Maroc : Essaouira, plus qu’un festival !
Le Festival Gnaoua Musiques du monde se tient pour la 16e année consécutive à Essaouira, du 20 au 23 juin 2013. Parmi les prestigieux invités venus à la rencontre de « maalem » (maîtres) traditionnels : Nneka, Oum, Omar Sosa…
Mis à jour le 21 juin à 10H11
Depuis 16 ans, le festival Gnaoua et musiques du monde d’Essaouira réédite un petit miracle. Dans cette ville au passé glorieux, quelque peu délaissée au vingtième siècle, la création de ce festival en 1998 est, de l’avis général, une renaissance. Ce jeudi 20 juin démarre la seizième édition, qui se prolongera jusqu’au 23 de ce mois.
Avec les beaux jours, c’est la promesse rééditée d’un festival unique, creuset d’une musique traditionnelle revalorisée. Descendants d’esclaves, eux-mêmes intégrés progressivement dans la population autochtone berbère, les Gnaoua ont fait bien du chemin. Jusque-là, ces mystiques constitués en confrérie étaient marginalisés de fait, souvent assimilés à des troubadours, ce qui veut dire des mendiants. Désormais, ils accueillent à domicile musiciens, mélomanes et visiteurs du monde entier.
Fusion
Que de changement. En quinze ans, le festival souiri a remis toute une culture au centre d’un véritable réseau culturel. Le choix déterminant semble avoir été celui de la fusion, une expérimentation basée sur des rencontres artistique entre troupes traditionnelles dirigées par un maalem (maître) et musiciens rock, jazz, funk ou reaggae.
La gratuité assure la popularité du festival, avec ses grandes scènes ouvertes à un public éclectique.
De ces métissages jaillissent parfois de belles étincelles. D’autant que les maalem se sont rajeunis, et que la transmission du patrimoine musical semble assurée. L’autre option importante, qui détermine encore l’économie naissante du spectacle au Maroc, est la gratuité. C’est elle qui assure la popularité du festival, avec ses grandes scènes ouvertes à un public éclectique.
Troisième élement qui contribue à faire de Gnaoua un festival à nul autre pareil, c’est la ville elle-même. Cité gardée par des remparts ocre, la médina d’Essaouira est aujourd’hui encore préservée. Inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, l’ancienne Mogador n’est pas devenue cosmopolite en un jour. Phéniciens et portugais y ont laissé leur empreinte. Son climat doux, malgré le vent, ses ruelles, son mode de vie, sa lenteur lui ont valu la réputation de Mecque des hippies pendant les années 1970.
Woodstock
Accueillante, calme, ouverte sur l’Océan et sur le monde, la ville était d’abord connue des véliplanchistes, avant d’être qualifiée de Woodstock marocain. Surtout, Essaouira témoigne encore de l’histoire juive du royaume, cette convivance célébrée ici par l’un des parrains du festival André Azoulay, conseiller du roi Mohammed VI après avoir été celui de Hassan II.
Cette année, le festival accueillera notamment la Germano-Nigériane Nneka, la Zimbabwéene Eska, le Cubain Omar Sosa. Côté marocain, la nouvelle scène sera de la partie avec la chanteuse Oum, le "chaâbi groove" Mazagan et le punk déjanté de Haoussa. Tout ce beau monde est invité à chanter, jouer, flâner et partager l’expérience des grands maalem, dont les fameux Abdelkbir Merchane, Abdeslam Alikane, Hamid El Kasri, Hassan Boussou. Bon vent.
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