Pepito, l’ivoire et les affres du braconnage au Congo
Dans un contexte de recrudescence du braconnage au Congo-Brazzaville s’est tenu, du 1er au 2 juillet, un procès très suivi par les écologistes. Celui de Ghislain Ngondjo alias Pepito, accusé d’être le parrain du trafic d’ivoire dans la Cuvette-ouest. Les délibérés du tribunal seront connus le 15 juillet.
Le sort de celui que le ministère public congolais présente comme le parrain du trafic d’ivoire dans la région du Parc national Odzala Kokoua (nord-ouest du Congo) sera fixé le 15 juillet prochain. Alors que son procès, qui s’est ouvert à Ewo le 1er juillet, devait s’achever le lendemain, de nouveaux éléments contre le prévenu ont été soulevés par l’accusation qui a produit pas moins de sept témoins à charge – d’anciens braconniers reconvertis et un ancien écogarde (ex-informateur de Pepito).
Le premier jour, les témoignages ont semblé glisser sur Pepito, sans provoquer d’autre réaction que la colère de ses partisans qui sont allés jusqu’à proférer des menaces de mort sur les témoins. Mais au deuxième jour du procès, la défense a paru déstabilisée. Surtout quand un braconnier récidiviste du nom de Mabanza a pris la parole.
Déjà condamné en 1998, et inculpé en avril dernier après avoir été arrêté en possession de deux armes de guerre (PMK), de 9 chargeurs et de 48 kg de pointes d’ivoire, celui-ci a dénoncé Pepito comme le commanditaire du réseau et le fournisseur de ses armes, dont les scellés ont été produits devant le tribunal. Lequel a dû alors reporter son délibéré au 15 juillet.
Peine maximale de 5 ans de prison
Âgé de 37 ans, de taille moyenne, le teint clair, Pepito n’est pas du menu fretin. C’est un commerçant et homme d’affaires prospère, influent à Mbomo. Il a les moyens de se faire représenter – cas exceptionnel – par deux avocats issus de deux cabinets différents de Brazzaville.
Convaincu de son implication dans le trafic d’ivoire et la fourniture d’armes et de munitions de guerre pour l’abattage des éléphants autour du Parc Odzala Kokoua, l’ancien procureur d’Ewo avait délivré un mandat d’amener contre lui. Ce qui a conduit à son arrestation par des écogardes accompagnés de gendarmes, le 23 avril dernier. Il risque une peine maximale de 5 ans de prison et une amende de 150 à 7 600 euros.
La plaidoirie prononcée par l’un de ses avocats, Me Euridice Clémence Njonga, est originale. Elle s’est employée à fustiger la délégation de la gestion du Parc national à un organisme étranger, l’ONG African Parks (sous supervision des autorités congolaise), et à nier toute activité de braconnage à Mbomo. Pas sûr que cela réussisse à convaincre le tribunal.
Jusqu’à 2 000 dollars le kilo
Le Parc national d’Odzala Kokoua est une zone reconnue de biodiversité que le gouvernement congolais a présenté en 2008 comme candidat au patrimoine mondial de l’Unesco. Or rien qu’en 2012, les autorités de Mbomo ont compté une trentaine d’arrestations pour braconnage dans la zone.
Depuis quelques années la sous-région connaît une recrudescence du trafic de l’ivoire, à cause d’une forte demande sur le marché asiatique, où le kilogramme d’ivoire se vend jusqu’à 2 000 dollars. En visite à Brazzaville du 19 au 21 mai, l’Envoyé spécial du président français pour la protection de la planète, Nicolas Hulot, suggérait au Congo de mettre en place un cadre juridique fort, et de se doter d’un procureur spécialisé en droit faunique.
De fait, le système judiciaire congolais est parfois sujet à caution, les peines planchers n’étant pas forcément respectées. Alors même que le Congo entend organiser en octobre prochain un sommet sur la lutte contre le braconnage.
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