L’Égypte se dote d’un nouveau gouvernement sans islamistes

Le nouveau gouvernement égyptien a prêté serment, mardi 16 juillet, moins de deux semaines après le renversement du président Mohamed Morsi par l’armée. La nouvelle équipe gouvernementale a immédiatement été rejetée par les Frères musulmans.

Le nouveau gouvernement égyptien, le 16 juillet au Caire. © AFP

Le nouveau gouvernement égyptien, le 16 juillet au Caire. © AFP

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Publié le 17 juillet 2013 Lecture : 3 minutes.

Moins de deux semaines après la destitution de Mohamed Morsi, alors que des violences continue à faire de nombreuses victimes, l’Égypte s’est dotée d’un nouveau gouvernement, qui comprend plus d’une trentaine de membres issus d’horizons divers. Les Frères musulmans, mouvement dont est issu le président déchu, a immédiatement rejeté ce nouveau gouvernement. « Nous ne reconnaissons pas sa légitimité ni son autorité », a réagi un porte-parole de la confrérie, Gehad El-Haddad.

Une personnalité émerge de ce nouveau cabinet : le général Abdel Fattah al-Sissi, chef de l’armée et homme-clé dans le renversement de Mohamed Morsi, le 3 juillet, après des manifestations monstres réclamant son départ. Le général Sissi demeure non seulement ministre de la Défense, mais hérite en plus d’un poste de vice-Premier ministre, au même titre que l’avocat d’affaires et économiste, Ziad Bahaa Eldin (ministre de la Coopération internationale), et l’universitaire Hossam Eissa (Enseignement supérieur).

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Un gouvernement de "rassemblement"

Le prix Nobel de la paix et figure de l’opposition, Mohamed El-Baradei, avait déjà prêté serment dimanche comme vice-président chargé des relations internationales. Nabil Fahmy, un diplomate chevronné, ancien ambassadeur à Washington, prend la tête des Affaires étrangères, tandis qu’Ahmad Galal, un ancien de la Banque mondiale, devient ministre des Finances. Le nouveau gouvernement compte par ailleurs trois femmes ainsi que trois coptes, une communauté chrétienne très hostile à l’ancien président islamiste.

Le Premier ministre Hazem al-Beblawi, un économiste de 76 ans, avait été chargé le 9 juillet dernier de former le nouveau cabinet par le président intérimaire choisi par l’armée, Adly Mansour. Selon Hassan Nafaa, professeur de Sciences politiques à l’Université du Caire, « c’est plutôt un gouvernement de rassemblement » de toutes les composantes de l’opposition à Mohamed Morsi. « Je pense qu’il y aura ensuite une tentative pour attirer quelques salafistes (souvent en rivalité avec les Frères musulmans, NDLR) » pour l’élargir au delà des formations laïques, a-t-il ajouté.

Diffusée par la télévision d’État, la prestation de serment du cabinet devant le président intérimaire représente une étape supplémentaire dans la transition politique. Celle-ci doit mener à l’adoption d’une nouvelle Constitution, puis à des législatives d’ici début 2014, avant la tenue d’une nouvelle présidentielle. Le nouveau gouvernement devra également faire face à une grave crise économique.

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Appel à la "réconciliation nationale"

Mardi, la présidence a exhorté toutes les forces politiques à participer à ses « efforts » de « réconciliation nationale ». Mais les nouvelles autorités ont aussi récemment engagé des poursuites contre plusieurs hauts responsables de la confrérie, dont son guide suprême, Mohamed Badie.

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Les violences ont fait plus d’une centaine de morts depuis le 3 juillet. Dans la nuit de lundi à mardi, sept personnes ont été tuées et plus de 260 blessées en marge de nouvelles manifestations de plusieurs dizaines de milliers de partisans de Mohamed Morsi, qui occupent les abords de la mosquée Rabaa al-Adawiya, au Caire. Plus de 400 personnes ont été interpellées lors de ces affrontements, les premiers dans la capitale depuis ceux qui avaient fait 53 morts, le 8 juillet, devant la Garde républicaine.

Les partisans de Mohamed Morsi, qui dénoncent un « coup d’État militaire » contre le premier président démocratiquement élu, affirment qu’ils ne cesseront leur mobilisation qu’à son retour. De leur côté, les anti-Morsi, qui reprochent au président déchu d’avoir gouverné au seul profit de sa confrérie et de ne pas avoir fait face à la crise économique, appellent eux aussi à des rassemblements réguliers, même si leur mobilisation semble avoir baissé.

Visite de Catherine Ashton

Lundi, le secrétaire d’État adjoint William Burns, premier haut responsable américain à se rendre au Caire depuis la chute de Mohamed Morsi, a appelé à l’apaisement et au dialogue « entre toutes les parties ». Quant à la chef de la diplomatie de l’Union européenne, Catherine Ashton, elle a annoncé qu’elle se rendrait mercredi au Caire pour appeler à un « retour le plus rapidement possible à la transition démocratique ».

Catherine Ashton, en annonçant sa visite, a indiqué qu’elle rencontrerait le président par intérim Adly Mansour et des membres du nouveau gouvernement, et qu’elle s’entretiendra aussi « avec d’autres forces politiques et des représentants de la société civile. ».

Sur le plan économique, l’agence de notation financière Standard and Poor’s a confirmé mardi la note de l’Égypte à "CCC+/C’" avec une perspective stable, rassurée par les aides promises par des pays du Golfe.

(Avec AFP)

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