Afrique du Sud : les proches et la famille au chevet de Mandela
Nelson Mandela, hospitalisé depuis 17 jours à presque 95 ans, est désormais entre la vie et la mort. Lundi 24 juin, sa famille et ses proches ont défilé à son chevet.
L’état de santé de Nelson Mandela s’est brusquement dégradé le weekend dernier. Lundi, le président sud-africain, Jacob Zuma, a indiqué que l’ancien héros de la lutte contre l’apartheid était « toujours dans un état critique à l’hôpital » de Pretoria où il est soigné depuis trois semaines.
« Les médecins font tout leur possible pour s’assurer de son bien-être et de son confort », a-t-il précisé, sans révéler le type de traitement ou de soins reçus par Mandela. « Je suis allé à l’hôpital hier soir (dimanche) (…) Vu l’heure, il dormait déjà, nous l’avons vu, nous avons un peu discuté avec les médecins et avec sa femme Graça Machel. Je ne suis pas en mesure de vous donner d’autres détails, je ne suis pas médecin », a-t-il ajouté lors d’un point presse organisé à Johannesburg.
Madiba, comme le surnomment affectueusement les Sud-Africains, est affecté depuis depuis deux ans et demi par des infections pulmonaires qui lui ont imposé quatre hospitalisations depuis décembre.
Veillé par ses proches
Au Mediclinic Heart de Pretoria, Nelson Mandela est veillé jour et nuit par Graça, son épouse depuis 15 ans. Depuis dimanche, ses proches et sa famille, conscients de la brusque détérioration de son état de santé, défilent aussi à son chevet.
Winnie Madikizela-Mandela, l’ancienne compagne de lutte contre l’apartheid dont Mandela a divorcé en 1996, s’est de nouveau rendue lundi après-midi à l’hôpital. Les photographes ont aperçu Winnie à sa descente d’une BMW signalée par des gyrophares, le visage un peu fermé et masqué par des lunettes noires, avec sa fille Zindzi. Zenani Mandela-Dlamini, autre fille de Nelson Mandela, est arrivée séparément.
Nelson Mandela « est en paix avec lui-même », a pour sa part assuré sa fille aînée, Makaziwe. « Il a tellement donné au monde. Je pense qu’il est en paix », a-t-elle dit. Évoquant la possibilité que cela puisse être les « derniers moments » d’intimité entre les enfants et leur père, elle a déploré la « frénésie des médias » ayant afflué du monde entier.
De son côté, la ministre de la Défense Nosiviwe Mapasi-Nqakula, également en charge de la santé des anciens présidents, a également rendu visite à l’ancien président.
Obama attendu en fin de semaine
Aux abords de l’hôpital, comme à Soweto, haut lieu de la lutte anti-apartheid, la plupart des Sud-Africains acceptent à regret que la page Mandela puisse se tourner. Considéré comme le père de la jeune démocratie multiraciale sud-africaine, Mandela symbolise l’obtention pour la première fois du droit de vote pour la majorité noire en 1994 et la fin des souffrances endurées durant le régime raciste de l’apartheid.
Le président Jacob Zuma a assuré lundi matin que la visite du président américain Barack Obama, attendu vendredi soir en Afrique du Sud dans le cadre d’une tournée africaine, était maintenue comme prévu.
Jusqu’à dimanche soir, les nouvelles de la santé de Mandela émanant de la présidence ou de la famille avaient été rassurantes, la rumeur annonçant même sa sortie prochaine de l’hôpital. La quasi-totalité des envoyés spéciaux dépêchés par les médias étrangers étaient rentrés chez eux et l’ex-président Thabo Mbeki, proche des Mandela, assurait qu’il n’était pas mourant.
La chaîne de télévision américaine CBS a été la première à contredire cet optimisme. Selon elle, Nelson Mandela a dû être « réanimé » à son arrivée à l’hôpital et son foie et ses reins ne fonctionneraient qu’à 50%. Il « ne réagit plus » et « n’a pas ouvert les yeux depuis des jours » affirme également CBS. Sur CNN, Makaziwe Mandela a toutefois démenti ces affirmations et assuré qu’il ouvrait les yeux.
27 ans de détention
Les problèmes pulmonaires de Nelson Mandela sont probablement liées aux séquelles d’une tuberculose contractée pendant son séjour sur l’île-prison de Robben Island, au large du Cap, où il a passé dix-huit de ses vingt-sept années de détention dans les geôles du régime raciste de l’apartheid.
Libéré en 1990, il a reçu en 1993 le prix Nobel de la paix – conjointement avec le dernier président du régime de l’apartheid, Frederik de Klerk – pour avoir évité une guerre civile que beaucoup disaient inévitable.
Dirigeant de consensus de 1994 à 1999, Mandela a su gagner le coeur de la minorité blanche dont il avait combattu le pouvoir et la brutalité. L’un de ses plus beaux gestes de réconciliation remonte au 24 juin 1995, il y a un peu plus de dix-huit ans : ce jour-là, l’équipe de rugby des Springboks, longtemps symbole du pouvoir blanc, remportait la coupe du monde à Johannesburg. Nelson Mandela, vêtu du maillot de l’équipe, remettait lui-même le trophée au capitaine.
(Avec AFP)
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