Égypte : les autorités ordonnent l’arrestation du chef des Frères musulmans

Les autorités égyptiennes ont ordonné, mercredi 10 juillet, l’arrestation de plusieurs hauts responsables de la confrérie des Frères musulmans, dont son guide suprême, Mohamed Badie. De son côté, l’ancien président Mohamed Morsi, arrêté après sa destitution, ne fait « pour l’heure l’objet d’aucune poursuite » judiciaire.

Le guide suprême des Frères musulmans, Mohamed Badie (d), le 5 juillet 2013 au Caire. © AFP

Le guide suprême des Frères musulmans, Mohamed Badie (d), le 5 juillet 2013 au Caire. © AFP

BENJAMIN-ROGER-2024

Publié le 10 juillet 2013 Lecture : 3 minutes.

La répression continue à s’abattre contre les islamistes en Égypte. Mercredi, la justice égyptienne a ordonné l’arrestation du guide suprême et de plusieurs responsables des Frères musulmans dans le cadre des violences meurtrières de lundi au Caire.

>> Lire : Égypte : l’ancien ministre des Finances, Hazem al-Beblawi, nommé Premier ministre

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D’après une source judiciaire, Mohamed Badie et d’autres hauts responsables de la confrérie sont accusés d’incitation à la violence. Environ 200 personnes ont aussi été inculpées dans le cadre des évènements sanglants survenus lundi matin en marge d’une manifestation de partisans pro-Morsi devant le siège de la Garde républicaine au Caire. Selon les urgences, ces violences ont fait 51 morts et 435 blessés.

La confrérie, qui a appelé au « soulèvement » après ce « massacre », a affirmé que des soldats et des policiers avaient ouvert le feu sans aucune raison sur les manifestants. L’armée a pour sa part assuré avoir répliqué après une attaque de « terroristes armés ».

Pour l’organisation de défense des droits de l’homme Amnesty International, « même si certains manifestants ont pu se montrer violents, la réponse (de l’armée) a été disproportionnée et est à l’origine de décès et de blessures parmi la foule ».

Mohamed Badie était déjà sous le coup d’un mandat d’arrêt pour de précédentes violences.

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Morsi "en lieu sûr"

De son côté, Mohamed Morsi, arrêté après sa destitution, ne fait « pour l’heure l’objet d’aucune poursuite » judiciaire, a assuré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Badr Abdelatty. Selon lui, l’ancien président se trouve « en lieu sûr, pour son propre bien, et il est traité dignement ».

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Alors que la tension reste extrême dans le pays, le nouveau Premier ministre, Hazem al-Beblawi – dont la nomination mardi soir a été accompagnée de celle du prix Nobel Mohamed el-Baradei à un poste de vice-président -, tentait de former dans les meilleurs délais un gouvernement.

Hazem al-Beblawi, 76 ans, vice-Premier ministre et ministre des Finances en 2011 durant la première période de transition post Hosni Moubarak, aura la lourde tâche de favoriser la réconciliation dans le pays et de redresser l’économie, au bord de la faillite.

Dans la foulée de sa désignation, un porte-parole de la présidence a indiqué que Hazem al-Beblawi allait proposer « quelques postes » aux Frères musulmans au sein du gouvernement de transition. Cette tentative de main tendue a toutefois été sèchement rejetée par la confrérie. « Nous ne pactisons pas avec des putschistes. Nous rejetons tout ce qui émane de ce coup » militaire, a déclaré le porte-parole du mouvement islamiste Tareq al-Morsi.

La confrérie a également dénoncé le plan de transition présenté par Adly Mansour. « Un décret constitutionnel par un homme nommé par des putschistes (…) ramène le pays à la case départ », a ainsi commenté un haut responsable, Essam al-Erian, sur son compte Facebook.

Critiques de l’opposition laïque

Le cadre institutionnel provisoire annoncé par Adly Mansour prévoit, entre autres, l’adoption d’une nouvelle Constitution et la tenue d’élections législatives d’ici début 2014. En attendant, le pouvoir législatif reste entre les mains du président par intérim.

Le Front de salut national (FSN), une coalition laïque, et le mouvement Tamarrod, à l’origine des manifestations de masse ayant abouti à l’éviction du président Morsi, ont quant à eux aussi émis des critiques. La coalition est « en désaccord » avec « des articles » du décret publié et « proposera ses propres amendements au président », a indiqué le FSN.

Dans la rue, les deux camps, pro et anti-Morsi, restaient fortement mobilisés. En une semaine, une centaine de personnes ont été tuées dans des heurts à travers le pays. Dans la nuit de mardi à mercredi, des attaques de militants armés contre une base de la police et deux points de contrôle ont en outre fait deux morts dans la péninsule du Sinaï (Nord-Est).

(Avec AFP)

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