Tunisie : le gouvernement se réunit en urgence

Le gouvernement tunisien s’est réuni en urgence, lundi 29 juillet, face à la contestation populaire qui ne faiblit pas depuis le week-end. Après l’assassinat du leader d’opposition Mohamed Brahmi, les manifestants réclament la dissolution de l’Assemblée nationale constituante et le limogeage du gouvernement.

Manifestation de l’opposition le 29 juillet 2013 à Tunis. © AFP

Manifestation de l’opposition le 29 juillet 2013 à Tunis. © AFP

Publié le 29 juillet 2013 Lecture : 3 minutes.

Mis à jour le 29/07 à 18h20

Au lendemain d’une nouvelle journée de manifestations et quatre jours après l’assassinat du député de gauche, Mohamed Brahmi, une réunion de crise du gouvernement tunisien s’est tenue, lundi 29 juillet. « Le conseil des ministres a débattu de plusieurs alternatives et annoncera des mesures appropriées à 17hOO (16hOO GMT) », a déclaré Noureddine Bhiri, ministre conseiller, à l’issue de la réunion du cabinet d’Ali Larayedh.

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Le Premier ministre devait participer à une réunion du conseil supérieur de sécurité, présidé par le chef de l’État Moncef Marzouki, avant l’annonce des mesures attendues.

Cette réunion intervient alors que le pays semble coupé en deux et que la contestation contre le pouvoir est toujours aussi forte. Lundi dans la matinée, la police a tiré des gaz lacrymogènes destinés à disperser des manifestants réunis à Sidi Bouzid, dans le centre-ouest de la Tunisie, pour réclamer la chute du gouvernement dirigé par les islamistes d’Ennahdha, a constaté l’AFP. Des accrochages ont opposé des partisans du gouvernement aux manifestants.

Dimanche, entre 4 et 5 000 manifestants, dont plusieurs députés et dirigeants de l’opposition laïque, ont organisé un sit-in nocturne sur la place du Bardo (ouest de Tunis), où se trouve le siège de l’Assemblée nationale constituante (ANC). Rassemblés à l’appel d’une soixantaine de députés ayant gelé leur participation à l’ANC et du « Front du salut national de la Tunisie » nouvellement créé, ils ont exigé la démission du gouvernement et la dissolution de la constituante dominés par le parti islamiste Ennahdha. 

« Ce gouvernement a échoué à assurer la dignité et la sécurité aux Tunisiens, le meurtre de Brahmi en est bien la preuve », a déclaré Maya Jribi, secrétaire générale du Parti républicain, appelant à un gouvernement de salut national.

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« Après l’assassinat de Mohamed Brahmi, le gouvernement incompétent doit démissionner et laisser la place à un gouvernement de salut national », a déclaré le député Samir Taïeb, figure connue de la contestation. Il a affirmé que le nombre des députés ayant décidé de boycotter l’ANC a atteint 65 des 217 élus. Une situation qui pourrait créer un blocage politique, car il en faut 71 pour geler son activité. Dans un appel télévisé, le président de l’ANC, Mustapha Ben Jaafar, a prôné « la retenue » et invité les députés à occuper leurs sièges « pour finir le travail sur la Constitution ». L’adoption était prévue pour fin août.

À l’origine de la grève générale de vendredi, la puissante centrale syndicale UGTT, qui revendique un demi-million d’adhérents, doit tenir, aujourd’hui lundi, une réunion décisive. Dimanche, elle a haussé le ton condamnant « des attaques injustifiées de la police contre les manifestants ». Son secrétaire général, Houcine Abassi, rencontrera les députés démissionnaires dans la soirée.

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Séparé des partisans de l’opposition par des barrières métalliques et des fourgons de police, le camp pro-gouvernemental s’est formé après la rupture du jeûne et la prière de la nuit. Selon des journalistes de l’AFP, 5 000 personnes étaient présentes, tandis que le service d’ordre des pro-Ennahdha assure avoir comptabilisé vers minuit près de 10 000 manifestants.

« Communistes assassins », « Le peuple est musulman et ne capitulera pas », « Oui aux urnes, non au coup d’État », scandaient les partisans du gouvernement. « Ceux qui boycottent l’ANC trahissent la Tunisie. Nous résisterons jusqu’à la réalisation des objectifs de la révolution et il n’y aura pas de coup d’État dans ce pays », a déclaré Fathi Ayadi, député et dirigeant d’Ennahdha.

Le sit-in s’est poursuivi jusqu’à l’aube sans qu’aucun incident ne soit rapporté. Un important dispositif de sécurité était déployé, mais contrôlait la circulation à distance, tandis que les manifestants partageaient un repas dans le calme.

Après la dispersion brutale des manifestants dans la nuit de samedi à dimanche par la police, le ministre de l’Intérieur avait promis de veiller à la sécurité des manifestations pacifiques. « Le ministre nous a dit qu’il a clairement donné des ordres aux agents de ne plus utiliser la force contre les manifestants et participants au sit-in devant l’Assemblée nationale constituante » (ANC), a déclaré Samir Taïeb.

(Avec AFP)

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