Israël : et si les réseaux sociaux se retournaient contre Tsahal ?

La communication de l’armée israélienne peut-elle se retourner contre elle ? Tsahal, qui fut l’une des premières à utiliser les réseaux sociaux afin de modeler son image, tente aujourd’hui d’éviter le retour de bâton. En cause : la publication sur Facebook de photos dénudées de certaines de ses combattantes. Un strip-tease embarrassant alors que Tel-Aviv tente de contraindre les Juifs ultra-orthodoxes au service militaire.

L’armée israélienne et ses combattants sont très présents sur les réseaux sociaux. © Instagram Tsahal/DR/Montage JA

L’armée israélienne et ses combattants sont très présents sur les réseaux sociaux. © Instagram Tsahal/DR/Montage JA

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Publié le 31 juillet 2013 Lecture : 3 minutes.

Tsahal ne s’en sort pas. Depuis plusieurs mois, l’armée israélienne fait face à un problème d’insubordination d’un nouveau genre, sans parvenir à l’étouffer. Après la parodie du Harlem Shake par une unité israélienne (qui a valu 14 jours de prison à son auteur) ou encore la publication de clichés évoquant des soldats israéliens humiliant des prisonniers palestiniens, une cascade de photographies de certaines de ces combattantes a envahi la Toile, via les réseaux sociaux.

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Sur l’une d’elles, début juin 2013, quatre militaires s’exhibent, fièrement dénudées avec leur arme, se présentant comme des « recrues stationnées dans une base du sud d’Israël ». Repris par les médias israéliens, le cliché n’a pas plu à la hiérarchie de Tsahal, qui a planché sur un code de déontologie à l’usage de ses soldats sur les réseaux sociaux. Interdiction de mentionner son appartenance à l’armée sur son compte Facebook, port de l’uniforme et géolocalisation prohibés sur les photos, inscription interdite aux militaires hauts-gradés… L’armée a sévi, espérant rétablir son image et dissuader les jeunes recrues de « répéter cette offense », a-t-elle expliqué, dans un communiqué cité par le quotidien istraélien Haaretz.

 

Tsahal, star (guerrière) des réseaux

D’autant qu’avec ses pages Facebook, comptes Twitter ou encore Instagram, elle s’était soigneusement attelée à construire son image depuis plusieurs années. En novembre 2012, c’est ainsi le compte Twitter du porte-parole de Tsahal qui a annoncé le lancement officiel de l’opération « Pilier de défense », utilisant tour à tour, selon qu’elle évoquait les objectifs, les bilans ou les opérations, des hashtags tels que #Gaza, #IsraelUnderFire ou encore #PillarOfDefense.

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« Nous recommandons qu’aucun membre du Hamas, qu’il soit simple militant ou haut dirigeant, ne mette le nez dehors dans les prochains jours », écrivait également le compte officiel dans les premiers jours de l’offensive, étant retweeté plus de 4 000 fois.

Tsahal a même lancé un jeu, baptisé Israel Defense Forces Rank, mettant l’utilisateur dans le rôle d’un soldat pour un principe simple : plus le joueur partage, plus il monte en grade au sein de l’armée. Un véritable recrutement virtuel qu’elle assume toujours sur Twitter ou sur son compte Facebook francophone, rassemblant près de 20 000 personnes, au 31 juillet 2013.

OrthodoXXXie

Si les images de soldates dénudées peuvent paraître plus agréables que celles de bombardements sur la bande de Gaza, Tsahal n’a donc pas goûté de voir son image numérique écornée, elle qui met tant de soins à la façonner.

D’autant que le moment est mal choisi. Tsahal mène en effet une des batailles, politique celle-ci, les plus importantes de son histoire, dans laquelle les mœurs de ses jeunes soldats pourraient avoir de l’importance.

Le gouvernement israélien a ainsi approuvé, dimanche 7 juillet, à l’unanimité, le projet de loi sur la fin de l’exemption de la conscription militaire des ultra-orthodoxes juifs. Ceux-ci représentent en effet plus de 10 % des huit millions d’Israéliens et sont devenus une composante essentielle de l’État hébreu, notamment grâce à une démographie forte (plus de 6 enfants par femme).

Or, la loi, qui vise à les intégrer au service militaire obligatoire dans un délai de quatre ans, doit encore passer de nombreux votes au Parlement avant d’entrer en vigueur et des manifestations ont déjà rassemblé plusieurs dizaines de milliers de personnes à travers le pays. Nul doute que, chez les ultra-orthodoxes Haredim, qui refusent la modernité et imposent pour les deux sexes que bras et jambes soient entièrement recouverts, les photos de quatre soldates dénudées sur Internet ne poussent guère à la conciliation.

Par Mathieu OLIVIER

Pour aller plus loin :

– Le compte Facebook francophone de l’armée israélienne
– Le compte Twitter francophone de l’armée israélienne

À lire aussi :

– Pour Tsahal, chaque enfant palestinien est-il un terroriste en puissance ?

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