RDC : les rebelles du M23 repoussés de Mutaho, selon la Monusco
Les rebelles du Mouvement du 23-Mars (M23) ont été défaits, le 15 juillet, à Mutaho, une localité située à une dizaine de kilomètres au nord-ouest de la ville de Goma. Les combats ont éclaté la veille après le renforcement des positions du groupe rebelle à Kibati, plus au nord de la capitale du Nord-Kivu.
« Quelques 120 éléments des forces négatives assaillantes ont été tués lors des combats et une douzaine d’entre eux ont été capturés par les forces loyalistes ». Lambert Mende, le porte-parole du gouvernement congolais, est catégorique : les FARDC (Forces armées de la RDC) ont infligé de « très lourdes pertes » aux rebelles du Mouvement du 23-Mars (M23), qui ont attaqué les positions de l’armée congolaise à Mutaho et Rusayo, des localités situées à 12 km au nord-ouest de Goma ».
Du côté rebelle, on se refuse de donner un quelconque bilan. « Dans tous les cas, ce sont des Congolais qui meurent, avance Amani Kabasha, le porte-parole à l’intérim du M23. Nos positions ont été pilonnées toute la nuit depuis les collines de Mutaho par les éléments de l’armée régulière, avant qu’ils ne tentent une incursion vers 3 heures du matin, mais nous sommes en train de résister ».
"Acte de provocation"
Des affrontements entre le groupe rebelle et l’armée gouvernementale ont éclaté, le 14 juillet, à Mutaho et se sont poursuivis le lendemain, après une brève trêve en fin de soirée. « Il est difficile de savoir quelle partie a pris l’initiative des combats, mais nous avons observé un acte de provocation de la part du M23 qui a commencé à renforcer ses positions à Kibati avec un tank et de l’armement lourd », relève Madnodje Mounoubai, le porte-parole de la Mission de l’ONU pour la stabilisation du Congo (Monusco).
Selon la Monusco et le gouvernement de la RDC, les rebelles du M23 ont finalement été repoussés de Mutaho. « Avant les combats, la localité était occupée à la fois par les soldats des FARDC et les rebelles du M23, séparés les uns des autres sur une distance de 100 mètres. Mais, aujourd’hui, d’après les informations en notre possession, seule l’armée régulière contrôle le lieu », explique Madnodje Mounoubai. « Des forces loyalistes ont également reconquis quelques positions de l’ennemi qui a fui vers Kilimanyoka à proximité de Kibati, plus au nord de la capitale du Nord-Kivu », ajoute, de son côté, Lambert Mende.
Pour empêcher toute tentative d’étendre ces combats vers le Sud, c’est-à-dire à Goma, les troupes onusiennes ont « renforcé leur dispositif derrière les FARDC », annonce Madnodje Mounoubai, soulignant l’objectif des Casques bleus de « protéger les civils dans la ville de Goma et les camps des déplacés environnants ». Un « couloir » a également été dégagé pour permettre aux habitants des zones de combats de venir s’abriter derrière les lignes tenues par les troupes onusiennes.
Nous n’avons nullement l’intention de marcher sur Goma.
Amani Kabasha, porte-parole du M23
Mais, à Bunagana, fief du mouvement rebelle, on se veut moins va-t-en-guerre. C’est la voie du dialogue qui est officiellement mise en avant, même si sur le terrain, l’option militaire semble souvent prendre le dessus. « Nous n’avons nullement l’intention de marcher sur Goma, tente de rassurer Amani Kabasha. La solution à la crise dans l’est du pays passe par le retour de Kinshasa sur la table des négociations à Kampala : la communauté internationale, au lieu de s’en prendre à nous, devrait plutôt demander à Joseph Kabila de revenir discuter ». En attendant, le M23 signe et persiste : leurs hommes sont toujours à Mutaho.
Loin de la ligne de front, « deux bombes sont tombés à 15H05, à Kageshi et à Gasiza, dans le secteur de Busasamana, district de Rubavu, dans l’ouest du Rwanda », a déclaré le porte-parole militaire du ministère rwandais de la Défense, le général de brigade Joseph Nzabamwita qui parle d’un « acte provocation délibérée » de la part des FARDC et de la mission onusienne. Kigali dit également avoir des « informations crédibles » de la présence de rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) intégrés dans l’armée congolaise.
De son côté, Kinshasa accuse Kigali d’avoir envoyé une nouvelle fois « [ses] troupes régulières » soutenir les rebelles du M23 et dénonce l’asile que les autorités rwandaises auraient accordé aux anciens dirigeants du M23 – Jean Marie Runiga et Baudouin Ngaruye, qui s’étaient réfugiés sur son territoire après la scission du mouvement rebelle. Décidément, le ping pong entre les deux pays voisins est encore loin de se terminer…
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Par Trésor Kibangula
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