Nelson Mandela : l’épopée musicale d’un héros du XXe siècle
Nelson Mandela n’a pas seulement incarné un modèle politique de libération pour le monde entier. Il a également inspiré tout un répertoire musical, des geôles de Robben Island à la présidence de l’Afrique du Sud. Retour en images sur ces partitions qui sont entrées dans l’Histoire.
Nelson Mandela aurait sans doute préféré ne pas devenir une source d’inspiration pour les compositeurs de la planète. Et pour cause : c’est son emprisonnement à Robben Island qui l’a fait entré dans le monde de la musique. Dès 1984, le chanteur britannique Jerry Dammers, et son groupe Special AKA, interprètent un titre sans ambiguïté : Free Mandela (Libérez Mandela). Un vrai tube à l’époque. Et un message on ne peut plus clair.
L’année suivante, en 1985, le trompettiste sud-africain Hugh Masekela, exilé du quartier de Sophiatown à Johannesbourg depuis 1961, chante Bring him back home (Ramenez-le chez lui). Mais quelques années plus tard, c’est Youssou Ndour qui incarnera le soutien des artistes du continent à Mandela, lors de sa libération. Le Sénégalais lui dédie ainsi un album, qui porte son nom, et organise un concert en son honneur au stade de l’amitié de Dakar. Vingt-cinq ans plus tard, en 2012, il donnera même à son dernier fils le nom de Nelson Mandela, le baptisant Ibrahima Nelson Mandela Ndour.
Juste avant la fin de l’apartheid, l’année 1987 avait déjà marqué un tournant. Nelson Mandela croupit dans les geôles de Robben Island depuis 24 ans, à tel point qu’il n’est, pour beaucoup de Sud-Africains, qu’un nom sans visage, un souvenir aux allures de mythe. Et c’est un Blanc, Johnny Claig, accompagné du groupe Savuka, qui va lutter contre l’oubli. Leurs paroles en zoulou « Asimbonanga. Asimbonanga’ uMandela thina » (« on ne l’a pas vu, on n’a pas vu Mandela », vont faire le tour du monde. Treize ans plus tard, le « Zoulou blanc » reprenait le titre sur scène accompagné par celui dont il avait favorisé la libération.
Un an plus tard, en 1988, la pression des artistes va s’accentuant. Nelson Mandela inspire ainsi le chanteur reggae Eddy Grant, dont le titre Gimme hope Jo’Anna (Donne-moi de l’espoir Jo’Anna, en référence à Johannesbourg et au régime de l’apartheid), un titre interdit en Afrique du Sud, sera l’une des dix meilleures ventes de l’année en Angleterre. L’Angleterre va même accueillir, dans le stade mythique de Wembley, un immense rassemblement en l’honneur du plus célèbre prisonnier politique de la planète, le 11 juin. Retransmis dans 70 pays, suivi par plus d’un demi-milliard de personnes, le concert de Dire Straits, Sting, George Michael, Eurythmics, Eric Clapton, Whitney Houston ou encore Stevie Wonder ne réclame qu’une chose : la libération de Madiba. Mais celle-ci attendra encore deux ans.
Le combat de Mandela, commencé plus de trois décennies plus tôt, n’est pas terminé. Pas plus, donc, que l’épopée musicale qui l’accompagne. Un an après la libération, en 1991, les contours de la nation arc-en-ciel, le vrai rêve de Madiba, sont chantés par le reggaeman Lucky Dube dans House of exile (La maison de l’exil), histoire d’un combattant qui « rêve d’une nation libre où chaque homme serait égal face à la loi ». Une allusion claire à Mandela qui est élu président lors des premières élections multiraciales du pays la même année. L’occasion aussi pour sa compatriote Brenda Fassie d’interpréter My Black President.
Après avoir conquis le cœur de la population blanche d’Afrique du Sud, à tel point que l’égérie de la chanson afrikaner Laurika Rauch reprend souvent sur scène Briefie vir Madiba (Petite lettre pour Madiba), Mandela se retire du pouvoir. Il va se consacrer à une dernière grande cause, la lutte contre le virus du sida, à laquelle il prête son ancien numéro de prisonnier, le 46664, qui devient le symbole d’un concert, au Cap en 2003, avec notamment le leader du groupe U2, Bono.
Nelson Mandela se retire ensuite de la vie publique. Non sans rester l’objet des prières de son peuple alors qu’il affronte la maladie à plusieurs reprises. Hospitalisé une nouvelle fois depuis le 8 juin 2013 des suites de complications dues à une infection pulmonaire, le nom de Madiba est aujourd’hui sur les lèvres de nombreux gospels à travers le monde.
Par Mathieu OLIVIER (Avec AFP) Follow @MathieuOlivier
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