Tunisie : devant les juges, les Femen défendent leur action seins nus

Trois militantes européennes du groupe Femen ont revendiqué leur action au cours de leur procès mercredi 12 juin à Tunis. Deux semaines après avoir été arrêtées lors d’une manifestation seins nus pour laquelle elles risquent six mois de prison ferme. En détention depuis le 29 mai, les trois femmes étaient venues soutenir la Femen tunisienne Amina Sboui.

L’action seins nus des trois Femen, le 29 mai 2013. © Fethi Belaid/AFP

L’action seins nus des trois Femen, le 29 mai 2013. © Fethi Belaid/AFP

Publié le 12 juin 2013 Lecture : 3 minutes.

Peu après 09H30 GMT, le juge a débuté l’audience en interrogeant les accusées -deux Françaises et une Allemande- sur les raisons de leur manifestation seins nus le 29 mai, lors de laquelle elles ont été arrêtées.

« Je suis venue le 28 mai pour faire une manifestation politique et soutenir Amina [Sboui, une militante tunisienne de Femen emprisonnée, ndlr]. On s’est mis d’accord via internet et nous sommes venues de Paris », a expliqué Josephine Markmann, la militante allemande, recouverte, comme le veut l’usage pour les femmes justiciables, d’un sefsari (le voile blanc traditionnel).

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« Dévoiler nos seins n’est pas pour créer une excitation sexuelle mais il s’agit d’une forme de militantisme », a déclaré pour sa part l’une des Françaises, Marguerite Stern, alors que les jeunes femmes risquent six mois de prison pour acte de « débauche ».

Interrogée par le juge sur les intentions de récidive, la militante allemande, dont les propos étaient traduits en arabe par un interprète, a rétorqué: « Je me réjouis de chaque opportunité pour exprimer mes positions politiques. »

Plusieurs avocats d’associations islamiques demandant à se constituer partie civile ont ensuite été autorisés à présenter leurs arguments, dénonçant avec véhémence l’action de Femen dans ce pays musulman dirigé par le parti islamiste Ennahdha. « C’est l’islam qui honore la femme et lui offre sa liberté et non le fait de se dévêtir », a lancé maître Slah Khlifi. Me Monaam Turki a, lui, estimé que l’action pouvait être qualifiée d’une tentative d’atteinte à la sûreté de l’État, « l’article 71 du code pénal prévoyant un an de prison. » Un autre avocat a cité un proverbe arabe : « Une femme libre préfère être affamée que de manger grâce à ses seins. »

Issue incertaine

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Pour l’instant, l’issue de ce procès reste incertaine. Selon les avocats des Femen, la décision de justice pourrait être reportée si le juge reconnaît les associations islamiques comme partie civile. La durée des procès est très variable et imprévisible en Tunisie, certains se prolongeant, de report en report, pendant des mois, et d’autres étant expédiés en une journée. La détention préventive peut légalement durer 14 mois. Une première audience le 5 juin s’était déjà soldée par un report et le maintien en détention des trois femmes.

Les avocats français des militantes ont de leur côté indiqué ne pas avoir fait le déplacement à Tunis mercredi car selon eux, les « droits de la défense n’ont pas été garantis. » Maîtres Patrick Klugman et Yvan Terel ont affirmé à l’AFP, « attendre de manière claire et absolue la libération de [leur] trois clientes. »

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Ils ont aussi souligné que si les militantes n’étaient pas remises en liberté, ils viendraient « immédiatement à Tunis pour amplifier la mobilisation internationale (en faveur des Femen) surtout dans la perspective de la venue de François Hollande » dont une visite à Tunis se préparerait pour début juillet.

La militante Femen tunisienne Amina Sboui, que les Européennes étaient venues défendre, est en détention depuis le 19 mai. Arrêtée pour avoir peint le mot « Femen » sur le muret d’un cimetière, en signe de protestation contre un rassemblement salafiste à Kairouan (centre), elle risque deux ans de prison pour profanation de sépulture et six mois pour atteinte aux bonnes mœurs. Ces peines peuvent être considérablement alourdies si Amina est reconnue coupable d’avoir agi en bande organisée.

Le groupe Femen a par ailleurs organisé des actions seins nus de soutien à leurs militantes devant le Parlement européen à Bruxelles et les ambassades de Tunisie en Suède et en Espagne.

(Avec AFP)
 

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