de leur blindé. Ils ont été inhumés lundi après une cérémonie en présence du président Moncef Marzouki et du Premier ministre.

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Selon un journal algérien, l’armée algérienne a tué trois hommes armés qui tentaient de franchir la frontière non loin du mont Chaambi. Côté tunisien, le ministère de l’Intérieur a lancé une offensive contre la mouvance jihadiste, tuant un homme et en arrêtant une dizaine depuis vendredi.

Un suspect dans le meurtre de Mohamed Brahmi a notamment été arrêté, mais aucune indication n’a été donné sur le rôle qu’il a pu jouer. Une séance plénière de l’ANC est par ailleurs prévue mardi matin pour débattre des problèmes de sécurité. Elle devrait être boycottée par la soixantaine de députés qui réclament une dissolution de l’Assemblée.

(Avec AFP)

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