Tunisie : le général Rachid Ammar jette l’éponge

Depuis la chute de Ben Ali, le 14 janvier 2011, le général Rachid Ammar s’en était tenu à son devoir de réserve. Et pourtant il fait partie des hommes que les Tunisiens auraient bien aimé entendre à ce moment-là. Deux ans et demi plus tard, ce 24 juin, il a brisé le silence pour annoncer son départ à la retraite tout en affichant ses doutes quant à l’avenir de la Tunisie.

Le général Rachid Ammar prend sa retraite et fait face aux critiques. © AFP

Le général Rachid Ammar prend sa retraite et fait face aux critiques. © AFP

Publié le 25 juin 2013 Lecture : 2 minutes.

Coup de théâtre en Tunisie. Le jour où l’armée commémore sa création en 1957, le général Rachid Ammar, chef d’état-major interarmées, a jeté l’éponge. Dans une interview à la chaîne de télévision Ettounsiya, le patron de la grande muette a annoncé avoir choisi de faire prévaloir ses droits à la retraite tout en assurant que la relève était prête. Mais il a surtout donné son interprétation des dfférents événements qui ont secoué le pays depuis le 14 janvier 2011, dont la situation avec les groupuscules armés.

« Au Jebel Chaambi, il n’y a plus rien ; les jihadistes qui s’entraînaient là depuis un an se sont repliés mais ils sont clairement en lien avec Al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi) et ont pour objectif d’affaiblir l’État tunisien », a-t-il indiqué en substance, tout en révélant ses craintes pour son pays qui, estime-t-il, n’est pas assez outillé économique pour faire face aux tentatives de déstabilisation. « La somalisation de la Tunisie n’est pas à exclure », a-t-il ajouté.

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Durant ces trois heures d’entretien, Rachid Ammar a opéré publiquement une passation des dossiers. S’il a décrit une armée tunisienne patriote et soudée autour de valeurs républicaines, en bon ordre et apte à agir sur le terrain, il a aussi souligné la faiblesse et les défaillances de l’appareil de renseignement, pourtant indispensable pour lutter contre le terrorisme.

Rôle politique

Les Tunisiens ont également appris que celui qui avait dit non à Ben Ali aurait été pressenti pour l’investiture suprême au lendemain de la révolution, promotion qu’il a refusée. Néanmoins le général Ammar a révèlé avoir eu un rôle politique : « L’assassinat de Chokri Belaïd – le 6 février 2013 – aurait pu signer l’acte de décès de l’État tunisien. L’initiative de Hamadi Jebali de former un gouvernement de technocrates était mon idée pour sauver le pays du chaos », explique-t-il.

Les événements du mont Chaambi, où l’armée s’est enlisée sans parvenir à démanteler les réseaux jihadistes, a été un prétexte pour certains hommes politiques, dont Mohamed Abbou, de demander le renouvellement du commandement des armées. Hier soir, le général Ammar a fait face à ses détracteurs et rendu compte au peuple de son action.

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>> À lire sur le même sujet : "La Tunisie face au péril jihadiste"

Cette annonce déconcerte une opinion publique qui s’est aussitôt exprimée sur les réseaux sociaux, alors que la classe politique n’a fait aucun commentaire. Certains s’inquiètent d’une main mise des islamistes sur l’armée tandis que d’autres estiment que ce départ sera sans influence sur le pays. Ces derniers rappellent en effet que le départ de l’ancien ministre de la Défense, Abdelkrim Zbidi, en mars 2013, a eu peu de conséquences, alors qu’ils avait été présenté comme irremplaçable.

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