Juifs mais Éthiopiens, Israël ne veut plus d’eux
Nouveau tour de vis dans la politique israélienne en matière d’immigration. À compter du 28 août 2013, les autorités de Tel-Aviv n’accepteront plus l’entrée collective des Juifs éthiopiens sur leur territoire, laquelle était jusqu’alors autorisée sous certaines conditions, a annoncé un responsable de l’Agence juive.
C’est la fin d’une époque pour les Juifs d’Éthiopie, en majorité des Falashas dont la judéité a été reconnue par les autorités israéliennes en 1975. L’agence juive pour Israël, sous la pression de Tel-Aviv, a ainsi annoncé, dans une lettre de son délégué en Éthiopie, Asher Seyum, signalée sur le site du journal Haaretz, que les deux derniers vols collectifs de « retour » (Aliyah) des Juifs éthiopiens vers les territoires israéliens décolleraient le 28 août 2013. Ces deux derniers voyages effectués, seules les demandes individuelles d’immigration seront examinées, avec attention, indique le document.
Voilà déjà quelques années que Tel-Aviv tente de durcir sa politique en matière d’intégration des Juifs étrangers, en particulier éthiopiens, redoutant une immigration économique africaine alors que la conjoncture n’est guère favorable. En 2010, Benyamin Netanyahou avait ainsi annoncé le renforcement des mesures de contrôle concernant l’entrée sur le territoire des migrants. Surtout, en décembre 2012, une révélation des journaux israéliens faisait scandale. Selon eux, des femmes venues d’Éthiopie et appartenant à la communauté falasha, avaient été obligées de se soumettre à une contraception obligatoire et durable pour avoir l’autorisation de s’implanter en terre promise. En une décennie, le procédé, qualifié de crime inconcevable par la presse, aurait réduit le taux de natalité de la population juive éthiopienne de 50%.
Des Juifs à part
Cette minorité a pourtant longtemps bénéficié, officiellement, de la politique d’immigration israélienne. Les Juifs éthiopiens seraient aujourd’hui 120 000 sur le sol israélien dont 80 000 nés en Israël, la plupart descendant des populations arrivées à la fin des années 80, puis dans les années 90, alors que l’Éthiopie était en proie à la famine. La plus importante opération aura notamment lieu en 1991, quelque 14 400 juifs éthiopiens ayant été secrètement emmenés par voie aérienne en Terre promise en moins de 48 heures.
L’intégration est néanmoins loin d’être parfaite, les nouveaux venus souffrant quotidiennement de discriminations et de racisme au sein de la société israélienne. Selon l’ONU, environ 52% des familles juives éthiopiennes vivent en dessous du seuil de pauvreté, contre 16% de la population juive israélienne dans son ensemble, et une grande majorité de la communauté éthiopienne vit dans des quartiers aux allures de ghetto. Si les Falashas se considèrent comme les descendants du fils du roi Salomon et de la reine de Saba, pour Israël, ils n’en sont pas moins, et de plus en plus, des Juifs à part et des immigrés.
Définition
Aliyah est un mot hébreu signifiant littéralement « ascension » ou « élévation spirituelle ». Ce terme désigne l’acte d’immigration en Terre sainte par un Juif. Qui peut alors être appelé Olim.
Par Mathieu OLIVIER Follow @MathieuOlivier
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus
- À Casablanca, la Joutia de Derb Ghallef en voie de réhabilitation
- Mali, Burkina, RDC, Afrique du Sud… Haro sur le néocolonialisme minier !
- Gabon : 10 choses à savoir sur la première dame, Zita Oligui Nguema
- Sénégal : à quoi doit servir la nouvelle banque de la diaspora ?
- En RDC, la nouvelle vie à la ferme de Fortunat Biselele