Maroc : un père de famille meurt après s’être immolé par le feu
Un Marocain d’une cinquantaine d’années est décédé mardi 25 juin dans la région de Meknès après s’être immolé par le feu. Il protestait contre le refus des autorités de lui délivrer un document administratif nécessaire à la prise en charge de son épouse malade.
Abdelkader al-Atawi, la cinquantaine, était père de cinq enfants. Mardi, ce chômeur originaire de la région de Meknès (centre) est décédé après s’être immolé par les flammes la veille. Il avait commis son geste désespéré pour protester contre le refus des autorités de lui délivrer un document administratif indispensable à l’hospitalisation de son épouse malade.
D’après Habid Benkarroun, un représentant local de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), Abdelkader al-Atawi « s’est aspergé d’essence et s’est immolé par le feu » lundi devant la municipalité de la ville de Sebaa Aioun, à 15 km au sud-est de Meknès.
Selon les autorités locales, l’homme avait réclamé l’original de son acte de naissance afin de faire établir une nouvelle carte nationale d’identité. « Mais étant natif de la région de Ouarzazate, la municipalité où il s’est présenté n’a malheureusement pu répondre à cette requête », a indiqué une source de sécurité.
Le père de famille avait sollicité en vain ce document dans le cadre de démarches visant à faire prendre en charge les frais d’hospitalisation de sa femme, qu’il était dans l’incapacité de payer.
Grogne sociale
Plusieurs immolations par le feu se sont produites au Maroc ces dernières années. Le mois dernier, un marchand ambulant de Marrakech (sud), qui protestait contre la confiscation de sa marchandise, est décédé à la suite d’un tel geste.
Ce type d’action suicidaire s’est répandu dans les pays d’Afrique du Nord depuis l’immolation de Mohamed Bouazizi en décembre 2010 en Tunisie. Le décès de ce jeune chômeur de Sidi Bouzid avait alors précipité la révolution tunisienne, puis le Printemps arabe en Égypte, en Libye, et en Syrie.
En réponse à la contestation populaire, le Maroc a initié des réformes politiques et adopté à l’été 2011 une nouvelle Constitution. Tenues au cours des mois suivants, des élections législatives ont été remportées par les islamistes modérés du Parti justice et développement (PJD), mouvement jusque-là cantonné dans l’opposition.
La grogne sociale demeure toutefois régulière dans le royaume chérifien, sur fond de situation économique et financière précaire. Des manifestations de diplômés-chômeurs sont notamment fréquentes dans les rues de la capitale, Rabat.
(Avec AFP)
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