Iran : le candidat modéré Hassan Rohani remporte la présidentielle
Le religieux modéré Hassan Rohani a créé la surprise, le 15 juin, en remportant dès le premier tour la présidentielle iranienne avec 50,68% des voix. Une victoire qui marque le retour des modérés et réformateurs au gouvernement après une longue traversée du désert.
Mis à jour le 16 juin à 10 heures 30.
L’Iran a un nouveau président. Le candidat modéré Hassan Rohani a remporté, le 15 juin, le scrutin présidentiel dès le premier tour avec 50,68% des voix. Il succède à Mahmoud Ahmadinejad dont la réélection contestée en 2009 avait donné lieu à des manifestations de masse violemment réprimées.
Le candidat religieux modéré a "obtenu 18,6 millions de voix sur un total de 36,7 millions de votes exprimés", a déclaré le ministre de l’Intérieur Mostafa Mohammad Najar à la télévision d’État. Il a ajouté que "la participation avait atteint 72,7%", sur les 50,5 millions d’électeurs appelés aux urnes, contre 85% en 2009.
Le vainqueur a été félicité par les autres candidats et Mahmoud Ahmadinejad, de même que par le Guide suprême qui a affirmé que "tout le monde devait aider le nouveau président et son gouvernement".
"Victoire de la modération"
Hassan Rohani a promis durant la campagne plus de souplesse dans le dialogue avec l’Occident, mais sa victoire ne marquera toutefois pas une rupture dans la politique de la République islamique, les dossiers stratégiques comme le nucléaire ou les relations internationales étant sous l’autorité directe du Guide suprême Ali Khamenei. Même s’il avait aussi évoqué de possibles discussions directes avec les Etats-Unis, ennemi historique de l’Iran.
Samedi soir, dans un message lu à la télévision d’État, le nouveau président a salué "la victoire de la modération sur l’extrémisme", mais insisté pour que la communauté internationale "reconnaisse les droits" de l’Iran en matière nucléaire.
Après une campagne atone, Rohani, proche de l’ex-président Akbar Hachemi Rafsandjani (modéré), a bénéficié du désistement de l’autre candidat réformateur Mohammad Reza Aref et de l’appui mardi du chef des réformateurs, l’ex-président Mohammad Khatami. Il a aussi profité de la division du camp conservateur, qui présentait cinq candidats. Il devance d’ailleurs largement les trois principaux candidats conservateurs : le maire de Téhéran Mohammad Bagher Ghalibaf (16,5%), l’actuel chef des négociateurs nucléaires Saïd Jalili (11,35%) et l’ex-chef des Gardiens de la révolution, l’armée d’élite du régime, Mohsen Rezaï (10,58%). Sa victoire permet aux modérés et réformateurs, soumis depuis plusieurs années à des pressions sans précédent, de ressusciter sur la scène politique, estiment les observateurs.
Hassan Rohani avait dirigé le dialogue avec l’Occident entre 2003 et 2005 sous la présidence Khatami et accepté notamment la suspension de l’enrichissement d’uranium par l’Iran.
Les réactions
Peu après l’annonce des résultats, les États-Unis ont annoncé qu’ils étaient "prêts à collaborer directement" avec Téhéran sur la question du programme nucléaire.
Londres a appelé pour sa part le nouveau président "à mettre l’Iran sur un nouveau chemin", tandis que la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, s’est dite "déterminée à travailler avec les nouveaux dirigeants iraniens en vue d’une solution diplomatique rapide à la question nucléaire".
Israël a de son côté minimisé le rôle du président iranien, soulignant que c’était le Guide suprême qui décidait de la politique nucléaire.
Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a "chaleureusement" félicité le nouveau président et indiqué qu’il "continuera d’encourager l’Iran à jouer un rôle constructif dans les affaires régionales et internationales".
L’opposition syrienne a, elle, appelé Hassan Rohani à revoir la position de son pays, fidèle allié du régime de Bachar al-Assad.
Concerts de klaxons
Immédiatement après l’annonce des résultats officiels, plusieurs milliers d’Iraniens sont descendus à pied ou en voiture dans les rues de Téhéran pour "fêter" la victoire.
Dans le centre de la capitale, un millier de personnes arpentaient samedi soir l’avenue Vali Asr, portant des portraits du nouveau président mais aussi ceux de MM. Khatami et Rafsandjani, a constaté l’AFP.
Un peu partout dans Téhéran, des automobilistes circulaient en klaxonnant, ont rapporté des témoins.
(Avec AFP)
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