Tunisie – procès Weld el 15 : deux rappeurs et une journaliste inculpés pour avoir protesté
Deux rappeurs tunisiens et la journaliste franco-tunisienne Hind Meddeb ont été inculpés, le 17 juin, pour leur rôle dans des heurts avec des policiers après la condamnation d’un autre rappeur, Weld el 15, à deux ans de prison, a indiqué leur avocat. Mais la journaliste a réussi à s’enfuir en France avant son procès prévu le 7 octobre.
Capture d’écran du clip de Weld el 15. © AFP
La condamnation à deux ans de prison à l’encontre du rappeur tunisien Weld el 15, pour avoir réalisé une chanson jugée offensante pour la police, continue à faire des vagues. Deux autres rappeurs, Aymen Feki dit Men-Ay et Moustapha Fakhfakh dit Mr Moustapha, ainsi que la journaliste franco-tunisienne Meddeb, qui avaient protesté contre ce verdict, ont été inculpés, le 17 juin, pour « outrage à un fonctionnaire public dans l’exercice de ses fonctions et atteinte aux bonnes mœurs, des délits passibles respectivement d’un an et de six mois de prison ferme », a déclaré leur avocat, Ghazi Mrabet.
Le juge d’instruction n’a pas ordonné leur placement en détention provisoire et la date du procès a été fixée au 7 octobre 2013. Par ailleurs, aucune accusation n’a été retenue contre quatre autres rappeurs convoqués dans la même affaire.
« C’est une relativement bonne nouvelle », a reconnu à l’AFP Ghazi Mrabet, après l’audition au tribunal de Ben Arous, dans la banlieue de Tunis.
"Je n’ai plus confiance dans la Tunisie d’aujourd’hui"
Pas suffisant pour rassurer Hind Meddeb. La journaliste franco-tunisienne a annoncé lundi matin sur le réseau social avoir décidé de quitter le pays et de ne pas répondre à la convocation de la justice, contrairement aux rappeurs inculpés avec elle. « J’ai quitté mon pays, car je n’ai plus confiance dans la Tunisie d’aujourd’hui où pour une chanson, on condamne un rappeur à deux ans de prison ferme », écrit-elle sur Facebook.
Étant donné les vices de procédure et l’absence d’information sur les chefs d’inculpation qui étaient retenus contre moi (…), j’ai décidé de ne pas me présenter à l’audience du 17 juin et de continuer à partir de Paris ma lutte pour les libertés, toutes les libertés, de la liberté d’expression à la liberté de conscience », explique-t-elle.
Affirmant avoir peur pour son intégrité physique, Hind Meddeb a quitté la Tunisie dimanche soir.
(Avec AFP)
