Sondage Ifop : les musulmans de France plus à gauche qu’hier
Selon une étude Ifop publiée début juillet, le choix des électeurs français se déclarant de confession musulmane se porte de plus en plus sur la gauche. L’enquête démontre notamment qu’au second tour de la dernière présidentielle, en 2012, 86 % dentre eux (5% de l’électorat) ont voté François Hollande contre seulement 14 % pour Nicolas Sarkozy. Une « gauchisation » qui découle de l’effritement du centre et de la « droitisation » de l’UMP.
Les musulmans de France votent aujourd’hui nettement plus à gauche qu’en 2007. En croisant les résultats de la présidentielle de 2012 et ceux des enquêtes réalisées au cours de la campagne électorale, l’institut de sondage Ifop relève, dans une étude qui vient d’être publiée, un « très fort sur-vote à gauche » de l’électorat musulman. Une tendance qui se fait plus aux dépens du centre que de la droite, selon l’enquête.
Alors qu’il avait fait une percée en 2007, captant 15 % des suffrages des électeurs musulmans au premier tour, François Bayrou est retombé en 2012 à 6 %, soit 6 points de moins qu’il y a sept ans. Nicolas Sarkozy, lui, n’aurait perdu que 1 point, passant de 8 % à 7 % en 2012.
>> Lire aussi : "Présidentielle française : pour qui votent les minorités"
Hollande double son score
« Avec 57 % des voix, François Hollande a ainsi largement franchi la barre de 50 % dès le premier tour et doublé son score moyen dans ce segment de l’électorat qui, parallèlement, a également beaucoup plus voté pour Jean-Luc Mélenchon que la moyenne des Français : 20 % contre 11 % », souligne l’enquête. Et au second tour, l’écart s’est davantage creusé : 86 % pour le candidat socialiste contre 14 % pour celui de droite.
Inversement, les Français de confession musulmane n’ont été que peu nombreux à voter à droite (7% seulement pour Nicolas Sarkozy), encore moins pour l’extrême-droite (4 % pour le Front National contre 18 % au niveau national). « Aucune autre catégorie de la population n’a aussi massivement voté pour le candidat socialiste (ou contre Nicolas Sarkozy) que les musulmans », souligne l’Ifop. Une des conséquences, selon les analystes, d’une campagne présidentielle de 2012 marquée par de nombreuses polémiques sur l’islam, alimentées par la droite qui avait lancé un débat sur le voile et des critiques sur l’abattage halal.
Ce « sur-vote » à gauche des musulmans n’est cependant pas lié au statut social ou à l’âge, précise l’enquête : « si l’on compare les comportements électoraux à âge égal (sur la tranche des 18-35 ans) ou à CSP identiques (sur la base des ouvriers et des employés), on constate que les musulmans votent nettement plus à gauche que la moyenne des personnes du même âge ou du même milieu ».
Dans les milieux populaires, le fait d’être ou non musulman influe très profondément sur le vote.
En revanche, « dans les milieux populaires, le fait d’être ou non musulman influe très profondément sur le vote » : ainsi si François Hollande a remporté 63% des voix dans l’électorat populaire de confession musulmane au premier tour, il était devancé de deux points par la candidate Front national Marine Le Pen (29% contre 27 %) sur l’ensemble des ouvriers et employés.
À rebours de la tendance
La variable religieuse « introduit une ligne de clivage très marquée au sein même des milieux populaires : parmi les ouvriers et employés se déclarant de confession musulmane, le total Hollande/Mélenchon/extrême-gauche a atteint au premier tour de la présidentielle pas moins de 82% des voix contre 9 % seulement pour le total Sarkozy/Le Pen, assurant ainsi une domination sans partage à la gauche dans bon nombre de banlieues et de quartiers de grands ensembles ». Un phénomène inverse de la tendance dominante : lorsqu’on considère l’ensemble des milieux populaires, la droite a gagné des points en 2012 : 48 % en faveur du bloc Sarkozy/Le Pen contre 40 % pour le bloc de gauche.
(Avec agences)
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