Nukpola : la surveillance des législatives togolaises mise à mal

Une radio privée suspendue et une ligne de téléphone, destinée à recevoir des témoignages d’incidents, coupée. La surveillance des législatives togolaises par des associations a été entravée par les autorités du pays, selon la société civile locale.

Les incidents signalés sur nukpola.org. © Capture d’écran/JA

Les incidents signalés sur nukpola.org. © Capture d’écran/JA

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Publié le 26 juillet 2013 Lecture : 2 minutes.

Pas évident de surveiller le déroulement des législatives au Togo. La plateforme Nukpola – témoin en Ewé, langue locale -, mise en place par quelques organisations de la société civile togolaise, en a fait l’amère expérience. Lancée sur la Toile quelques heures avant le début du scrutin, le 25 juillet, dans le but de « permettre aux citoyens de signaler tout incident par SMS et email ou en se connectant directement sur le site internet », Nukpola été « sabotée », disent ses initiateurs.

« Pendant des semaines, nous avons communiqué aux Togolais un numéro de téléphone par lequel ils pouvaient nous envoyer leurs témoignages sur le déroulement du vote dans leur circonscription, mais le jour du scrutin, à la mi-journée, nous avons constaté que la ligne ne passait plus », explique Maxime Domégni, à l’origine du projet. Un nouveau numéro, français cette fois-ci, a été vite intégré pour continuer à recevoir les témoignages.

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"Censure"

Mais la « censure du numéro initial » a stoppé net l’« engouement » autour de Nukpola. Car « au Togo, comme dans beaucoup de pays africains, les populations ont plus la facilité de communiquer par téléphone que sur internet », rappelle Maxime Domégni, qui soupçonne – sans preuve – « certaines personnes proches du pouvoir » d’être derrière le coup.

« Beaucoup dans le camp du président Gnassigbé regardaient Nukpola d’un mauvais œil avant même son lancement. Tantôt ils nous accusaient d’être manipulés par l’opposition, tantôt d’avoir été embauché par l’Occident pour déstabiliser le pays », poursuit Maxime Domégni.

Illustration des incidents signalés sur le site nukpola.org

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Pour avoir dénoncé sur ses ondes des « fraudes électorales », la radio privée Légende a été, elle, suspendue par les autorités togolaises. Raison officielle : « diffusion de fausses informations ». Reste qu’en se présentant dans un bureau de vote de Lomé, le président togolais Faure Gnassingbé a lui-même admis avoir entendu parler de « quelques petits problèmes techniques ça et là » dans la capitale, espérant qu’ils seraient « rapidement résolus pour que tous ceux qui veulent s’exprimer puissent le faire ».

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Faure Gnassigné "confiant"

Malgré les incidents, le président togolais s’est déclaré « confiant » quant à l’issue du scrutin, auquel les partis politiques de l’opposition ont participé, après avoir longtemps menacé de le boycotter. C’est d’ailleurs Jean-Pierre Fabre lui-même, le leader de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) et principal adversaire de Faure Gnassigné à la présidentielle de 2010, qui a conduit la liste du Collectif Sauvons le Togo (CST) à Lomé. En face, Patricia Dagban-Zonvidé, la ministre de la Promotion de la femme, était tête de liste de l’Union pour la République (Unir), le parti présidentiel.

Au siège de la Commission électorale nationale indépendante, les premiers résultats du scrutin, encore partiels, semblent indiquer une percée du CST, mais l’Unir pourrait conserver la majorité des 91 sièges à pourvoir. Quant à l’Union des forces de changement (UFC), parti de Gilchrist Olympio, figure historique de l’opposition et fils du premier président togolais, elle pourrait payer cher son rapprochement avec le pouvoir et perdre du terrain à l’Assemblée… Comme lors des dernières législatives de 2007.

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Par Trésor Kibangula

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