Sénégal – Y’en a marre : « Obama a été très attentif à notre discours sur la jeunesse »

À l’occasion de sa visite au Sénégal, le président américain Barack Obama s’est entretenu avec une quinzaine de représentants de la société civile sénégalaise dans l’enceinte du Gorée Institute. Fadel Barro, le coordinateur du mouvement Y’en a marre, participait à cette table ronde.

Barack Obama et Fadel Barro (à dr.). © Reuters et Émilie Régnier pour J.A.

Barack Obama et Fadel Barro (à dr.). © Reuters et Émilie Régnier pour J.A.

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Publié le 28 juin 2013 Lecture : 3 minutes.

Jeudi 27 juin, après avoir visité en famille la Maison des esclaves, Barack Obama s’est rendu au Gorée Institute, une organisation panafricaine de la société civile oeuvrant à la promotion de la démocratie, du développement et de la culture en Afrique. Pendant une quarantaine de minutes, il s’est entretenu avec une quinzaine de représentants de la société civile sénégalaise, évoquant en particulier les questions de gouvernance et de développement. Coordinateur du mouvement Y’en a marre, Fadel Barro fut l’un des rares participants à prendre la parole lors de cette table ronde, au nom de la jeunesse africaine.

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Né en janvier 2011 autour d’un noyau de rappeurs et de journalistes, Y’en a marre s’est illustré tout au long de la vague de contestation qui allait aboutir, en mars 2012, à l’élection de Macky Sall à la tête d’une vaste coalition anti-Wade. À l’époque, la diplomatie américaine avait elle-même incité le président vieillissant à renoncer à briguer un troisième mandat, au risque de mettre le feu au pays. Après avoir loué, lors de sa conférence de presse commune avec Macky Sall, la maturité de la démocratie sénégalaise, qui a accouché d’une double alternance en douze ans, le président américain entendait témoigner par cette rencontre de l’importance que son administration attache à une société civile africaine forte, susceptible de jouer un véritable rôle de contre-pouvoir et de consolider la démocratie.

Jeune Afrique : Dans quelles circonstances le mouvement Y’en a marre s’est-il retrouvé convié à cette table ronde avec Barack Obama ?

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Fadel Barro : Ce sont les services de l’ambassade des États-Unis et de l’USAID qui nous ont contactés il y a une quinzaine de jours. Ils nous ont proposé de participer, avec d’autres représentants de la société civile sénégalaise, à une table ronde autour du président Obama. Les débats devaient notamment porter sur la bonne gouvernance et le respect de l’État de droit.

Qu’attendiez-vous de cette rencontre ?

Nous avons considéré que ce serait une opportunité d’exprimer au président Obama le sens de notre combat, tout en délivrant le message qui sort des entrailles de la jeunesse africaine. Suite à cette proposition, nous avons discrètement sondé nos sympathisants sur notre page Facebook : « Si vous deviez rencontrer le président Obama, quel message voudriez-vous lui délivrer ? » Nous en avons également parlé en réunion. Tout le monde était d’accord pour répondre favorablement à l’invitation afin d’exposer à Barack Obama l’état d’esprit de la nouvelle génération que Y’en a marre incarne au Sénégal. Nous représentons une jeunesse conquérante, qui rejette le fatalisme et refuse de se morfondre. Une jeunesse qui se refuse à tendre la main et entend convertir son énergie en force de développement. Nous voulions témoigner au président de la première puissance mondiale que la jeunesse africaine avait pris conscience de sa force.

Obama nous a encouragés à mettre nos idéaux au service de réalisations concrètes.

Le président Obama s’est-il montré réceptif ?

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Lorsqu’il est arrivé, il venait de visiter la Maison des esclaves. On pouvait sentir à son attitude que cela l’avait marqué. D’abord un peu éteint, il s’est vite ranimé lorsque nos échanges ont commencé. Dès lors, il s’est montré enthousiaste face aux pistes que nous avons esquissées. Il nous a encouragés à mettre nos idéaux au service de réalisations concrètes.

Sur quelles problématiques particulières l’avez-vous interpelé ?

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Il a beaucoup été question de gouvernance et de démocratie, mais aussi de l’entreprenariat des jeunes, de l’importance d’un développement qui passe par la terre, qui donne des raisons aux jeunes de rester chez eux. Nous lui avons par ailleurs recommandé, dans le cadre de ses échanges avec les présidents africains, de s’assurer que cette nouvelle voix qui se fait entendre sur le continent ne soit pas étouffée par les dirigeants mais encouragée et soutenue.

Le président Obama a été très attentif à notre discours sur la jeunesse. La rencontre a d’ailleurs duré plus longtemps que ce qui était prévu initialement. Il a pris certains engagements mais je préfère ne pas entrer dans les détails car un communiqué officiel sur cette rencontre doit être rendu public prochainement. Concernant Y en a marre, il a conclu en nous demandant de rester forts : « Be strong ! »

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Propos recueillis à Dakar par Mehdi Ba

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