Égypte : les Frères musulmans manifestent pour le retour de Morsi au pouvoir
Des dizaines de milliers de partisans de Mohamed Morsi se rassemblaient, vendredi 19 juillet, en Égypte pour réclamer le retour au pouvoir de l’ancien président. Le chef de l’État par intérim, Adly Mansour, et l’armée ont mis en garde les manifestants contre tout « recours à la violence ».
Les partisans du président islamiste Mohamed Morsi continuent à faire entendre leur colère après la destitution de ce dernier par l’armée le 3 juillet.
Vendredi après-midi, des cortèges partis de dix-huit mosquées du Caire à l’appel des Frères musulmans ont convergé vers deux sites que les islamistes occupent depuis près de trois semaines : la mosquée Rabaa al-Adawiya dans un faubourg au nord-est de la capitale, et les abords de l’Université du Caire, dans le quartier de Guizeh, plus proche du centre-ville.
À Rabaa al-Adawiya, la foule brandissait de pancartes sur lesquelles on pouvait lire « où est passé mon vote ? », en référence au scrutin qui avait porté Mohamed Morsi au pouvoir en juin 2012, première élection présidentielle démocratique en Égypte. Cette journée, intitulée « briser le coup d’État », allusion à la destitution de Mohamed Morsi par l’armée, « restera une date importante dans l’histoire du pays », prédisait Farid Ismaïl, un responsable des Frères musulmans.
Des dizaines de manifestants tués
Des manifestations islamistes avaient également lieu en province, à al-Arich (nord Sinaï), Marsa Matrouh (nord-ouest) Beni Suef et Minya (Moyenne Égypte), selon la télévision publique.
Des rassemblements des adversaires de Mohamed Morsi étaient également annoncés sur la place Tahrir et près du palais présidentiel. La mobilisation des anti-Morsi, dont l’objectif de chasser le président a été atteint, a toutefois été moins forte que celle des islamistes ces derniers jours.
Le président par intérim Adly Mansour a prévenu jeudi à la télévision qu’il mènerait « la bataille pour la sécurité jusqu’au bout » face à la volonté des islamistes de continuer à mobiliser dans la rue. Depuis le renversement de Mohamed Morsi, les violences ont fait plus d’une centaine de morts. Plus de 50 personnes ont notamment péri le 8 juillet devant le quartier général de la Garde républicaine au Caire. Dans la nuit de lundi à mardi, sept autres ont péri dans la capitale égyptienne lors de heurts en marge de manifestations.
Dialogue rompu avec les Frères musulmans
« Nous sommes à un moment décisif de l’histoire de l’Égypte, que certains veulent entraîner vers l’inconnu », a prévenu Adly Mansour. Le président par intérim, un magistrat de profession qui a prêté serment le 4 juillet, a été désigné par l’armée après la destitution Mohamed Morsi, cible quelques jours plus tôt de manifestations de grande ampleur réclamant son départ.
L’ex président islamiste est toujours détenu par l’armée et une vague d’arrestations a eu lieu parmi les membres des Frères musulmans. La confrérie a refusé toute négociation avec Adly Mansour et affirmé qu’elle poursuivrait ses rassemblements pour réclamer le retour de l’ancien président.
« Quiconque a recours à la violence dans les manifestations de vendredi mettra sa vie en danger », a de son côté averti l’armée dans un communiqué, qui précise toutefois que l’appel s’adresse aux « divers groupes politiques ».
Insécurité grandissante dans le Sinaï
Outre ces manifestations à risques, le pouvoir est confronté à une nette détérioration de la sécurité dans la péninsule du Sinaï, dans l’est du pays, où sont implantés des groupes islamistes radicaux. Les attaques contre la police et l’armée, mais aussi des civils, se sont multipliées depuis le 3 juillet dans cette région, où l’armée a renforcé sa présence pour tenter de rétablir la stabilité. Selon des sources médicales, quatre policiers y ont été tués en moins de 48 heures. L’agence officielle Mena a indiqué jeudi que dix jihadistes avaient été tués en deux jours lors d’une opération de l’armée contre des combattants islamistes du Sinaï.
Sur le front diplomatique, le nouveau ministre des Affaires étrangères Nabil Fahmy s’est entretenu au téléphone avec son homologue américain John Kerry sur le Moyen-Orient et la situation intérieure égyptienne. Le ministre égyptien, issu du nouveau gouvernement qui a prêté serment mardi soir, s’est également entretenu avec ses homologues français, italien, espagnol, grec et suédois.
La communauté internationale s’est, à l’exception notable de la Turquie, globalement abstenue de qualifier explicitement de « coup d’État » le renversement de Mohamed Morsi. De nombreuses capitales ont toutefois exprimé leur inquiétude et appelé à un retour rapide aux voies démocratiques.
(Avec AFP)
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