Congo – Raymond-Zéphirin Mboulou : « La tricherie aux élections n’est plus possible »

Pour éviter toute contestation au prochain scrutin local, le ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation démarre, le 23 juillet, une campagne de recensement administratif spécial qui permettra d’avoir un nouveau fichier électoral. C’est l’une des applications de l’accord auquel le gouvernement et l’opposition avaient abouti après la concertation de Dolisie, en mars. Les élections locales sont importantes pour l’opposition dont la représentation au Parlement s’est réduite à la portion congrue. Interview avec le ministre congolais de l’Intérieur, Raymond-Zéphirin Mboulou.

Le président congolais Denis Sassou Nguesso vote aux législatives en 2012. © AFP

Le président congolais Denis Sassou Nguesso vote aux législatives en 2012. © AFP

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Publié le 19 juillet 2013 Lecture : 3 minutes.

Jeune Afrique : Pourquoi le recensement administratif spécial intervient-il maintenant ?

Raymond-Zéphyrin Mboulou : En 2001, le Congo a organisé un recensement administratif général. L’état-civil n’était plus bien tenu après les soubresauts  que le pays a connus. Tout avait été détruit. Depuis, à la veille de chaque élection, nous révisons le fichier électoral pour l’adapter à l’évolution de la société. Mais d’aucuns, dans l’opposition, affirment que l’administration ou le pouvoir a introduit 50 000 ou 500 000 électeurs fictifs pour faire gagner le camp du président Sassou. Ce n’est pas possible !

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Comment le mécanisme de révision fonctionnera-t-il ?

Les listes électorales seront affichées dans toutes les localités du pays. Chaque électeur devra retrouver son nom. S’il y a des personnes décédées, il appartiendra à leurs proches de le signaler. C’est là qu’on peut supprimer des noms. Si un mineur a atteint la majorité, il doit le prouver en montrant son acte de naissance et sa carte d’identité. Ce processus n’est pas nouveau, nous le mettons en place à l’approche de toute élection. Ce fut le cas pour les locales de 2008, la présidentielle de 2009, les législatives de 2012, par exemple.

S’il ne s’agit que de cela, comment expliquez-vous les contestations,  toujours plus vives, à l’issue de chaque scrutin ?

C’est vrai qu’il y a toujours eu des contestations. Mais n’oublions pas que le Congo a connu beaucoup de déplacés suite aux troubles de la fin des années 1990 et du début des années 2000. L’ancien fichier électoral existe. Nous le mettons simplement à jour afin d’aller sereinement aux élections locales.

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Le gouvernement a souvent été accusé d’enrôler des étrangers pour gonfler les listes électorales et l’emporter. Qu’en dites-vous ?

Les citoyens congolais ont une carte d’identité et un certificat de naissance qui sont la preuve de leur nationalité. On nous accuse de ce que vous évoquez ? Ce sont pourtant nos pourfendeurs qui recrutent des étrangers pour assister à leurs meetings ou pour tout casser. Nous en avons arrêté plus d’une fois un certain nombre.

Il n’y a qu’une opposition au Congo.

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Qu’est-ce qui pourra garantir la fiabilité du prochain fichier électoral ?

Nous avons toute la classe politique avec nous. Chacun est impliqué, avec un droit de regard. Le recensement se déroulera de façon paritaire entre la majorité, l’opposition, les partis du centre, la société civile et l’administration. Le travail des agents recenseurs sera ensuite vérifié par des contrôleurs. Ce sera vraiment une remise à zéro du fichier. 

Mais vous semblez oublier que l’opposition dite radicale n’est pas partie prenante à ce processus.

Pour moi, il n’y a qu’une opposition au Congo. Tant pis pour ceux qui s’excluent eux-mêmes depuis des années. Une chose est sûre : l’opposition a désigné ses représentants dans les différentes commissions. Le consensus est là.

Quel rôle jouera l’informatique dans le recensement ?

Afin d’éviter toute contestation, nous doterons chacune de nos 111 circonscriptions  d’un ordinateur autonome, qui ne sera relié à aucun centre. Tout se fera localement, sans aucune interconnexion. C’est pour prouver qu’il n’y a rien à cacher. Le chef de l’État a toujours préféré la paix à la guerre. C’est notre credo.

Tout compte fait, la suspicion qui a toujours pesé sur les élections au Congo ne vient-elle pas d’un déficit d’expertise ?

Je ne pense pas. Nous avons ce qu’il faut et nous ne recherchons aucune expertise extérieure. 

Quand est-ce que les élections locales auront lieu ? 

Nous mettons tout en œuvre pour que ce soit avant la fin de l’année.

Pensez-vous que le gouvernement ne sera plus accusé de les avoir mal organisées ou d’avoir triché ?

Personne ne peut plus tricher. Les concertations d’Ewo avec l’opposition ont conduit à la mise en place d’un système dans lequel les procès-verbaux des dépouillements seront rédigés sur place, tandis que les résultats seront affichés le même jour. Chaque parti, chaque groupement aura le procès-verbal du dépouillement. Chaque candidat, chaque parti sera représenté dans les bureaux de vote. J’ajoute que les membres des différentes commissions ont été nommés en toute indépendance par leurs formations politiques. 

Quand est-ce que les élections locales auront lieu ?

Nous mettons tout en œuvre pour que ce soit avant la fin de l’année.

Y aura-t-il, cette fois-ci, suffisamment de femmes ?

Il s’agit là d’un problème d’organisation au sein des partis et de mentalités. Mais nous ferons en sorte qu’il y ait 30 % de femmes sur  les listes électorales.

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Propos recueillis à Brazzaville par Tshitenge Lubabu M.K.

 

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