Haïdara Aïchata Cissé : « Être une femme candidate à la présidentielle malienne, c’est un atout »
Députée de Bourem, à 80 km au nord de Gao, Haïdara Aïchata Cissé, dite « Chato », est pour l’instant la seule femme candidate déclarée à la présidentielle malienne prévue le 28 juillet. Une position qu’elle considère comme un « atout », même si beaucoup pensent le contraire.
Elle a été élue, en 2007, députée nationale à Bourem, dans la région de Gao. Une « localité 100 % musulmane », précise-t-elle. Son succès électoral semble lui avoir donné des ailes. Aujourd’hui, Haïdara Aïchata Cissé, 54 ans, a décidé de se présenter au scrutin présidentiel prévu le 28 juillet au Mali.
Dans le Palais de la culture Amadou Hampâté Bâ de Bamako, rempli de ses partisans, issus pour la plupart du monde associatif, celle que les Maliens appellent affectueusement « Chato » – un diminutif de Aïchata -, a été « officiellement » investie candidate, le 15 juin. Joint au téléphone par Jeune Afrique, elle affirme que c’est par « conviction » qu’elle brigue la magistrature suprême de son pays. « Il reste encore beaucoup de choses à faire pour mon pays. C’est pourquoi je me suis engagée pour essayer d’aider le Mali à sortir de la crise dans laquelle il se trouve plongé depuis quelques temps », explique-t-elle.
Syndicaliste emblématique dans le domaine de transport aérien – elle a été secrétaire générale du syndicat des travailleurs d’Air Afrique au Mali, entre 1983 et 1997, notamment -, Haïdara Aïchata Cissé se bat depuis le début des années 2000 contre la disparition d’Air Afrique.
"Chato" la rebelle
En 2010, Haïdara Aïchata Cissé rejoint le Parti pour le développement économique et la solidarité (PDES), formation politique regroupant les proches du président déchu Amadou Toumani Touré. Tout se passe bien jusqu’au moment de choisir le candidat du parti pour la présidentielle du 28 juillet. Quatre candidats se bousculent au portillon dont Haïdara Aïchata Cissé. Au final, le choix est porté mi-mai sur Ahmed Diané Séméga, le président de la formation.
Mais « Chato » refuse d’abdiquer. Elle décide de se présenter en « indépendante » comme aux législatives de 2007. « Ce sont les jeunes et les associations féminines qui ont appelé à ma candidature », tente-t-elle de justifier, soulignant qu’elle a toujours le soutien de son parti au niveau de « la base ».
Les Maliens ont envie de voir d’autres têtes, d’autres engagements.
Face aux grands noms de l’échiquier politique malien, comme Ibrahim Boubacar Keïta du Rassemblement pour le Mali (RPM), Soumaïla Cissé de l’Union pour la République et la démocratie (URD) et Modibo Sidibé soutenu par les Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence (Fare), Haïdara Aïchata Cissé a bien peu de chances de l’emporter. Mais « Chato » pense qu’elle peut créer la « surprise ». Car, affirme-t-elle, « les Maliens ont envie de voir d’autres têtes, d’autres engagements. »
Est-elle, comme certains la dénigrent, candidate seulement parce qu’elle est femme ? Une originalité en effet très utile pour faire entendre sa voix au-delà des frontières du pays… Non, estime-t-elle. C’est certes "un atout considérable", mais elle rappelle qu’elle a, comme ses opposants, un programme ambitieux pour le Mali.
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Trésor Kibangula
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