Face à la colère des Marocains, le roi annule la grâce accordée à un pédophile espagnol

Après quatre jours de manifestations – parfois réprimées violemment -, le roi du Maroc, Mohammed VI, a annoncé, le 4 août, l’annulation de la grâce accordée à un Espagnol condamné pour viol sur des enfants. Le palais, qui récuse toute responsabilité dans ce choix, espère calmer la colère des Marocains.

Le roi Mohammed VI, le 16 juillet 2013 à Rabat. © AFP

Le roi Mohammed VI, le 16 juillet 2013 à Rabat. © AFP

Publié le 5 août 2013 Lecture : 2 minutes.

Confronté à l’indignation persistante d’une partie de la population, le roi du Maroc, Mohammed VI, a décidé, dimanche 4 août, d’annuler la grâce accordée à un pédophile espagnol multirécidiviste, dans l’espoir d’apaiser la colère populaire. De vigoureuses protestations se sont élevées depuis le milieu de la semaine dernière dans le royaume contre une décision royale mal comprise et jugée injustice.

Daniel Galvan, âgé d’une soixantaine d’années, avait été condamné en 2011 pour des viols sur onze mineurs. Il figurait sur la liste des grâces royales, accordées chaque année au moment de la fête du Trône. Cette année, le roi avait ajouté aux graciés marocains une liste de 48 détenus espagnols, au nom de l’excellence des relations bilatérales entre les deux pays, quelques jours après une visite du roi Juan Carlos.

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L’annonce de cette grâce pour un homme condamné pour crimes à 30 ans de prison (d’ordinaire, on gracie des prisonniers de droit commun) avait fait scandale. À tel point que le palais a annoncé, dans le courant du week-end l’ouverture d’une enquête sur cette « regrettable libération" pour déterminer « les responsabilités et les défaillances". Moins de 24 heures plus tard, le souverain marocain a donc même décidé d’annuler la grâce.

Cette décision, « à caractère exceptionnel", est motivée par « la gravité des crimes commis et le respect du droit des victimes », a indiqué le Palais royal dans un communiqué publié par l’agence de presse officielle MAP.

Mais Daniel Galvan aurait déjà quitté le territoire et, pour mettre en oeuvre la mesure, le Maroc va devoir retrouver le condamné. À ce titre, le texte du Palais royal note que le ministre marocain de la Justice, Mustapha Ramid, devra « examiner avec son homologue espagnol les suites à donner à l’annulation de cette grâce ».

Imbroglio diplomatique

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Face au scandale, Rabat et Madrid font tout pour tenter de calmer les esprits qui s’échauffent de part et d’autre de la Méditerranée.
Dans sa première prise de position, le 3 août, le Palais royal a assuré que Mohammed VI n’avait « jamais été informé, de quelque manière que ce soit et à aucun moment, de la gravité des crimes abjects pour lesquels l’intéressé a été condamné ». « Il est évident que jamais le souverain n’aurait consenti » à sa libération, était-il précisé.

À Madrid, l’opposition socialiste a dénoncé un fait d’une « extrême gravité » et exigé des comptes du gouvernement.

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Une mobilisation populaire importante

Au Maroc, les dirigeants politiques sont restés très discrets sur cette affaire. C’est par les réseaux sociaux que l’annonce de la libération du pédophile s’est rapidement propagée. Vendredi soir, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées devant le Parlement de Rabat, bravant la répression policière qui s’est abattue parfois violemment.

Dans un pays marqué par plusieurs affaires de pédophilie au cours des derniers mois, d’autres manifestations ont ensuite eu lieu dans le nord (Tétouan, Tanger) ou encore à Agadir (sud-ouest).

(Avec AFP)
 

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