Succession de Bouteflika : malgré des fraudes, Ali Benflis en tête du sondage de Jeune Afrique

Le sondage réalisé en ligne entre le 3 et le 12 juin au sujet de la succession de Bouteflika a été victime de son succès. Mais malgré des fraudes massives enregistrées en faveur de l’islamiste Aberrazak Mokri, c’est bien l’ancien Premier ministre Ali Benflis que nos internautes ont plébiscité.

Abdelaziz Bouteflika et Ali Benflis. © AFP/DR/Montage J.A.

Abdelaziz Bouteflika et Ali Benflis. © AFP/DR/Montage J.A.

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Publié le 14 juin 2013 Lecture : 2 minutes.

Le sondage mis en ligne par Jeune Afrique entre le 3 juin et le 12 juin a suscité un engouement aussi important qu’inattendu en Algérie. Selon nos informations, il a même été suivi attentivement par les hommes du sérail et les services de renseignement tant il offre une idée, certes imprécise, de la popularité des candidats susceptibles de succéder à Abdelaziz Bouteflika lors de la prochaine présidentielle.

Ce sondage n’est évidemment pas « scientifique », mais il offre tout de même une radioscopie saisissante des sujets majeurs (corruption, chômage, sécurité, logement) qui préoccupent les Algériens et qui seront sans nul doute au cœur de la future campagne.

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À la première question : « Qui souhaiteriez-vous voir accéder à la présidence après Abdelaziz Bouteflika », dont le mandat s’achève en 2014, l’ancien chef du gouvernement, Ali Benflis, est arrivé en tête avec 37 % des votes, suivi de l’islamiste Abderrazak Mokri (35 %), puis d’Ahmed Benbitour (13 %). L’actuel Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et le ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, ont obtenu chacun un score arrondi à 0%, avec respectivement 1 304 voix et 390 votants en leur faveur.

Problèmes d’interprétation

À la question : « Pensez-vous qu’une victoire d’un candidat islamiste soit possible ? », 56 % des votants (soit 174 652) ont répondu « non », contre 41 % « oui » (129 926). Officiellement, le nombre de votes a atteint 314 297. Mais alors que vendredi 7 juin, il n’était « que » de 12 000, il a bondi d’une façon spectaculaire, lundi 10 juin, pour atteindre 150 000. À la clôture du vote, il avait encore progressé de 164 297. Des chiffres qui posent des problèmes d’interprétation.

L’utilisation de robots explique l’explosion du nombre de votes, notamment la nuit, en raison du décalage horaire avec les États-Unis.

Car en réalité, les résultats ont été faussés par une opération de fraude massive au profit d’Aberrazak Mokri, président du MSP (Mouvement de la société pour la Paix) depuis mai 2013. Après analyses techniques, nous avons découvert que quatre adresses IP (Internet Protocol) ont voté chacune entre 30 000 et 60 000 fois pour un total de 190 333, au profit de Mokri. Ces adresses IP correspondent vraisemblablement à des robots basés aux États-Unis, d’après la géolocalisation des adresses, plus précisément près de San José (30 763) en Californie, près de Tampa (42 348) en Floride, près de Détroit (61 305) dans le Michigan et à Houston (55 917) au Texas. Cela explique l’explosion du nombre de votes, notamment la nuit, en raison du décalage horaire avec les États-Unis.

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En excluant les votes venant des adresses IP frauduleuses, le nombre de votants ainsi que les pourcentages sont radicalement différents, mais toujours en faveur de Benflis. Selon les chiffres corrigés, ce dernier arrive en tête avec 87 % des suffrages et 107 416 voix, suivi d’Ahmed Benbitour avec 2 % de voix et 1 990 votants, alors que Mokri arrive en troisième position avec 1 % et 1 488 voix.

Enfin, le dopage des voix a également concerné la question « pensez-vous qu’une victoire d’un candidat islamiste soit possible ? » En retranchant les votes frauduleux, le résultat est lui aussi bien différent : 87 % des votants (108 316 voix) ont répondu « non » contre 5 % (5 929) « oui ».

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