Thierry Goffeau (MSF) : « Des milliers de déplacés sans assistance humanitaire adéquate » à Goma
Depuis le 14 juillet, les combats ont repris entre les rebelles du Mouvement du 23-Mars (M23) et l’armée congolaise, au nord de la ville de Goma. Des affrontements qui ont contraint « environ 4 000 personnes » à venir s’abriter dans la capitale du Nord-Kivu et ses environs, souvent dans des « sites spontanés » ne répondant pas à toutes les conditions d’hygiène, selon Thierry Goffeau, le chef de mission de Médecins sans frontières sur place (MSF). Interview.
Comme au mois de mai dernier, la reprise des affrontements entre le Mouvement du 23-Mars et les forces de l’armée régulière congolaise entraîne son corolaire de déplacés : 4 200 personnes ont fui leurs habitations, situées dans les zones de combats, pour venir s’abriter dans les églises et les écoles de Goma, selon l’ONG humanitaire Première Urgence. Comment sont-ils pris en charge sur place ? Thierry Goffeau, le chef de mission de Médecins sans frontières dans le Nord-Kivu, revient sur les derniers développements de la situation humanitaire dans l’est de la RDC.
Jeune Afrique : Quelle est la situation des déplacés depuis la reprise des combats, le 14 juillet, entre les rebelles du M23 et les FARDC (Forces armées de la RDC) à une dizaine de kilomètres au nord-ouest de la ville de Goma ?
Thierry Goffeau : La situation des déplacés n’a pas tellement évolué : elle est toujours précaire. Selon les agences onusiennes, quelque 4 000 autres personnes se sont déplacées depuis la reprise des combats. Par rapport aux chiffres antérieurs, nous constatons que ces déplacements sont réduits. Certes les combats sur le terrain demeurent violents, mais les personnes ne se déplacent pas en masse. Car la plupart des zones de combats avaient déjà été vidées de leurs habitants lors de premiers accrochages entre les deux belligérants au mois de mai dernier, avant la visite du secrétaire général des Nations unies, Ban-Ki Moon, au Nord-Kivu.
Comment se passe la prise en charge de ces nouveaux déplacés qui sont arrivés ces derniers jours à Goma ?
Les déplacés sont installés dans les écoles mais aussi dans certaines églises locales. Ce sont là des sites spontanés qui ne remplissent pas toujours toutes les conditions hygiéniques pour recevoir tout ce monde. Des milliers de déplacés se retrouvent ainsi sans assistance humanitaire adéquate. Nous appelons les agences spécialisées à convaincre les déplacés de rejoindre les camps à même à répondre à leurs besoins.
En attendant, que font les ONG humanitaires sur place ?
Des assistances pontuelles de certaines ONG sont à signaler. À notre niveau, nous avons mis en place un système de « cliniques mobiles » pour visiter tous ces sites spontanés où sont regroupés les nouveaux déplacés. À bord des voitures équipées (tables, tentes, équipements médicaux…), nous intervenons sur ces sites pour faire des consultations sur les lieux. Comme dans les autres camps de déplacés du Nord-Kivu, nous ne faisons jusque là face qu’à des cas d’infections pulmonaires et des diarrhées.
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Propos recueillis par Trésor Kibangula
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