Égypte : les Frères musulmans appellent au « soulèvement » contre l’armée

Les forces de sécurité égyptiennes ont ouvert le feu, lundi 8 juillet à l’aube, contre des manifestants pro-Morsi, devant le siège de la garde républicaine, au Caire. Après l’annonce de cet assaut meurtrier, les Frères musulmans, dont est issu le parti politique du président déchu, Mohamed Morsi, a appelé au « soulèvement ».

Des manifestants pro-Morsi, le 7 juillet au Caire. © AFP

Des manifestants pro-Morsi, le 7 juillet au Caire. © AFP

Publié le 8 juillet 2013 Lecture : 5 minutes.

Mis à jour le 8 juillet à 17H53

Lundi 8 juillet, à l’aube, l’armée égyptienne a tiré à balles réelles sur un rassemblement de manifestants pro-Morsi devant le siège de la garde nationale. Cette répression meurtrière a fait monter la pression d’un cran dans le pays, qui depuis le 3 juillet et le renversement du président islamiste Mohamed Morsi, vit sa plus grave crise depuis la révolution de 2011.

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>> Les événements en direct

17H53. Le bilan provisoire de la journée de violence au Caire est lourd. Plus de 50 personnes ont été tuées et 435 blessées dans la matinée après la répression d’un sit-in de manifestants pro-Morsi devant le siège de la garde nationale au Caire.

Dans un communiqué militaire cité par le journal gouvernemental al-Ahram, l’armée égyptienne a expliqué de son côté que des terroristes armés avaient attaqué le siège de la Garde républicaine, provoquant la mort d’un officier et laissant six conscrits dans un état critique.

L’armée, qui a présenté ses « condoléances » au peuple égyptien, a appelé à lever les sit-in : « Nous ne permettrons aucune menace contre la sécurité nationale égyptienne quelles que soient les circonstances », a déclaré le porte-parole de l’armée, Ahmed Ali, assurant qu’il n’y aurait « pas de poursuites » engagées contre eux.

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Depuis la tension est à son comble dans la ville.

Photo prise par un journaliste de France télévision montrant des manifestants faisant face aux forces de l’ordre, au Caire

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Dans un communiqué qu’il a lu sur la télévision d’État, le grand imam d’Al-Azhar a annoncé qu’il se plaçait « en retraite » jusqu’à la fin des violences. Le 4 juillet, il avait apporté sa caution à la « feuille de route » pour mener une transition à la suite du renversement du président Morsi.

14H59. Après la répression meurtrière de l’armée égyptienne, lundi matin à l’aube, contre des manifestants pro-Morsi, devant le siège de la garde nationale au Caire, le président par intérim, Adly Mansour a demandé l’ouverture d’une enquête. « Le président de la République a chargé une commission juridique d’enquêter sur les événements survenus devant (le siège) de la Garde républicaine », a annoncé la télévision d’État.

D’heure en heure le bilan ne cesse de s’alourdir. Selon un haut responsable des services d’urgence, plus de 300 personnes auraient été blessées et au moins 42 auraient été tuées.

Quelques heures après avoir appelé au "soulèvement", le parti de la justice et de la liberté (PLJ), vitrine politique des Frères musulmans, les autorités ont décidé de fermer le siège du PLJ au Caire. Selon un haut responsable de sécurité, des "liquides inflammables, des couteaux et des armes", y auraient été découverts.

11H35. L’agence officielle Mena, citant un haut responsable de l’armée, rapporte que deux soldats égyptiens ont été capturés, lundi, par des partisans armés du président déchu Mohamed Morsi. Les deux militaires, Samir Abdallah Ali et Azzam Hazem Ali, ont été embarqués dans une voiture et contraints de prononcer une déclaration en faveur de Mohamed Morsi et hostile à l’armée, selon cette source.

Filmé pendant leur déclaration, retransmise dans des haut-parleurs, l’un d’eux a été frappé violemment qu’il parlait, a-t-elle ajouté.

Cet enlèvement vient en réponse à l’attaque, lundi matin, des forces armées contre des manifestants pro-Morsi. Le bilan de cette intervention des forces de sécurité égyptiennes devant le siège de la garde républicaine au Caire, est lourd. Selon Ahmed Aref, porte-parole de la confrérie des Frères musulmans  – dont est issu l’ex-président Mohamed Morsi – au moins 42 personnes ont été tuées et cent autres blessées, dont de nombreuses dans un état grave.

Le parti de la justice et de la liberté (PLJ), vitrine politique des Frères musulmans, appelle dans une déclaration écrite « au soulèvement du grand peuple d’Égypte contre ceux qui sont en train d’essayer de lui voler sa révolution avec des chars. »  Le PLJ interpelle également « la communauté internationale, les groupes internationaux et tous les hommes libres du monde d’intervenir pour empêcher d’autres massacres (… et) l’apparition d’une nouvelle Syrie dans le monde arabe. »

09H27. Plus tôt ce lundi, à l’aube, des manifestants dénonçant l’éviction par l’armée de l’ancien président Mohamed Morsi avaient rapporté que l’armée et la police avaient tiré à balles réelles et lancé des grenades lacrymogènes pour disperser le rassemblement. Au même endroit, vendredi, quatre islamistes avaient déjà perdu la vie dans des échanges de tirs avec l’armée.

Au Caire, les islamistes partisans des Frères musulmans se mobilisent massivement depuis plus de dix jours. Ils défendent la légitimité de l’ex-chef d’État, premier président élu démocratiquement de l’histoire du pays, chassé du pouvoir le 3 juillet après des manifestations d’hostilité d’une ampleur inédite en Égypte. Depuis, les forces de sécurité ont lancé une campagne d’arrestations ciblant la puissante confrérie, incarcérant plusieurs de ses hauts dirigeants.

>> Lire : Mohamed Morsi, les raisons de la chute

Baradei vice-président ?

Les événements meurtriers de lundi interviennent à un moment crucial de la transition, celui de la nomination du Premier ministre et du vice-président. Le porte-parole de la présidence intérimaire, Ahmad al-Mouslimani, a annoncé, dimanche soir, que c’était finalement Ziad Bahaa Eldin qui devrait diriger le gouvernement. Technocrate de centre-gauche, celui-ci a dirigé plusieurs institutions économiques égyptiennes. Sa nomination traduirait une volonté des nouvelles autorités de s’attaquer en priorité aux graves difficultés économiques du pays, en proie à une chute du tourisme, un effondrement des investissements étranger et une chute de ses réserves de devises notamment.

Le Nobel de la Paix, ancien directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Mohamed el-Baradei, initialement pressenti pour occuper le poste de Premier ministre, devrait quant à lui occuper la vice-présidence. Un choix qui, selon Ahmad al-Mouslimani, aurait l’assentiment du président par intérim Adly Mansour.

Al-Nour se retire des négociations

Le parti al-Nour, la plus importante formation politique salafiste du pays – partenaire islamiste de la coalition majoritairement laïque favorable au renversement de Mohamed Morsi, a annoncé, lundi, qu’elle se retirait des discussions portant sur le choix du chef du gouvernement et de l’équipe de transition. « Nous avons décidé de nous retirer immédiatement des négociations en réponse au massacre qui a eu lieu devant la Garde républicaine », a déclaré le porte-parole de ce parti, Nader Baqqar, sur Twitter.

La formation salafiste a également fait savoir qu’elle s’opposait aux nominations de Mohamed el-Baradei et de Ziad Bahaa Eldin, deux personnages pas assez consensuels et insuffisamment compatibles avec l’ensemble de la mouvance islamiste. « Nous n’avons pas d’objection personnelle (contre M. Bahaa Eldin) qui est une figure économique importante (…) nous rejetons sa candidature parce qu’il fait partie du Front du salut national [FSN, principale coalition de l’opposition à M. Morsi, NDLR] », a déclaré Younès Makhyoun, le chef du parti salafiste, sur la chaîne satellitaire Al-Arabiya.

Al-Nour, associé à la transition menée principalement par des mouvements laïques, réclame « un technocrate qui fasse consensus ou soit acceptée par 80% à 90% des Égyptiens », a-t-il ajouté.

(Avec AFP)
 

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