Émotion au Maroc après la grâce royale d’un pédophile espagnol

Parmi les 1 044 détenus grâciés le 31 juillet par le roi Mohamed VI, il y a Daniel Fina Galvan, un citoyen espagnol condamné à 30 ans de prison au Maroc en 2011 pour le viol sur onze enfants âgés de 3 à 15 ans. Une nouvelle qui suscite l’émotion de la population.

L’association marocaine de protection de l’enfance Ne touche pas à mon enfant. © AFP

L’association marocaine de protection de l’enfance Ne touche pas à mon enfant. © AFP

Publié le 2 août 2013 Lecture : 2 minutes.

À l’occasion de la fête du trône, le 31 juillet, la tradition veut que certains condamnés bénéficient d’une faveur royale. Mais cette année, au milieu d’une liste habituelle de détenus de droit commun, figurait le nom Daniel Fina Galvan citoyen espagnol, jugé coupable, en 2011, de viol sur onze enfants âgés de 3 à 15 ans.

D’habitude assez consensuelle, la décision du Palais de libérer sans condition Daniel Fina Galvan, après seulement deux années de détention, a choqué la société marocaine. Associations, militants des droits de l’homme et citoyens se sont emparés des réseaux sociaux. « Cette mesure favorise l’impunité », a déclaré Ahmed Alhaij, président de l’association marocaine des droits humains (AMDH).

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L’homme grâcié est un professeur d’université âgé de 63 ans, qui s’était installé au Maroc, dans la ville de Kénitra (au nord de Rabat) en 2005. Il a été condamné par la Cour d’appel de la ville en 2011 à 30 ans de réclusion pour abus sexuels sur des enfants de 3 à 15 ans.

Le roi l’a grâcié en même temps que 1 044 autres personnes dont 48 espagnols, pour la plupart détenus pour trafic de drogue. Le roi d’Espagne, Juan Carlos, aurait lui-même demandé à Mohammed VI de grâcier des détenus espagnols, lors de sa dernière visite en juillet. Cependant, le palais royal espagnol déclare ne jamais avoir établi la liste précise des détenus à gracier, tâche qui échoit au ministère de la Justice marocain. Début de l’imbroglio diplomatique.

Manifestation devant le Parlement

Pour ceux qui se mobilisent, la grâce est injustifiée. L’abus sexuel sur les mineurs est déjà un sujet sensible au Maroc. On estime à environ 26 000 le nombre d’enfants violés chaque année, soit 71 enfants par jour selon l’ONG marocaine de protection de l’enfance « Touche pas à mon enfant ». Le pays essaye de lutter contre le tourisme sexuel, mais ces sujets demeurent tabous.

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 Mais aujourd’hui, la colère semble avoir aidé à briser le silence. Une page Facebook appelle à manifester vendredi 2 août à 22 heures devant le parlement à Rabat. Près de 20 000 personnes annoncent déjà qu’elles s’y rendront. Sur le site Avaaz, une pétition intitulée « Non à la grâce d’un violeur d’enfant » a été lancée et compte désormais 2 117 signatures.

L’association « Touche pas à mon enfant » qui défend le droit des enfants au Maroc ne s’est pas clairement positionnée contre la décision. La section de l’AMDH à Rabat a cependant indiqué qu’elle sera présente à la manifestation. « On ne peut pas revenir en arrière, mais au moins exprimer notre opinion, pour pallier à l’avenir ce genre de décision nuisible pour les droits de l’homme au Maroc », explique Ahmed Elhaij.

Daniel Fina Galvan a, quant à lui, déjà quitté le territoire. Son passeport étant périmé à sa libération, le Maroc l’a extradé. Il est parti sans verser les 4 800 euros d’indemnisation qu’il doit à chacune de ses six victimes, rapporte le journal espagnol El pais.

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