« De Gaulle », quatrième gros poisson dans les filets de la justice guinéenne
Avec la mise en accusation, le 31 juillet, du commandant Aboubacar Sidiki Camara, dit « De Gaulle », dans une affaire de torture, la Guinée compte désormais quatre haut-responsables inculpés depuis le début de l’année. Un sacré coup pour la justice guinéenne, même si certains prévenus, comme Claude Pivi ou Sekou Resco Camara, conservent encore toute leur influence dans le pays.
En moins de 12 mois, ce sont pas moins de quatre gros poissons qui ont été pris dans les mailles de la justice guinéenne. Depuis le début de l’année, le général Nourou Thiam, ancien chef d’état-major des armées, le commandant Sékou Resco Camara, gouverneur de Conakry, Claude Pivi, ministre chargé de la sécurité présidentielle, et Aboubacar Sidiki Camara dit « De Gaulle », ancien chef de la garde présidentielle du général Sékouba Konaté, ont été successivement inculpés, soit dans l’affaire des massacres du 28 septembre 2009, soit dans celle des tortures d’octobre 2010.
« Décidément, en Guinée, 2013 aura été, jusqu’ici, une bonne année pour la justice », se réjouit Florent Geel, le responsable du bureau Afrique de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), après l’inculpation, le 31 juillet, d’Aboubacar Sidiki Camara dit « De Gaulle ».
"Justice à géométrie variable" ?
Sous le commandement de « De Gaulle », des éléments de la garde présidentielle auraient soumis plusieurs individus, dans la nuit du 14 au 15 octobre 2010, à des actes de torture dans un quartier de Conakry. Leur crime : avoir caillassé le cortège du général Sékouba Konaté, alors président de la transition. « Une heure plus tard, le commandant Aboubacar Sidiki Camara est revenu sur le lieu de l’incident avec ses hommes. En sa présence, ils ont raflé une vingtaine de personnes et les ont chicotées violemment », explique Florent Geel.
Dans la même affaire, le général Nourou Thiam, chef d’état-major des armées au moment des faits, a été le premier à être inculpé, le 14 février, pour avoir donné des instructions aux éléments de la garde présidentielle. Il en a été de même, quelques jours plus tard, le 25 février, pour Sékou Resco Camara, le gouverneur de la ville de Conakry. « Si les deux premiers – Aboubacar Sidiki Camara et Nourou Thiam – ne pèsent plus lourd dans l’échiquier politique et sécuritaire de la Guinée, puisqu’ils se trouvent déjà en détention pour leur implication dans l’attaque du palais du président Alpha Condé, ce n’est pas le cas de Sékou Resco Camara, toujours en fonction », relève un militant guinéen des droits de l’homme, qui craint, par conséquent, une « justice à géométrie variable ».
Claude Pivi, "l’intouchable"
Autre figure importante dans le viseur de la justice : le capitaine Claude Pivi, chef de la sécurité présidentielle depuis 2008. Il a été inculpé, lui, le 27 juin, pour sa responsabilité présumée dans les massacres du 28 septembre 2009. Malgré son inculpation, il a également été maintenu à son poste.
« Claude Pivi a été présent dans presque tous les épisodes des violences politiques en Guinée. Il se fait toujours passé pour le garant de la sécurité dans le pays, en même temps qu’il organise l’impunité autour de sa personne pour devenir intouchable », souligne Florent Geel de la FIDH. Ainsi, lorsque les violences interethniques éclatent à la mi-juillet à N’Zérékoré et à Koulé, en Guinée forestière, le président Alpha Condé n’hésite pas à le dépêcher sur place, ainsi que Thiergboro Camara, un autre responsable militaire inculpé en 2012 dans l’affaire des massacres du 28 septembre. Preuve que même prévenus, certains officiers gardent encore toute leur influence dans la sphère politique guinéenne.
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Par Trésor Kibangula
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