Lassana Palenfo : « 2024, c’est un peu tôt pour des olympiades en Afrique »

Le président de l’Association des comités nationaux olympiques d’Afrique (Acnoa), arrive au terme de son deuxième mandat. Alors que Lassana Palenfo s’apprête à être réélu confortablement le 12 juillet à Abidjan, en l’absence d’un challenger, l’Ivoirien se livre sur les défis de l’olympisme africain.

Publié le 11 juillet 2013 Lecture : 4 minutes.

Jeune Afrique : vous êtes candidat unique, comment expliquez-vous cela ?

Lassana Palenfo : Mes pairs ont souhaité que je me représente pour un troisième mandat. Je crois que c’est une marque de considération pour mon équipe qui a apporté quelques résultats.

la suite après cette publicité

Vous vous apprêtez à être confortablement réélu, quel bilan défendez-vous à la tête de l’Acnoa ?

Il est assez positif dans son ensemble. Nous avons bâti un nouveau siège à Abuja et organisé des jeux de zones dans les cinq régions du continent en vue de la préparation des Jeux olympiques de la jeunesse [en 2014 à nankin, en Chine, NDLR]. Nous voulons améliorer les bons résultats obtenus lors de la première édition, en 2010, à Singapour. Pendant notre deuxième mandat, nous avons organisé les jeux africains de la jeunesse au Maroc [en 2010, à Rabat, ndlr] Pour résumer, l’Acnoa a essayé d’avoir une présence assez importante dans tous les milieux sportifs.

À Rio, notre objectif sera d’obtenir plus de titres olympiques qu’à Londres.

À quels grands défis l’olympisme africain est-il confronté aujourd’hui ?

Celui de la performance. À Rio, notre objectif sera d’obtenir plus de titres olympiques qu’à Londres où nous sommes descendus en dessous des 40 médailles [Chiffre record atteint à Pékin en 2008], moins que ce que l’on attendait.

la suite après cette publicité

Il faut monter des centres destinés aux athlètes sur tout le continent pour que les formations puissent avoir lieu sur place. Il faut aussi développer le sport de proximité et nous consacrer à l’éducation et la lutte contre le dopage…

Comment expliquer les faibles performances des sportifs africains à chaque édition des Jeux olympiques ?

la suite après cette publicité

C’est une question de formation et de moyens. Chaque comité n’a droit qu’à cinq bourses sur un terme quadriennal pour la formation de ses athlètes, ce qui n’est pas suffisant. De plus, nous perdons très souvent ces athlètes que nous envoyons à l’extérieur parce que certains États les récupèrent. La qualité est là mais la quantité diminue.

Malgré cette solidarité olympique, il n’y a pas assez de marketing et de sponsors pour pouvoir soutenir les sportifs. Un athlète olympique doit pouvoir se préparer sur une période d’au moins quatre ans, voire huit ans.

Malheureusement, nos athlètes ne sont formés que sur deux ou trois années avant les compétitions, alors qu’ils concourent avec des gens qui sont formés sur huit ou douze ans.

L’an dernier à Londres, des athlètes ont profité de leur participation aux jeux pour s’enfuir, qu’est-ce que vous en déduisez ?

C’est parce qu’ils pensent avoir une vie meilleure et davantage de moyens en s’expatriant. Des pays comme le Qatar leur font des propositions alléchantes et ils prennent la clé des champs. C’est pourquoi, il faut leur donner la possibilité de subvenir à leur besoins après les compétitions.

Quelles conditions faut-il réunir pour mener dignement une  carrière sportive professionnelle en Côte d’Ivoire et en Afrique ?

En plus de la formation sportive, un athlète doit pouvoir suivre une formation professionnelle. Lorsqu’ils arrêtent la compétition cela leur permettra d’avoir les moyens de survivre.

Il faut leur donner aux athlètes la possibilité de subvenir à leur besoins après les compétitions.

Que faut-il pour que de grandes stars nationales telles que Murielle Ahouré puissent émerger ?

Il faut leur permettre de participer à beaucoup de compétitions avant les olympiades. C’est à cela que servent les bourses olympiques.

Peut-on espérer que les Jeux olympiques soient organisés dans un pays d’Afrique en 2024 ? L’Acnoa y travaille-t-elle ?

C’est notre souhait mais pour ma part, je pense 2024 c’est un peu tôt. Le Jeux olympiques, c’est 28 sports minimum en un seul lieu, dans une seule ville. Il faut bâtir des infrastructures, des hôtels, mettre en place tous les moyens de transports et de communication pour dix ou douze mille athlètes… Cela n’est pas chose aisée, nos pays sont encore en voie d’émergence. De plus, il ne suffit pas d’organiser des olympiades, les infrastructures créées doivent pouvoir être utilisées après. En Afrique du Sud, la Coupe du monde a été organisée, mais on voit bien que les stades construits ne sont pas utilisés. Pour le moment, je pense que nous pouvons envisager d’organiser les jeux de la jeunesse. Il faut procéder par étapes.

Quel est le candidat de l’Afrique parmi les trois villes (Madrid, Istanbul, Tokyo) encore en lice pour 2020 ?

Aucune pour le moment, nous attendons de nous décider à la dernière minute, au moment où nous aurons tous les éléments d’appréciation à Buenos Aires, lors du vote de septembre.

Quel est votre programme pour la mandature de quatre ans à venir ?

La priorité sera donnée à la préparation des jeux de Rio en 2016. Ensuite, nous allons travailler au développement des centres et à l’encadrement administratif au niveau des États. Ensuite, nous devons continuer à améliorer la représentativité des femmes et travailler à éviter la défection des jeunes talents.

________

Propos recueillis par Abdel Pitroipa
 

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires