Football : occupation israélienne, humiliation palestinienne
Sepp Blatter, le président de la Fifa, s’est déplacé en Palestine puis en Israël, les 8 et 9 juillet, afin de trouver une solution à la question de la libre circulation des footballeurs palestiniens, mais également à celle des multiples tracasseries rencontrées par les équipes étrangères dans les Territoires occupés.
Lors de sa visite en Israël et en Cisjordanie, les 8 et 9 juillet, le président de la Fifa, Sepp Blatter, a plusieurs fois répété qu’il allait « se battre » pour que les entraves à la circulation des sportifs, palestiniens ou non, dans les territoires occupés soient levées. « J’ai reçu un mandat pour cela. C’est une mission difficile, que je prends très au sérieux, mais je suis optimiste. Je vais rendre un rapport [au Comité exécutif de la Fifa , NDLR] en octobre », a précisé le Suisse, sans évoquer les sanctions que pourrait demander la Palestine si rien ne changeait rapidement.
« Israël ne veut pas accorder à la Palestine la jouissance du règlement de la Fifa sur la libre circulation des sportifs. Quand j’ai évoqué cela lors du dernier congrès à Maurice en mai, j’ai été compris et soutenu, alors qu’Avi Luzon, le président de la Fédération israélienne, était isolé. Je ne souhaite à aucun athlète israélien d’avoir à subir les humiliations que nous subissons », a expliqué Jibril Rajoub, le président de la Fédération palestinienne.
Footballeurs palestiniens en détention
« La politique israélienne a toujours été de nier l’existence de la Palestine », accuse-t-il. Et de citer des exemples de footballeurs palestiniens arrêtés « arbitrairement », selon lui. « Mahmoud Sarsak a été détenu trois ans sans preuve. Omar Rweis et Mohammad Nimer le sont depuis février 2012 », précise-t-il. Et quand ils ne passent pas plusieurs mois, voire plusieurs années, dans les prisons israéliennes, les footballeurs palestiniens rencontrent souvent des difficultés au sein même des territoires occupés.
« Quand il y a des rassemblements de l’équipe nationale, il est fréquent que des joueurs soient bloqués à un check-point pendant des heures. Ou que certains n’aient pas le droit de quitter le pays, ou que d’autres patientent des jours, voir des semaines, à la frontière jordanienne, au retour d’un déplacement à l’étranger », indique Rami rabi, international et président de l’association des footballeurs palestiniens.
Blatter, lui-aussi bloqué
Les restrictions imposées par les autorités israéliennes ne concernent pas seulement les Palestiniens. Depuis plusieurs années, des personnalités officielles de la Fifa ou de la Confédération asiatique de football (AFC), des arbitres, des clubs brésiliens, sud-africains, et quelques sélections africaines (Zambie, Centrafrique) n’ont pas reçu l’indispensable autorisation pour venir jouer à Al-Ram, et du matériel voyageant avec les équipes sont souvent bloqués à la douane.
« Un jour, deux joueuses d’une sélection nationale féminine de Birmanie ont été interdites de séjour », ajoute Rajoub. « Juste pour le principe, et c’est humiliant pour nous. Les Israéliens laissent en général facilement entrer des équipes venant de pays musulmans. Mais ils estiment que si une équipe africaine ou sud-américaine vient, cela équivaut à une forme de reconnaissance », poursuit Rami rabi, un proche du président de la fédération.
Lors de sa visite en Palestine, Blatter s’est également remémoré les difficultés rencontrées lors de ses précédents voyages. « En novembre 1999, son avion privé s’était posé à Rafah, à Gaza, et il avait été bloqué une heure sur place et deux heures à un check-point », se souvient un témoin de la scène. En novembre 2008, le président de la Fifa avait dû attendre une bonne heure sur le pont Allenby, sur le Jourdain. Mais cette année, il n’a attendu que quelques secondes.
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Par Alexis Billebault, envoyé spécial en Palestine
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