Togo : le boycott des législatives par l’opposition se précise

Le dialogue de sourds continue au Togo. L’opposition refuse de prendre part aux prochaines législatives, estimant que les conditions minimales de transparence ne sont pas réunies. Pendant ce temps, la commission électorale et le pouvoir avancent dans la préparation du scrutin, prévu pour le 21 juillet prochain.

Manifestation de l’opposition à Lomé en septembre 2012. © AFP

Manifestation de l’opposition à Lomé en septembre 2012. © AFP

Fiacre Vidjingninou

Publié le 11 juin 2013 Lecture : 2 minutes.

« C’est un jeu d’aveugle et de sourd ! Il ne peut pas y avoir d’élection dans ces conditions qui ne garantissent aucunement la transparence du scrutin ! Ce n’est pas possible, c’est une parodie, c’est la provocation de trop et nous n’allons pas nous laisser faire », prévient Jean-Pierre Fabre, leader de l’Alliance nationale pour le changement (ANC, opposition), joint par Jeune Afrique.

>> À lire : Togo : l’opposant Jean-Pierre Fabre inculpé dans l’affaire des incendies de Kara et Lomé

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Le collectif « Sauvons le Togo » (CST) et la coalition « Arc-en-ciel », qui rassemblent des partis d’opposition et des membres de la société civile, ont ainsi décidé qu’ils ne présenteraient pas de listes aux élections législatives, jugeant insatisfaisantes les conditions du scrutin.

Le CST a manifesté plusieurs fois ces derniers mois, à Lomé, pour réclamer des réformes avant la tenue du scrutin, demandant en plus de la recomposition de la Ceni, l’adoption d’un nouveau code électoral et la limitation du nombre de mandats présidentiels, non prévue par la Constitution.

« Comment voulez-vous que nous allions à des élections alors que des militants de l’opposition sont en prison dans le cadre de l’affaire des incendies des marchés de Lomé et de Kara. Cette Ceni, pompeusement baptisée indépendante, n’est que le prolongement du gouvernement, elle ne peut en aucun cas assurer des élections indépendantes et transparentes. Il faut donc impérativement en revoir la composition », explique Agbéyomé Kodjo, président de l’Organisation pour bâtir dans l’union un Togo solidaire (Obuts, opposition).

"Continuer le dialogue"

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Au total, 35 personnes – pour la plupart des militants de l’opposition – ont été inculpées dans l’affaire des incendies, et 23 d’entre elles ont été placées en détention préventive. Mais pour Jean Claude Homawoo, vice-président de la Ceni et membre de l’Union des forces du changement (UFC, mouvance présidentielle) il n’est pas question de faire marche arrière : « Nous continuons le travail conformément au code électoral. Le processus, cette fois-ci, est véritablement lancé ».

Le dépôt des dossiers de candidature a en effet commencé le 3 juin et se poursuit. « Il faut choisir entre aller faire des démonstrations de forces dans les rues et aller convaincre les militants. Pour nous, il faut aller aux élections pour continuer à assurer la vie de nos institutions. Les élections ont déjà été reportées à plusieurs reprises, maintenant il faut il y aller et bien sûr continuer le dialogue, l’un n’empêchant pas l’autre », indique Georges Aidam, vice-président de l’Union pour la république (Unir, au pouvoir).

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Malgré les discussions exigées par l’opposition, le gouvernement togolais a convoqué par décret, le 7 juin, le corps électoral pour le scrutin législatif, le 21 juillet prochain. Le gouvernement a nénmoins fait une petite concession. « Dans un souci d’apaisement et pour permettre à tous ceux qui veulent se présenter à ces élections de le faire, le gouvernement a décidé de repousser la date limite du dépôt des dossier de candidature du 10 au 16 juin prochain », a déclaré Gilbert Bawara, le ministre de l’Administration territoriale. Pas sûr que cela contente l’opposition.

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