Égypte : au moins 5 morts lors d’immenses manifestations anti-Morsi

Cinq personnes ont été tuées, le 30 juin, dans des heurts entre partisans et adversaires du président islamiste égyptien, Mohamed Morsi, hué lors de manifestations monstres organisées dans tout le pays pour réclamer son départ, un an jour pour jour après son investiture.

Des manifestants réclament le départ du président Morsi le 30 juin 2013 au Caire. © AFP

Des manifestants réclament le départ du président Morsi le 30 juin 2013 au Caire. © AFP

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Publié le 1 juillet 2013 Lecture : 3 minutes.

Les célébrations de l’anniversaire de l’arrivée au pouvoir de Mohamed Morsi, il y a un an, se sont déroulées dans la violence en Égypte. Des cortèges d’une ampleur sans précédent depuis la révolte qui fit chuter Hosni Moubarak début 2011, ont défilé, le 30 juin, en scandant « dégage » à l’égard du président et des Frères musulmans et « le peuple veut la chute du régime ». Un bilan provisoire fait état de 5 morts après des affrontements entre partisans et adversaires du président islamiste égyptien.

Une personne a été tuée à Beni Suef et trois autres dans la province d’Assiout, au sud du Caire, au cours de violences qui ont aussi fait des dizaines de blessés aux abords de locaux des Frères musulmans, selon les services de sécurité.

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Au Caire, le QG de la confrérie islamiste, dont est issu Mohamed Morsi, a été attaqué avec des cocktails Molotov et des tirs de chevrotine. Un homme de 26 ans a été tué d’un tir dans la tête, et plusieurs dizaines d’autres personnes blessées, selon une source médicale, dans ces heurts très violents qui se sont poursuivis tard dans la nuit.

"La plus grande manifestation de l’histoire" égyptienne

Sur la place Tahrir, site emblématique de la révolte contre Hosni Moubarak, la foule a afflué en brandissant des cartons rouges à l’adresse du président. « Je suis ici parce que Morsi, pour qui j’ai voté, m’a trahi et n’a pas tenu ses promesses. L’Égypte va être libérée une nouvelle fois à partir de Tahrir », affirmait Mohammed Samir, venu de Mansourah, dans le delta du Nil, pour manifester dans la capitale.

Les manifestants se sont également massés sans incident aux abords du palais présidentiel, dans le quartier d’Héliopolis, et sur d’autres places de la capitale. Des manifestations anti-Morsi ont aussi eu lieu à Alexandrie (nord), deuxième ville du pays, à Menouf et Mahallah, dans le delta du Nil, ainsi qu’à Port-Saïd et Suez, sur le canal du même nom, ou encore dans la ville natale de Mohamed Morsi, Zagazig, au nord-est du Caire.

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L’armée estime à « plusieurs millions » le nombre de manifestants anti-Morsi descendus dans la rue, a déclaré à l’AFP une source militaire. Il s’agit « de la plus grande manifestation de l’histoire de l’Égypte », a ajouté cette source sous couvert de l’anonymat.

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Ultimatum

La présidence a réagi en affirmant que « le dialogue était la seule façon de parvenir à une entente » et qu’elle était « ouverte pour lancer un véritable et sérieux dialogue national ». Mais la principale coalition de l’opposition égyptienne a appelé les manifestants à rester dans la rue jusqu’à la démission du régime « dictatorial » du président Morsi, accusé de gouverner au seul profit des islamistes et de laisser l’économie s’effondrer.

« Nous donnons à Mohamed Morsi jusqu’à mardi 2 juillet à 17H00 (15H00 GMT) pour quitter le pouvoir et permettre aux institutions étatiques de préparer une élection présidentielle anticipée », affirme un communiqué de Tamarrod [rébellion en arabe], le mouvement à l’origine des appels à manifester massivement pour réclamer le départ de Mohamed Morsi le jour même de l’anniversaire de son investiture. En cas de refus, « mardi 17H00 sera le début d’une campagne de désobéissance civile totale ».

Un des principaux dirigeants de l’opposition, le nationaliste de gauche Hamdeen Sabbahi, a appelé l’armée à « agir » pour « faire respecter la volonté du peuple » si Mohamed Morsi ne partait pas de lui-même. Les militaires se sont dit récemment prêts à intervenir si le climat dégénérait, après que des heurts eurent déjà fait huit morts, dont un Américain, dans les jours qui ont précédé les rassemblements de dimanche. Redoutant de graves troubles, l’armée et la police se sont déployées à travers le pays pour renforcer la protection des installations vitales, notamment le canal de Suez.

Campement pro-Morsi

Non loin du palais présidentiel, des militants islamistes campent depuis vendredi dans le quartier de Nasr City pour défendre la « légitimité » du premier chef de l’État égyptien librement élu. Ils étaient 25 000 dimanche soir, selon l’armée. Ils accusent l’opposition laïque de faire le jeu des nostalgiques de l’ancien régime.

Cette journée de dimanche constituait le point d’orgue de la campagne Tamarrod, qui assure avoir recueilli plus de 22 millions de signatures pour une présidentielle anticipée, soit plus que le nombre d’électeurs de Mohamed Morsi en juin 2012 (13,23 millions). Les adversaires du président égyptien dénoncent sa dérive autoritaire visant à instaurer un régime dominé par les islamistes, ainsi que son incapacité à relancer l’économie.

(Avec AFP)

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