Afghanistan : ouverture d’un bureau taliban au Qatar
Alors que les négociations entre le pouvoir d’Hamid Karzaï et les talibans sont bloquées depuis des années, les rebelles ont inauguré, mardi 18 juin, un bureau de représentation au Qatar. Peut-être une ouverture vers des pourparlers.
« Le bureau va ouvrir aujourd’hui au Qatar », a déclaré, mardi 18 juin, à l’AFP, Zabiullah Mujahid, porte-parole des rebelles en guerre depuis près de douze ans contre le gouvernement de Kaboul et ses alliés de l’Otan.
Dans un communiqué envoyé par email à l’AFP, les rebelles afghans expliquent que ce bureau de représentation les aidera notamment à bâtir des relations avec le reste du monde et d’autres groupes afghans, de contacter les Nations unies et d’autres agences internationales, ainsi que de publier des informations pour les médias.
Face à l’enlisement du conflit, un nombre croissant de responsables afghans et occidentaux ont plaidé ces dernières années pour l’ouverture de négociations de paix, notamment pour éviter une future guerre civile après le retrait de la majorité des soldats de l’Otan à la fin 2014. Mais malgré quelques contacts préliminaires, notamment entre talibans et Occidentaux, aucun processus n’avait pu être enclenché depuis.
"Solution politique et pacifique"
Les talibans ont jusqu’ici toujours refusé de participer à de telles négociations tant qu’il resterait des soldats étrangers, qu’ils considèrent comme des « envahisseurs ». En janvier 2012, ils avaient fait un premier pas dans cette direction en se disant prêts à avoir un bureau politique hors d’Afghanistan pour faciliter des négociations de paix. Doha, capitale du Qatar, s’est rapidement imposée comme la solution la plus pratique pour l’accueillir.
« L’Émirat islamique d’Afghanistan (le commandement taliban, ndlr) ne veut pas que l’Afghanistan serve à échafauder des menaces pour d’autres pays, et ne permettra pas plus à quiconque de menacer d’autres pays à partir du territoire afghan », soulignent les rebelles.
« Nous soutenons le principe d’une solution politique et pacifique qui puisse mettre fin à l’occupation de l’Afghanistan et garantir au pays un régime islamique et la sécurité », ajoutent-ils dans ce communiqué qui ne fait référence à aucune discussion de paix entre les talibans et le gouvernement afghan et qui remercie l’émir du Qatar de leur permettre d’ouvrir ce bureau.
Un peu plus tôt dans la journée, le président afghan Hamid Karzaï avait annoncé qu’il allait envoyer des émissaires au Qatar pour discuter avec les talibans et tenter de mettre fin à près de douze ans de guerre dans le pays.
Conditions
Hamid Karzaï tente en vain depuis plusieurs années d’ouvrir des discussions de paix avec les rebelles, et a pour cela créé une instance gouvernementale spécifique, le Haut conseil pour la paix (HCP). Mais les rebelles, qui ont gagné du terrain ces dernières années en Afghanistan, ont jusqu’ici refusé de discuter avec son gouvernement, qu’ils considèrent comme une « marionnette des États-Unis ».
Le président afghan s’était au départ lui aussi opposé à l’ouverture d’un bureau de représentation taliban hors d’Afghanistan, craignant notamment que son gouvernement ne soit exclu d’éventuelles discussions directes entre Américains et talibans. « Nous espérons que l’ouverture de ce bureau, immédiate ou future, permettra d’entamer dès que possible des discussions entre le HCP et les talibans », a ajouté Hamid Karzaï, rappelant toutefois que toute discussion de paix devrait ensuite se poursuivre sur le sol afghan.
Des contacts préliminaires en vue de discussions de paix ont eu lieu ces deux dernières années entre des émissaires de Washington, qui dirige la force de l’Otan dans le pays, et des représentants talibans. Mais ils avaient tourné court faute d’accord entre les deux parties. Les talibans réclamaient notamment avant toute discussion la libération de cinq de leurs cadres emprisonnés à Guantanamo, ce que Washington a refusé.
Les Américains, qui prévoient de laisser des soldats dans le pays après 2014, posent de leur côté comme préalable à toute discussion l’acceptation par les talibans de la Constitution afghane et la rupture de leurs liens avec Al-Qaïda.
(Avec AFP)
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