La situation humanitaire en Centrafrique « pire que jamais », selon des ONG françaises

Médecins sans frontières (MSF) et quatre autres ONG françaises ont dénoncé, le 9 juillet, « l’abandon » de la Centrafrique par une communauté internationale qui conditionne son aide à un improbable retour de la sécurité dans un pays où « l’État n’existe plus » et où « la pénurie alimentaire menace ».

Pour le premier trimestre 2013, la Centrafrique a compté 173 000 déplacés, selon l’OCHA. © Laura Fultang/OCHA

Pour le premier trimestre 2013, la Centrafrique a compté 173 000 déplacés, selon l’OCHA. © Laura Fultang/OCHA

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Publié le 10 juillet 2013 Lecture : 2 minutes.

La Centrafrique est abandonnée à son triste sort par la communauté internationale. C’est ce qui ressort d’un communiqué commun publié le 9 juillet par Médecins sans frontières (MSF), Action contre la faim (ACF), Médecins du monde (MDM), Première urgence-Aide médicale internationale (PU-AMI) et Solidarités International (SI).

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Ces cinq ONG française y ont fustigé « l’insuffisance de la présence des Nations unies sur le terrain et le manque de financement par la grande majorité des bailleurs de fonds », dont certains « conditionnent leurs financements à venir à une réinstauration de la sécurité », un statu quo « aussi incompréhensible qu’inacceptable ».

« La communauté internationale doit considérer la Centrafrique comme une de ses priorités. (…) La situation est pire qu’elle n’a jamais été », a lancé André Munger de MSF.

Tableau sombre

La pénurie alimentaire menace, préviennent les ONG. « En 2012, les récoltes n’ont pas été bonnes » et « les réserves sont peu importantes », a expliqué Bérengère Tripon, de SI, lors d’une conférence de presse commune.

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Ces réserves ont ensuite souvent été pillées, soit par des nomades, soit par la rébellion Séléka qui a pris le pouvoir en mars et multiplie les exactions (pillages, rackets, viols, meurtres). « On estime que la récolte 2013 couvrira un mois de besoins alimentaires alors qu’elle devrait en couvrir au moins six », selon Bérengère Tripon.

Dans n’importe quel pays, on parlerait de catastrophe humanitaire.

Toute la population est menacée par la faim. Thierry Mauricet, directeur général de PU-AMI, a estimé que « 147 000 personnes sont déjà en restriction alimentaire sévère », sur 4,5 millions d’habitants. Et depuis début 2013, a indiqué Alain Coutand d’ACF, « le nombre d’enfants admis dans nos centres nutritionnels a doublé » par rapport à 2012. La malnutrition sévère des enfants entraîne souvent des séquelles neurologiques irréversibles. « Dans n’importe quel pays, on parlerait de catastrophe humanitaire. En Centrafrique, ça tombe dans l’oubli », s’est-il désolé.

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Quant au système de santé, il agonise, l’approvisionnement en médicaments et fournitures médicales étant interrompu, l’accès aux soins impossible par endroits. Une flambée de paludisme a occasionné 60 000 consultations au premier trimestre dans les structures soutenues par MSF, soit 38% de plus par rapport à 2012, tandis que rougeole et pneumonie sont en augmentation.

Depuis des années, la Centrafrique, qui a la deuxième espérance de vie la plus basse au monde (48 ans), connaissait un taux de mortalité trois fois plus élevé que le seuil d’urgence définissant une crise humanitaire (un mort pour 10 000 habitants par jour). Et ce taux est « pire aujourd’hui », a estimé Mego Terzian, président de MSF, sans pouvoir le chiffrer. La prise de pouvoir par la Séléka n’est que le dernier épisode d’une longue série de coups d’État et de rébellions depuis l’indépendance en 1960.

Les rebelles Séléka sont eux-mêmes divisés et d’autres groupes armés sévissent. Résultat, les agences onusiennes et beaucoup d’ONG ont fui. « Les ONG présentes ont toutes été pillées au moins une fois et l’État n’existe plus », a expliqué Thierry Mauricet (PU-AMI). « Nous pouvons opérer actuellement », a ajouté Alain Coutand (ACF), « mais c’est très cher et très compliqué ».

(Avec AFP)

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