Libye : Amnesty International tire la sonnette d’alarme

Amnesty International publie un rapport jeudi 20 juin où elle dénonce les conditions de prise en charge des immigrants ainsi que des réfugiés et demandeurs d’asile en Libye. L’ONG demande aussi à l’Union européenne de cesser ses aides tant que les droits de l’homme n’y seront pas respectés.

Amnesty International a recensé 5 000 réfugiés détenus dans 17 centres de détention. © AFP

Amnesty International a recensé 5 000 réfugiés détenus dans 17 centres de détention. © AFP

Publié le 20 juin 2013 Lecture : 0 minute.

Les autorités libyennes doivent mettre fin à la « détention indéfinie » de milliers d’immigrants, y compris des réfugiés et des demandeurs d’asile, dont certains sont soumis à la torture, estime Amnesty International dans un rapport publié jeudi 20 juin.

L’ONG dénonce « le traitement inacceptable de milliers de ressortissants étrangers, la plupart originaires d’Afrique sub-saharienne, qui font l’objet d’arrestations arbitraires et sont détenus pendant de longues périodes dans des conditions déplorables. » L’ONG affirme avoir visité sept « centres de rétention » – comme les appellent les autorités libyennes – et fait état de « preuves de mauvais traitements, assimilables à la torture pour certains cas. »

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5 000 réfugiés dans 17 centres de détention

Au moment des visites, Amnesty International a recensé un total de 5 000 réfugiés, demandeurs d’asile et migrants détenus dans 17 « centres de rétention » dépendant du ministère de l’Intérieur, « en plus d’un nombre inconnu de personnes détenues par les milices ».

« Plusieurs détenus, y compris des femmes, ont été frappés brutalement à l’aide de tuyaux d’eau ou de câbles électriques », ajoute-t-elle en certifiant avoir recueilli par ailleurs des témoignages de détenus blessés par balles lors d’émeutes. « Les autorités libyennes doivent revoir leur législation en fixant un délai maximal de détention des migrants en attente d’expulsion », a indiqué Mme Hadj Sahraoui. « La torture et les mauvais traitements que nous avons découverts dans les "centres de rétention" sont inacceptables », dénonce Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord de l’ONG.

Pays de transit et de destination

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L’organisation internationale de défense des droits de l’homme, basée à Londres, déplore dans le même temps que l’Union européenne aide le gouvernement libyen à « renforcer la sécurité des frontières […] afin de freiner "l’immigration clandestine" vers l’Europe, aux dépens des droits de l’homme. » Elle a jugé « profondément troublant de constater que les fonds de l’UE semblent avoir été utilisés pour financer des centres de détention où des milliers de ressortissants étrangers sont illégalement détenus. » L’ONG exhorte l’UE à ne plus conclure de nouveaux accords avec la Libye dans ce domaine, jusqu’à ce qu’elle « démontre son respect des droits des réfugiés, demandeurs d’asile et migrants. »

L’organisation a regretté aussi des « normes d’hygiène extrêmement précaires », exposant les détenus aux risques de maladies, y compris les infections des voies respiratoires et la diarrhée chronique.

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Considérés comme une « menace pour la sécurité nationale », des milliers d’immigrants ont été maintenus en détention durant des mois avant leur expulsion, sans avoir accès à un avocat. Selon l’organisation, depuis mai 2012, les autorités libyennes ont expulsé 25 000 personnes entrées « illégalement » en Libye, un pays de transit et de destination pour des dizaines de milliers d’immigrants africains souhaitant se rendre en Europe.

(Avec AFP)
 

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