Le gouvernement tunisien multiplie les opérations contre les jihadistes

Le gouvernement tunisien a multiplié les opérations policières contre les militants jihadistes ce week-end. Deux hommes, qui auraient été impliqués dans les assassinats des opposants Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, ont été arrêtés.

Des soldats tunisiens près du mont Chaambi, en mai 2013, à la frontière avec l’Algérie. © AFP

Des soldats tunisiens près du mont Chaambi, en mai 2013, à la frontière avec l’Algérie. © AFP

BENJAMIN-ROGER-2024

Publié le 5 août 2013 Lecture : 3 minutes.

Dimanche, après une série d’opérations antiterroristes qui ont visé différents islamistes radicaux tout le week-end, le gouvernement tunisien a appelé les militants jihadistes à se rendre. « Rendez les armes, rendez vous à la police ; la société et la justice le prendront en considération », a déclaré le Premier ministre Ali Larayedh. Plus tard, dimanche soir, le ministre de l’Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, a pour sa part apporté des précisions sur ces opérations menées depuis vendredi à travers le pays.

L’une d’elles, à Sousse (140 km au sud de Tunis), a permis l’arrestation d’un suspect, Lotfi Ezzine, dans l’assassinat le 25 juillet du député d’opposition Mohamed Brahmi. C’est la première interpellation dans cette affaire. Le ministre n’a apporté aucune précision sur le rôle que l’individu aurait joué dans ce meurtre attribué à la mouvance salafiste et qui a déclenché une profonde crise politique en Tunisie.

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Lotfi Ben Jeddou a aussi indiqué qu’une autre opération, dimanche à l’aube, à Tunis, a permis l’arrestation d’un complice présumé, Ezzedine Abdelaoui, dans l’assassinat en février de l’opposant Chokri Belaïd. Lors de l’assaut mené par la brigade antiterroriste (BAT), un autre « terroriste » a été tué et quatre blessés.

Lors d’autres interventions, un homme soupçonné de préparer un attentat suicide a été arrêté et trois « extrémistes religieux » préparant un attaque contre une banque ont été mis sous les verrous. Deux trafiquants d’armes ont aussi été arrêtés à la frontière libyenne en possession de kalachnikovs, de roquettes et de détonateurs.

Crise politique

Parallèlement, une opération « aérienne et terrestre » de l’armée, lancée jeudi soir sur le mont Chaambi (ouest, frontière algérienne), se poursuivait pour « éradiquer » un groupe armé lié à Al-Qaïda. Selon une source militaire interrogée par l’AFP, un soldat a été tué et quatre autres blessés dans l’explosion d’un engin au passage de leur véhicule blindé.

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Sur le front politique, Ennahdha a organisé dans la nuit de samedi à dimanche, après la rupture du jeûne du ramadan, un rassemblement massif en réponse aux appels à la démission du gouvernement et à la dissolution de l’Assemblée nationale constituante (ANC). Les islamistes ont réuni des dizaines de milliers de partisans à Tunis – 200 000 selon le parti – pour défendre leur « légitimité ». Rached Ghannouchi, le chef d’Ennahdha, a estimé que ce rassemblement avait fait échouer une tentative « d’importer un coup d’État » en référence à la destitution, le 3 juillet, par l’armée égyptienne du président Mohamed Morsi.

La coalition d’opposition, qui organise des manifestations nocturnes quotidiennes depuis la mort de Mohamed Brahmi, a toutefois assuré qu’elle ne baissait pas les bras. Dans la nuit de dimanche à lundi, quelques milliers de manifestants étaient une nouvelle fois devant l’ANC. Le député Samir Ettaïeb a notamment  accusé Ennahdha d’avoir utilisé des fonds publics pour ramener par bus des milliers de manifestants de tout le pays, expliquant ainsi l’ampleur de cette mobilisation.

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Grand rassemblement de l’opposition mardi

Les opposants ont par ailleurs appelé à un grand rassemblement, mardi, pour réclamer le départ du gouvernement et la dissolution de l’ANC, dont les travaux sont paralysés faute de consensus sur le projet Constitution. Une séance plénière de l’assemblée a été annoncée pour mardi afin de débattre de la situation sécuritaire, une réunion qualifiée d’illégale par l’opposition. « Le bureau de l’ANC est seul à pouvoir convoquer une plénière, or cinq des dix membres, dont moi, le boycottent et donc le quorum n’est pas réuni. C’est une séance illégale », a dénoncé la député Karima Souïd.

Dans ce contexte, des journaux tunisiens se montraient sévères vis-à-vis des deux camps, incapables selon eux de stabiliser le pays et de répondre aux attentes d’une population excédée par la misère, facteur au cœur de la révolution de 2011. Pour le quotidien La Presse, le pouvoir se défend via des « meetings moutonniers de fidèles et des déclarations enflammées et à l’emporte-pièce ». « Profondément obsédés par ce qui s’est passé en Égypte, ils en arrivent à perdre la faculté de discernement politique », note le journal. Mais le verdict est aussi sévère pour l’opposition : « Ses structures, son programme d’action, ses instances dirigeantes et son échéancier de sortie de crise demeurent inconnus, ou vagues et flous ».

(Avec AFP)

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