Sénégal : le chef de la police destitué en raison d’une enquête judiciaire
Le plus haut responsable de la police du Sénégal et ex-chef de la lutte antidrogue du pays, Abdoulaye Niang, a été destitué de ses fonctions, le 25 juillet, afin qu’il puisse comparaître devant la justice.
Le commissaire Abdoulaye Niang, jusque là directeur général de la police sénégalaise, est accusé de trafic de stupéfiant, a annoncé le gouvernement sénégalais. Même si l’officier, jusqu’à preuve du contraire, n’a commis aucune faute, il a été limogé en raison de l’incompatibilité de ses hautes fonctions avec la procédure judiciaire en cours. Mme Anna Sémou Faye, ex-coordinatrice du Comité interministériel de lutte contre la drogue, le remplace à son poste.
La décision a été prise par le conseil des ministres, le 25 juillet, après la remise au président Macky Sall du dernier rapport administratif sur l’affaire. « Il aurait été inconvenant qu’un gradé de ce niveau puisse être convoqué par les policiers dans le cadre de l’enquête ouverte par le procureur de la République », explique le porte-parole du gouvernement, Abdou Latif Coulibaly, également ministre chargé de la Bonne gouvernance. « Sa destitution lui permet de disposer de tous les moyens pour se défendre devant la justice », a-t-il ajouté.
Accusations infondées ?
L’affaire a été révélée par la presse sénégalaise qui a rapporté les accusations lancées à l’encontre de Niang par un autre policier. Le commissaire Cheikh Sadibou Keïta, successeur de Niang à l’Office central de répression du trafic illicite de stupéfiants (OCRTIS), avait affirmé à la presse que son prédécesseur était impliqué dans une affaire de revente de drogues saisies par la police en complicité avec des trafiquants nigérians.
L’enquête administrative a finalement prouvé que les accusations portées par le commissaire Niang n’étaient pas fondées, mais, « l’enquête du procureur continue », a indiqué le porte-parole du gouvernement, M. Coulibaly. Des mesures disciplinaires seront cependant prises contre Keïta, qui a démissionné il y a quelques semaines de l’OCRTIS, et toutes les personnes impliquées dans les accusations contre l’ex-directeur général de la police.
Insultes et menaces de mort
Le journal privé Le Quotidien, qui a relayé les accusations contre Niang, a reçu ces derniers jours des appels téléphoniques d’insultes et de menaces de mort. Le groupe de presse Avenir Communication qui possède le titre a porté plainte contre X.
Le Sénégal fait figure de modèle en Afrique de l’Ouest, une zone de transit dans le trafic de drogues entre l’Amérique latine vers l’Europe. Les narcotrafiquants profitent de la faiblesse de certains États et de leurs frontières. Plus de 20 saisies majeures de drogues ont été réalisées en série dans toute l’Afrique de l’Ouest entre 2005 et 2007, c’est-à-dire des milliers de kilos de cocaïne, avec plus de 11 tonnes pour la seule année 2007, d’après les chiffres de l’Office des Nations unies contre le trafic de drogue et la criminalité (ONUDC).
Les prises ont eu lieu pour la plupart en mer, pour certaines dans des avions privés ou des caches à terre, avec l’appui déterminant des marines nationales européennes. Toutefois, les grosses saisies y sont devenues rares après 2007, affirme l’ONUDC dans son dernier rapport mondial sur les drogues, publié en février.
(avec AFP)
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