Les familles des moines de Tibéhirine dénoncent l’inaction d’Alger
Dans un courrier adressé au président Français, François Hollande, les proches des sept moines de Tibéhirine tués en 1996 déplorent « qu’aucune action sérieuse n’a été entreprise [par le pouvoir algérien] pour faire la lumière sur ces assassinats ».
Les familles des moines de Tibéhirine, enlevés dans le monastère dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 et dont seules les têtes avaient été retrouvées deux mois plus tard, s’impatientent. Dans une lettre adressée au président Français, François Hollande, et révélée, mercredi 19 juin par le Figaro, ces proches jugent « indispensable, pour continuer à progresser dans la recherche de la vérité, d’accomplir divers actes en Algérie et demandent au président d’intervenir à nouveau afin de lever les entraves apportées à la poursuite de l’instruction du juge français Marc Trévidic ».
Dans ce courrier rédigé par leur avocat et conseil Patrick Baudouin, les familles déplorent « qu’aucune action sérieuse n’a été entreprise, du côté algérien, pour faire la lumière sur ces assassinats […] Plus le temps passe, plus les chances s’amenuisent de pouvoir obtenir un résultat ».
« Il n’est pas acceptable que perdure la résistance des autorités algériennes à une collaboration réelle et positive avec la justice française », regrette l’avocat des familles qui dénonce le climat d’opacité maintenu par Alger. Me Baudouin avait déjà écrit à François Hollande en décembre, juste avant une visite d’État du président en Algérie.
Autopsie
Les proches des sept moines réclament que puissent avoir lieu certaines auditions et une autopsie des têtes des moines comme le souhaite Marc Trévidic, qui a demandé en décembre 2011 aux autorités algériennes à se rendre sur place.
Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement français a rapidement réagi. « Toute coopération sera bienvenue sur ce sujet pour enfin faire la vérité. C’est une affaire que le président (Hollande) connaît et suit régulièrement », a-t-elle déclaré à l’issue du Conseil des ministres.
« Nous voulons que toute la vérité soit faite avec, si besoin, un certain nombre de coopérations qui doivent s’établir entre l’enquête menée par la justice française et puis celle de la justice algérienne, qui travaille évidemment en toute indépendance », a poursuivi Najat Vallaud-Belkacem.
Les têtes des moines avaient été retrouvées le 30 mai au bord d’une route de montagne, mais les corps des religieux ne l’ont jamais été, soulevant l’hypothèse que cette absence de dépouille ait été destinée à masquer les causes de leur mort. Après avoir suivi la thèse islamiste, l’enquête judiciaire s’est réorientée depuis 2009 vers une bavure de l’armée algérienne, en raison notamment du témoignage d’un ancien attaché de défense à l’ambassade de France à Alger.
(Avec AFP)
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