Égypte : sous pression, les pro-Morsi ne se démobilisent pas

Malgré le gel des avoirs de hauts responsables islamistes, les partisans de l’ex-président Mohamed Morsi ne se démobilisent pas et appellent à de nouvelles manifestations lundi 15 juillet au Caire. Face à eux ils retrouveront une nouvelles fois les opposants au président déchu. La formation définitive du gouvernement intérimaire devrait par ailleurs être annoncée dans la semaine, une situation suivie attentivement depuis l’étranger.

Un opposant à Mohamed Morsi, le 12 juillet sur la place Tahrir au Caire. © AFP

Un opposant à Mohamed Morsi, le 12 juillet sur la place Tahrir au Caire. © AFP

Publié le 15 juillet 2013 Lecture : 4 minutes.

Si de nouvelles démonstrations de force de partisans et de détracteurs de Mohamed Morsi sont attendues, ce lundi au Caire, c’est bien la formation définitive du gouvernement intérimaire, prévue dans la semaine, qui est au centre de toutes les attentions.

Un intérêt perceptible avec l’arrivée en Égypte d’un haut responsable américain, William Burns, pour une visite de deux jours – la première d’un haut responsable américain depuis la destitution par l’armée de Mohamed Morsi le 3 juillet.

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« Il rencontrera des responsables du gouvernement par intérim ainsi que des responsables de la société civile et des entreprises », a indiqué le département d’État dans un communiqué. « Dans toutes ces rencontres, il soulignera le soutien des États-Unis aux Égyptiens, pour la fin des violences et pour une transition qui conduise à un gouvernement civil ouvert et démocratiquement élu », précise-t-il.

Attaque sanglante dans le Sinaï

La situation sécuritaire reste tendue en Égypte. Lundi matin, au moins trois personnes ont été tuées et 17 blessées dans l’attaque par des hommes armés d’un bus transportant des ouvriers d’une cimenterie à Al-Arish, dans le nord de la péninsule du Sinaï, où les troubles sont récurrents.

Dimanche, Mohamed Morsi a par ailleurs été interrogé sur son évasion de prison début 2011. L’ex-chef de l’État, ainsi que d’autres membres des Frères musulmans, ont été interrogés dans un lieu tenu secret sur les circonstances de leur évasion de la prison de Wadi Natroun (au nord-ouest du Caire), durant la révolte contre Hosni Moubarak.

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L’enquête, menée par la Sécurité intérieure, cherche en particulier à déterminer si la confrérie a bénéficié de l’aide de groupes étrangers comme le Hezbollah libanais ou le Hamas palestinien. Samedi, des sources judiciaires avaient par ailleurs annoncé que le nouveau procureur général, Hicham Barakat, examinait des plaintes de particuliers contre Mohamed Morsi et d’autres membres des Frères musulmans, pour « espionnage », « incitation au meurtre de manifestants » et « mauvaise gestion économique ». Le procureur général a en outre ordonné le gel des avoirs de 14 hauts responsables islamistes, parmi lesquels le Guide suprême Mohamed Badie et huit autres dirigeants des Frères musulmans.

Mohamed Morsi traité "dignement"

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Une centaine de personnes sont mortes depuis le renversement de Mohamed Morsi par l’armée, au terme de manifestations massives réclamant son départ. Les heurts les plus sanglants sont survenus le 8 juillet, lors d’un rassemblement pro-Morsi devant le siège de la Garde républicaine au Caire, faisant au moins 53 morts. Un mandat d’arrêt a été émis contre le Guide suprême des Frères et d’autres responsables de la confrérie en lien avec ce drame. En revanche, quelque 200 personnes arrêtées la semaine dernière ont été libérées dimanche.

Les deux camps rivaux ont encore prévu de nouvelles manifestations lundi au Caire. Les partisans de Mohamed Morsi, auquel des millions d’Égyptiens ont reproché de ne pas avoir su gérer le pays et de n’avoir servi que les intérêts de sa confrérie, sont rassemblés depuis deux semaines devant la mosquée Rabaa al-Adawiya. Ils exigent le retour du premier président démocratiquement élu du pays.

Le nouveau pouvoir, sourd à ces demandes, a assuré que l’ex-chef de l’État se trouvait « en lieu sûr » et était « traité dignement », même s’il n’était pas apparu en public depuis son arrestation. Washington, ainsi que Berlin, ont réclamé sa libération.

Dans un premier commentaire depuis son allocution du 3 juillet, le général Abdel Fattah al-Sissi – nouvel homme fort du pays – a affirmé que l’armée avait agi après le refus de Mohamed Morsi d’organiser un référendum sur sa présidence.

Nomination imminente d’un nouveau gouvernement

Parallèlement, le Premier ministre Hazem Beblawi a poursuivi dimanche ses tractations pour constituer au plus vite un nouveau gouvernement, afin de maintenir le cap politique fixé par le président intérimaire Adly Mansour, qui doit notamment mener à des élections législatives début 2014.

Le prix Nobel de la Paix Mohamed El-Baradei a quant à lui prêté serment comme vice-président chargé des relations internationales, et l’ancien ambassadeur à Washington, Nabil Fahmy, a dit avoir accepté le poste de ministre des Affaires étrangères. Ahmed Galal, un ancien de la Banque mondiale (BM), va devenir ministre des Finances. Selon Hazel Beblawi, la composition du gouvernement pourrait être annoncée mardi ou mercredi. Il a réaffirmé que ses priorités seraient de restaurer la sécurité, d’assurer la fourniture des biens et services et de préparer les échéances électorales.

L’évolution de la crise dans le pays le plus peuplé du monde arabe est toujours scrutée de près à l’étranger : le chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, s’est dite « profondément préoccupée », tandis que le Premier ministre turc, l’islamiste Recep Tayyip Erdogan, a clamé que Mohamed Morsi demeurait le seul chef d’État légitime à ses yeux. Dimanche soir, des milliers de personnes se sont rassemblées à Istanbul en soutien à Mohamed Morsi.

(Avec AFP)

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