Sénégal – Tchad : Hissène Habré conteste la légitimité des chambres africaines extraordinaires

L’ancien président tchadien, Hissène Habré, inculpé de crimes contre l’humanité et incarcéré à Dakar où il est réfugié depuis 22 ans, a dénoncé, le 3 juillet, « la mascarade judiciaire » dont il serait victime, ont affirmé ses avocats.

L’ancien président tchadien Hissène Habré à la sortie du tribunal de Dakar, le 2 juillet 2013. © AFP

L’ancien président tchadien Hissène Habré à la sortie du tribunal de Dakar, le 2 juillet 2013. © AFP

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Publié le 4 juillet 2013 Lecture : 2 minutes.

« Hissène Habré a dit aux juges [d’instruction qui l’ont inculpé] qu’il ne reconnaissait pas les chambres africaines extraordinaires, ni leur légalité ni leur légitimité » à cause « des violations permanentes des règles de procédures » par ce tribunal spécial, a affirmé, le 3 juillet, à la presse Me Ibrahima Diawara, un des avocats de l’ancien président tchadien, inculpé de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et torture, pour des faits présumés commis pendant ses huit ans de pouvoir, de 1982 à 1990, et placé mardi en détention préventive à Dakar.

« [Hissène Habré] leur a dit qu’il n’entendait pas participer à cette mascarade judiciaire », a ajouté l’avocat. Ses avocats ont aussi dénoncé « la violation du secret de l’instruction » par le procureur du tribunal spécial, le refus de leur permettre de voir leur client et d’accéder au dossier d’accusation.

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"Justice des vainqueurs"

« La Cour de cassation du Sénégal avait en mars 2001 estimé que la justice sénégalaise n’était pas compétente pour juger des crimes commis par un étranger hors du Sénégal. Et la cour de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) avait déjà dit que ce qui était jugé au Sénégal avait "autorité" et que le dossier Habré devait être "une affaire classée"», a noté Me François Serres, avocat lui aussi de Hissène Habré.

Me Serres a également évoqué des obstacles dressés, selon lui, par le tribunal spécial pour empêcher à la défense de mener au Tchad des enquêtes à décharge. Alors que « les juges [du tribunal spécial] ont validé des enquêtes faites par l’État tchadien », a-t-il indiqué.

Pour Me El Hadji Diouf, autre conseil de Hissène Habré, les juges « n’ont fait que reprendre le livre blanc de [Idriss] Déby », l’actuel président tchadien qui avait renversé son client en 1990. « Idris Déby, maladroit, a fait une déclaration indécente en félicitant Macky Sall, le président sénégalais. C’est la justice des vainqueurs. Tout cela est politique », a-t-il poursuivi.

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Une « commission d’enquête sur les crimes et détournements » commis pendant les années Habré, créée par le gouvernement tchadien après sa chute, a estimé à plus de 40 000, dont 4 000 identifiées, le nombre de personnes mortes en détention ou exécutées au cours de sa présidence.

(Avec AFP)

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